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À La Une - Révolte

Syrie : Les rebelles respecteront la trêve « si le régime l’applique d’abord »

Damas prêt à étudier le cessez-le-feu de Brahimi ; violents bombardements ; au moins 94 morts hier.

De la détresse, une infinie détresse, chez ces réfugiés syriens à la frontière turque. Vedat Xhymshiti / AFP

Les insurgés syriens ont établi une direction unique chargée de superviser la lutte contre le président Bachar el-Assad, a-t-on appris de sources proches de deux groupes rebelles. L’accord a été conclu dimanche lors d’une réunion en territoire syrien entre plusieurs dizaines de responsables de la rébellion, dont ceux de l’Armée syrienne libre (ASL). Il vise à améliorer la coordination militaire entre les différents groupes armés et à créer une direction unique qui pourrait permettre un meilleur soutien logistique de la part des puissances favorables au renversement du président syrien. « L’accord a été atteint. Ils n’ont plus qu’à le signer maintenant. Nos soutiens étrangers nous disent : “Faites en sorte de vous unir, nous avons besoin d’un interlocuteur clair et crédible pour lui fournir un armement de qualité” », a déclaré une source rebelle, ajoutant que le Qatar et la Turquie étaient les deux principales forces à avoir poussé à un tel accord.
Les opposants syriens, qui disent tous lutter sous la bannière unifiée de l’ASL, combattent en réalité indépendamment les uns des autres sur le terrain.

Figures-clés
La nouvelle direction comprendra plusieurs figures-clés de l’ASL, comme le commandant Riad el-Asaad et le général Moustafa Cheikh, tous deux critiqués parce qu’ils se trouvent en Turquie, le général Mohammad Hadj Ali qui a fait défection récemment et les dirigeants de conseils militaires rebelles provinciaux basés en Syrie, comme Kassem Saadeddine, implanté à Homs. La méfiance et les divergences sur la composition de la direction, les tactiques d’attaque et les sources de financement ont creusé les désaccords entre les brigades rebelles, largement autonomes et éparpillées sur le terrain.


« Il n’y aura jamais d’unité à l’intérieur de la Syrie à moins que les pays qui soutiennent la révolte ne se mettent d’accord, dans la mesure où chaque groupe est soutenu et épaulé par un pays », a ainsi déclaré une source rebelle, ajoutant que « les pays sont maintenant de plus en plus nerveux et la question syrienne a pris plus d’importance qu’ils ne s’y attendaient. Elle échappe presque à tout contrôle. »
La direction devrait être composée de 60 personnes qui représenteront la plupart des forces combattantes en Syrie, dont le groupe rebelle islamique du « Front pour libérer la Syrie ».

Paris
Par ailleurs, la France organise aujourd’hui une réunion de soutien aux « conseils révolutionnaires civils », qui administrent notamment des zones libérées dans le nord de la Syrie, avec des représentants d’ONG ainsi que des hauts fonctionnaires d’une vingtaine de pays. Les représentants syriens de cinq conseils civils seront présents à cette réunion, organisée au ministère français des Affaires étrangères, en présence du chef de la diplomatie Laurent Fabius, a indiqué le Quai d’Orsay, sans fournir plus de précisions sur les participants.

Brahimi
Parallèlement, Damas s’est dit prêt à étudier la proposition de cessez-le-feu de l’émissaire international Lakhdar Brahimi qui a lancé un appel à une trêve à l’occasion de l’Adha. « La Syrie est prête à explorer cette option », a ainsi déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Jihad Makdissi. Mais, a-t-il souligné, pour mettre fin aux violences, les insurgés, qualifiés de « terroristes » par le régime, et leurs appuis étrangers doivent être aussi impliqués. « Nous avons hâte de parler avec M. Brahimi pour voir quelle est la position des autres pays influents auxquels il a parlé lors de sa tournée (...) Vont-ils faire pression sur les groupes armés qu’ils hébergent, financent et arment, de façon à ce qu’ils respectent le cessez-le-feu ? » s’est-il interrogé.


