Facebook : le mur des tentations

De Paris et d’ailleurs, c’est sur Facebook que beaucoup de Libanais ont appris qu’un attentat à la voiture piégée avait ensanglanté la place Sassine à Achrafieh, le vendredi 19 octobre. Voilà l’information parvenue à tout un chacun connecté au fameux réseau social. Une image circule, les réactions suivent et ne se ressemblent pas sur le mur des tentations. Des commentaires qui divisent le Liban. Parmi le flot de commentaires, un premier attire mon attention : « Si la tragédie ne nous unit pas, Qu’est-ce qui le ferait ? »
Plus tard, nous connaissons la cible de l’attentat : le général Wissam el-Hassan, directeur de la branche des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI). Sur la toile, on remarque très vite que les avis sont partagés face au choc. Les partisans des deux parties, nous pouvons les citer ; 14 Mars et 8 Mars sont des Sherlock Holmes en puissance. L’explosion est comme une évidence pour eux : « Yalla votez pour Aoun et le Hezbollah, les diables... Ignorants. » Leurs opposants idéologiques n’ont pas attendu pour exprimer leur théorie « Israël et ses collaborateurs n’ont peur de rien ! » ...Est-il normal que le pays soit divisé entre deux mouvements politiques alors que la sécurité du pays vient d’être frappée ? Est-il imaginable d’être partisan avant d’être libanais ? Je vous l’accorde, il est plus facile de se poser ces questions hors des frontières, alors que chaque jour le Liban est un peu plus impliqué dans la crise syrienne. Mais l’interrogation est inéluctable face à cette jeunesse libanaise qui ne fait que reproduire les erreurs de ses aînés, en continuant à suivre donc à cautionner ces mêmes acteurs d’un système politique qui est là depuis... On dira très longtemps. Nabih Berry a-t-il été nommé à vie à la tête du Parlement libanais ? Depuis quand Saad Hariri, en tant qu’individu, a la politique qui coule dans ses veines ? Quels sont leurs projets pour le Liban ?
Pourquoi tous ces jeunes « indignés » ne cherchent t-ils pas à renouveler la classe politique en créant de nouveaux partis politiques ? Des partis laïcs qui défendent un projet politique et non pas une idéologie religieuse ? Sur la toile les partisans s’indignent : « Nous sommes tous du 14 Mars » et « Vous ne tuerez pas le 8 Mars, nous résisterons à vos provocations ». Mais qu’est-ce qu’une indignation sans élan de changement ? Certes l’indignation fait naître l’esprit de résistance mais l’indignation pour l’indignation n’est rien qu’un retranchement dans ses propres convictions. Sur le murs des tentations un dernier commentaire sur la même image ouvre le débat : et maintenant, on va où ?