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Nos Lecteurs ont la Parole

Achrafieh, ya albé !

Par Émile ISSA
Il est de ces jours où il fait bon ne pas être à l’heure.
En effet, c’est un trait propre de chez nous Levantins que d’arriver un peu plus tôt ou un peu plus tard à un rendez-vous.
Cette manie que l’on tourne souvent en dérision peut parfois sauver des vies.
Aujourd’hui, combien d’entre nous doivent leur vie à cette manie ?
Mais est-ce donc cela notre destin que de jouer constamment avec la mort à cache-cache ?
Malheureusement, le crime ne dort pas. Le crime est ponctuel, froid et méthodique.
Combien sont-ils celles et ceux qui n’ont pas eu cette chance en ce jour funeste ?
Qui pleurent aujourd’hui leurs innocents disparus.
Des familles sont à la rue, des immeubles dévastés, l’État fera-t-il son devoir et les prendra-t-il sous son aile ?
Que faire demain et quelles solutions d’urgence apporter à la dimension sociale de cette catastrophe ?
Achrafieh, brûle, oui... Mais ne se consumera pas.
Parce qu’Achrafieh et le Liban entier en ont vu d’autres.
Que notre génération est née dans la guerre, et n’a pas connu la paix. Parce que notre naissance même il y a vingt ans en pleine guerre était un cri de vie de nos parents, résistants face au désespoir et à l’oppression.
Aujourd’hui, je n’arrête pas de penser à toutes les victimes de ce sauvage attentat, habitants d’Achrafieh en particulier et du Liban, nos figures bonshommes et aimables qui faisaient et continueront à faire son charme : nos personnes âgées accoutumées des rares bancs publics disponibles, nos chauffeurs de taxi adossés aux arbres, les yeux rêveurs, scrutant les lumières encore à l’horizon, les kiosques des vendeurs de journaux sentant fort le café du matin, les commerçants pressés une mankouché à la main, les pâtissiers, restaurateurs, employés qui font le charme et la fierté de ce quartier.
Et surtout nos écoliers, citoyens de demain.
Tous innocents.
De ton quartier, de mon quartier, de notre quartier, de notre pays.
Mais aussi les jeunes étudiants, entrepreneurs qui ont tous laissé pour rentrer au pays, par conviction et amour de notre culture.
Mais aussi parce que nous ne sommes plus aussi les bienvenus ailleurs et que le monde entier est dans une crise sans pareille.
Par espoir de construire un avenir meilleur et qui y ont mis toutes leurs économies, c’est-à-dire : leur vie.
À tous ceux qui désespèrent aujourd’hui je dis :
Malgré tout et tous nous avons résisté et nous avons reconstruit. En 1990, le Liban était en ruine. Aujourd’hui en regardant en arrière, le chemin est certes parsemé de violences mais aussi de grands succès et de réalisations.
On est toujours là ! Achrafieh mon amour. On continue.
Capisci ?
Il est de ces jours où il fait bon ne pas être à l’heure.En effet, c’est un trait propre de chez nous Levantins que d’arriver un peu plus tôt ou un peu plus tard à un rendez-vous.Cette manie que l’on tourne souvent en dérision peut parfois sauver des vies. Aujourd’hui, combien d’entre nous doivent leur vie à cette manie ? Mais est-ce donc cela notre destin que de...

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