L’ASL ne « fait que se défendre et il est normal qu’elle arrête les hostilités quand la machine de guerre du régime l’aura fait », a répondu de son côté le chef du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, qui se trouvait à Doha. « Nous accueillons favorablement tout arrêt des tueries » mais « nous pensons que l’appel s’adresse en premier lieu au régime syrien qui ne cesse de pilonner les villes et les localités syriennes », a-t-il ajouté.
À Damas, les autorités ont annoncé que des législatives partielles pour pourvoir cinq sièges vacants, dont ceux de deux élus ayant fait défection, auraient lieu le 1er décembre.


M. Brahimi effectue depuis la semaine dernière une tournée régionale pour tenter de trouver une issue à la crise. Il se trouvait hier au Caire où il devait rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi.
Par ailleurs, le pape Benoît XVI a « décidé l’envoi dans les prochains jours d’une délégation à Damas pour exprimer sa solidarité fraternelle avec toute la population » syrienne, a annoncé le numéro deux du Saint-Siège, le cardinal Bertone, selon Radio Vatican.


Toujours sur le plan diplomatique, un responsable américain chargé du contrôle des armements devait rencontrer hier les autorités turques. Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a indiqué de son côté avoir suggéré au président iranien Mahmoud Ahmadinejad la tenue de pourparlers à trois avec l’Égypte au sujet de la crise syrienne, l’Arabie saoudite s’opposant ouvertement à une implication de l’Iran dans l’actuel « quartette ».

Combats
Sur le terrain, l’armée mène depuis 48 heures une contre-attaque pour reprendre des positions-clés, surtout la ville de Maaret al-Noomane située sur l’autoroute Damas-Alep. Les renforts militaires doivent nécessairement l’emprunter pour se rendre dans le Nord, les régions rurales voisines étant tenues par la rébellion. En prenant le 9 octobre Maaret al-Noomane dans la province d’Idleb, les rebelles ont coupé cette route internationale et attaquent depuis systématiquement tous les renforts l’empruntant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les raids aériens aux alentours de cette ville sont « les plus intenses » avec 29 comptabilisés depuis hier matin, a déclaré le président de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Toujours dans la province d’Idleb, des bombardements de l’armée à Kafr Noubol ont tué deux enfants, de six ans et dix ans, et fait plusieurs blessés, selon l’ONG. Dans l’est du pays, à Mayadine, au moins neuf civils, dont sept enfants, ont péri dans des bombardements.
Plus au sud à Homs, le quartier de Khaldiyé, que le régime tente de contrôler, est pilonné depuis l’aube, ainsi que la ville rebelle de Talbissé.
Au moins 94 personnes sont mortes à travers le pays, selon la chaîne satellitaire al-Arabiya.

PAM
Alors que la situation humanitaire s’aggrave de jour en jour, le Programme alimentaire mondial (PAM) a déploré la flambée des prix des aliments en Syrie, les prix ayant plus que doublé dans certaines régions depuis le début du conflit. « On voit avec la montée de la violence dans certains endroits les prix qui ne font que continuer à augmenter », a ainsi déclaré une porte-parole du PAM, Élisabeth Byrs.

 

(Pour mémoire : Une économie à bout de souffle qui survit grâce à l’aide « des pays amis »)


Toujours sur le plan humanitaire, Human Rights Watch a déploré « l’échec » du Conseil de sécurité de l’ONU à saisir la Cour pénale internationale (CPI) « des situations au Sri Lanka, à Gaza et, de manière encore plus frappante, en Syrie », à la veille d’un débat au Conseil qui évoquera le rôle de ce tribunal.
Enfin, la police britannique a annoncé l’inculpation pour détention illégale de deux journalistes occidentaux en Syrie d’un homme qui avait été arrêté la semaine dernière à l’aéroport londonien de Heathrow.

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