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Nos Lecteurs ont la Parole

Attention : patrimoine libanais en danger !

Il existe un site historique et archéologique unique au Liban et auprès duquel les gens passent régulièrement sans se rendre compte de son importance ni de sa valeur immense au niveau du patrimoine national et même international.

Ce site, à 15 kilomètres de Beyrouth, a été pourtant classé en 1933 et 1934 sur la liste des monuments historiques et en 2005 sur le Registre de la mémoire du monde.

Vous l’aurez deviné : il s’agit du site archéologique de Nahr el-Kalb comprenant 22 stèles, reliefs et inscriptions commémoratives datant du XIIIe siècle av. J.-C. jusqu’au XXe siècle de notre ère. Ces stèles sont uniques, car elles représentent des témoins épigraphiques et iconographiques intéressants gravés sur les rochers des promontoires surplombant le fleuve de Nahr el-Kalb et s’étalant sur une période de quatre millénaires environ, jalonnant ainsi la riche histoire de notre pays.

À titre de rappel, sachant que le Liban se situe au carrefour de trois continents et qu’il fut un point de rencontre entre diverses civilisations, ce site regroupe des traces d’événements marquants de notre région depuis la préhistoire jusqu’à nos jours. En effet, des outils lithiques et des dents humaines trouvés dans une grotte de ce promontoire et remontant au Paléolithique moyen témoignent de la plus ancienne occupation préhistorique de ce site. Mais cela est juste pour prouver l’ancienneté d’occupation de cet endroit symbolique depuis la nuit des temps (plus de 40 000 ans) et ne concerne pas directement notre sujet…

En revanche, les trois reliefs égyptiens du XIIIe siècle av. J.-C. dont deux de Ramsès II et un troisième supplanté par une inscription de Napoléon III, cinq reliefs de rois assyriens (dont le roi Assarhaddon), une inscription babylonienne (605-562 av. J.-C.), une autre néobabylonienne de Nabuchodonosor, une inscription de l’empereur romain Caracalla (211-217 ap. J.-C.) et bien d’autres inscriptions jusqu’aux plus récentes datant du XXe siècle dont le départ de la puissance mandataire en 1946 et la dernière pour la « libération » du sud du Liban en 2000 sont là pour témoigner de l’histoire mouvementée de notre pays à l’ombre de ses occupations successives par des armées étrangères.

Les intempéries et la pollution des temps modernes et des usines avoisinantes ont tôt fait de défigurer en un siècle ce que des milliers d’années auparavant n’avaient pas fait… Les reliefs des inscriptions se sont, au fil du temps, érodés ou atténués, laissant parfois à découvert des inscriptions illisibles et des gravures méconnaissables… Pourtant, en 2003, un projet de réhabilitation financé par la Fondation nationale du patrimoine a été initié avec des travaux de nettoyage des stèles, un aménagement des sentiers avec installation de panneaux signalétiques et explicatifs… et un plan de gestion a été élaboré par la DGA (Direction générale des antiquités) pour l’entretien du site, mais tout cela reste insuffisant !

Devant l’ampleur des dégâts et l’urgence de mise en exécution de solutions drastiques, il faut absolument tirer la sonnette d’alarme !

Je sais que vu la situation économique du pays, la faillite de l’État, la guerre au sud du pays et l’appauvrissement délibéré d’une grande partie de la population libanaise, l’heure n’est pas vraiment adéquate pour ce genre de dépenses alors que c’est l’humanitaire qui prime, mais je fais appel aux mécènes éclairés qui ont à cœur ce patrimoine national auquel ils sont certainement très attachés et qui est irremplaçable !

Qui que vous soyez, au Liban ou ailleurs, ne laissez pas l’histoire de votre pays disparaître dans l’oubli, alors qu’il est encore temps de sauver ces témoins déjà gravement altérés de notre histoire. En effet, grâce à vous, la DGA pourrait charger des spécialistes de prendre les mesures adéquates afin de protéger correctement et définitivement ces stèles des intempéries et pollutions.

Alors n’attendez pas pour agir ! Faites-le au plus tôt, avant qu’il ne soit trop tard et soyez sûrs que les générations futures ainsi que tous les Libanais un tant soit peu soucieux de leur patrimoine national vous en sauront gré infiniment.

Éliane KONISKI

Étudiante en 3e année d’archéologie à l’UL-Fanar

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Il existe un site historique et archéologique unique au Liban et auprès duquel les gens passent régulièrement sans se rendre compte de son importance ni de sa valeur immense au niveau du patrimoine national et même international.Ce site, à 15 kilomètres de Beyrouth, a été pourtant classé en 1933 et 1934 sur la liste des monuments historiques et en 2005 sur le Registre de la mémoire du...
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