Brahimi appelle les belligérants syriens à une trêve « unilatérale »

L’émissaire international Lakhdar Brahimi a appelé hier les belligérants en Syrie à proclamer « unilatéralement » un cessez-le feu, à l’issue d’un entretien avec le président Bachar el-Assad à Damas. « J’en appelle à tous pour qu’ils prennent une décision unilatérale d’arrêter les hostilités à l’occasion de l’Aïd el-Adha (célébrée du 26 au 28 octobre) et pour que cette trêve soit respectée à partir d’aujourd’hui (dimanche) ou de demain », a déclaré M. Brahimi à la presse. M. Brahimi a souligné qu’il s’agissait d’une « initiative personnelle, et non d’un plan détaillé de paix. C’est un appel à chaque Syrien ». Il a ensuite indiqué avoir contacté des dirigeants de l’opposition civile en Syrie et en exil, et les groupes armés à l’intérieur du pays, affirmant avoir reçu « un accueil très favorable ». « Nous retournerons en Syrie après l’Aïd et si le calme s’installe réellement pendant cette fête, nous continuerons à travailler » sur un cessez-le-feu durable, a-t-il ajouté, à l’issue d’une rencontre avec M. Assad, sa deuxième avec le président depuis sa prise de fonctions le 1er septembre.
M. Assad a pour sa part affirmé à l’émissaire qu’il était « ouvert à tous les efforts sincères pour une solution politique à la crise, sur la base du refus de toute ingérence étrangère », selon l’agence officielle SANA. Il a en outre estimé que toute initiative politique devait se fonder sur « l’arrêt du terrorisme (...) avec l’engagement de certains pays impliqués, de cesser d’héberger, de soutenir et d’armer les terroristes en Syrie ». Damas qualifie de « terroristes » opposants et rebelles, depuis le début en mars 2011 d’une révolte réprimée par ses troupes, et accuse le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie de leur apporter un soutien militaire.
Le médiateur a ensuite rencontré à Damas les ambassadeurs de Russie et de Chine, deux grands alliés du régime, selon un journaliste de l’AFP.

Bombardements continus
Sur le terrain, la trêve semblait loin. Hier matin, un attentat a visé pour la première fois le quartier chrétien de la vieille ville de Damas, faisant au moins 13 morts et 29 blessés, selon SANA. Un habitant a déclaré qu’une voiture piégée avait explosé en face d’un commissariat, qui a été endommagé par l’explosion. La déflagration a été si puissante que « ma maison située à un kilomètre du lieu de l’explosion a tremblé », a indiqué un autre résident.
Parallèlement, des affrontements entre armée et rébellion faisaient rage dans la banlieue proche de Damas, ainsi qu’à Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un vaste réseau de militants, de témoins et de médecins. Toujours dans la province de Damas, les corps d’une femme et de cinq enfants ont été retirés des décombres dans la localité de Saqba, cible de bombardements ces derniers jours. Le régime a aussi bombardé Harasta, à 10 km au nord-est de la capitale, les vergers de la ville voisine de Douma, la localité de Zamalka, ainsi que les villages de la Ghouta, la campagne entourant Damas. Dans la nuit de samedi à dimanche, d’intenses combats se sont déroulés dans le quartier de Assali à Damas, a ajouté l’ONG.
Et à Alep, une voiture piégée a explosé dans le quartier el-Siriane, faisant des blessés, tandis que plusieurs autres quartiers étaient bombardés.
Au total, hier, au moins 118 personnes ont péri – 52 civils, 24 rebelles et 42 membres des forces du régime – à travers le pays, selon un bilan provisoire de l’OSDH.
Ces violences interviennent au lendemain d’une nouvelle journée sanglante qui a fait 130 morts à travers la Syrie – 44 civils, 44 combattants rebelles, et 42 soldats – selon un décompte de l’ONG. Durant la journée de samedi, l’armée syrienne a bombardé les alentours de Maaret el-Noomane, alors que des combats ont eut lieu sur la route Damas-Alep. En outre, 37 corps ont été retrouvés dans un cimetière de la ville de Deir ez-Zor, certains écartelés et d’autres portant des traces de brûlures. Douze d’entre eux ont été identifiés. Sept autres corps ont été retrouvés dans la province d’Alep et 4 dans celle de Damas.
(Sources : agences
et rédaction)