Malgré l’échec de la trêve entre le régime syrien et les rebelles orchestrée par Lakhdar Brahimi, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe entend continuer sa mission, selon des diplomates, et se rendre cette semaine en Chine et en Russie pour discuter de la situation. Dans ces deux pays, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères tentera une nouvelle fois de convaincre les dirigeants de relâcher leur entrave à une action du Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Brahimi doit en outre revenir en novembre devant le Conseil de sécurité avec de nouvelles propositions pour amener le président Bachar el-Assad et l’opposition syrienne à la table des négociations, ont affirmé des diplomates onusiens de haut rang. Pour l’un d’eux, « le processus politique ne débutera pas avant qu’Assad et l’opposition se soient tellement battus qu’ils n’aient plus d’autre choix. Ils n’en sont pas encore là, mais Brahimi à quelques idées ».
Sitôt mise en œuvre vendredi à l’occasion de la fête musulmane d’al-Adha, la trêve a volé en éclats, gouvernement et opposition s’en rejetant la responsabilité. Les rebelles ont également critiqué M. Brahimi, comme ils l’avaient fait pour son prédécesseur Kofi Annan, lorsqu’en avril, un autre projet de trêve initiée par ce dernier a volé en éclats au bout de quelques heures. « Brahimi n’a jamais prétendu que le cessez-le-feu avait une grande chance de succès », rappelle Richard Gowan, de la New York University, selon qui « les diplomates à l’ONU ne lui tiendront pas rigueur de cet échec. Les Syriens seront peut-être moins indulgents, mais ils ont certainement déjà perdu leurs espoirs dans l’ONU ». Peu d’informations ont filtré sur la méthode que Lakhdar Brahimi entend employer. Mais dans les coulisses, l’ONU met au point des plans pour mettre rapidement en œuvre une force de maintien de la paix ou d’observation si une trêve est décidée. Elle dispose également d’équipes et de matériel humanitaire prêts à être envoyés dans les villes d’Alep, d’Idlib et de Homs.
La mission de l’émissaire est ardue. « Il doit persuader les États-clés du Moyen-Orient de ne pas fournir d’armes aux rebelles », toujours selon le diplomate onusien. « Mais s’il doit y avoir une action du Conseil de sécurité, il doit y avoir un accord de la Russie et de la Chine », qui ont déjà fait obstacle à trois résolutions, a-t-il rappelé. « Si elles s’opposent à toute action, alors bien sûr la Turquie, l’Arabie saoudite et les pays occidentaux renforceront leur aide à l’opposition ».
Pour Richard Gowan, « il y a fort à parier que les États-Unis renforcent leur soutien aux rebelles après l’élection présidentielle, quel que soit le vainqueur. Brahimi devra peut-être attendre cela pour en tirer partie ».
Les Occidentaux estiment que la Russie a fait pression sur Assad pour accepter la trêve mort-née, mais ne voient pas le président Vladimir Poutine abandonner le président syrien. Le régime de Damas n’a aucun intérêt à mettre fin aux combats, estime pour sa part Mouaz Moustafa, directeur de l’ONG syro-américaine SETF. « Un cessez-le-feu qui autoriserait les gens à manifester sonnerait le glas du régime », explique-t-il.
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10 h 12, le 30 octobre 2012