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À La Une - Distinction

Michel Eddé grand officier de la Légion d’honneur

L’hommage de la France à « un homme à la stature unique » dont l’action a permis à la francophonie « d’être synonyme d’avenir ».

Photo Michel Sayegh

C’est à « un Libanais remarquable et un Français de cœur d’exception » que l’ambassadeur de France, Patrice Paoli, a remis hier soir les insignes de grand officier de la Légion d’honneur, une distinction rare mais qui, dans le cas de Michel Eddé, « un homme à la stature unique au Liban », rejaillit en honneur sur l’ordre même qui lui est conféré.
Au cours d’une cérémonie qui a été « un moment d’amitié, de reconnaissance et de fraternité », et devant un parterre de brillantes personnalités représentatives du grand cercle d’amis dont Michel Eddé a su s’entourer, sa vie durant, Patrice Paoli a remis à son destinataire la belle et grande étoile argentée, après un discours dans lequel il a dit « son bonheur » d’élever à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur « un homme qui est tout à la fois un Libanais remarquable et un Français de cœur d’exception ».

 


Une famille illustre


« Vous appartenez, cher Michel Eddé, à une famille dont les liens affectifs avec la France remontent à plusieurs générations », a affirmé M. Paoli.
L’ambassadeur de France ne croyait pas si bien dire. Dans son discours de remerciements, Michel Eddé devait étonner et faire sourire l’ambassadeur – et l’assistance – en précisant que son grand-père, dont il porte le nom, avait été décoré de la Légion d’honneur... il y a 115 ans, par le président Félix Faure en vertu d’un décret du 21 juillet 1897.
Évoquant le parcours politique de Michel Eddé, l’ambassadeur de France a souligné combien, dans ses différentes fonctions ministérielles, il a œuvré pour resserrer les liens entre le Liban et la France, et faire en sorte que « la francophonie au Liban, comme dans le reste du monde, soit synonyme d’avenir ».
Au nombre des réalisations dont Michel Eddé a été crédité par l’ambassadeur figurent l’installation du câble sous-marin entre Beyrouth et Marseille (1966) et l’adoption du système français de télédiffusion Secam par la télévision de l’État.
Le patron de presse n’a pas été oublié. « Vous avez assuré la pérennité de la presse francophone quotidienne en rachetant en 1990 L’Orient-Le Jour, ce quotidien de référence. Avec énergie et efficacité, en vous entourant d’une équipe talentueuse et motivée, a affirmé Paoli. (...) Quel vecteur pour la langue française, jour après jour, pour tous les Libanais ! Vous avez également acquis l’hebdomadaire Le Commerce du Levant, qui est maintenant, avec L’Orient-Le Jour, une preuve vivante du succès de la presse en langue française. »

 


L’humaniste


Les qualités d’humaniste et l’engagement de Michel Eddé envers les maronites ont été relevées, que ce soit à son élection à la présidence de la Ligue maronite (2003-2007), ou en sa qualité de président de la Fondation maronite dans le monde.
Mais Patrice Paoli a su montrer comment Michel Eddé, « en homme de dialogue et de concorde », de l’avis de tous, n’a pas été « prisonnier de cet engagement », mais a su le mettre à profit pour « établir des ponts avec tous vos compatriotes de toutes les communautés ».
« Cette ouverture d’esprit (...) vous a donné une stature unique au Liban, celle d’un grand humaniste, celle d’une référence et d’un modèle à suivre pour les nouvelles générations », a-t-il dit.
M. Paoli a ensuite évoqué le rôle joué par Michel Eddé, depuis dix ans, pour faire revivre la Société d’entraide de la Légion d’honneur et soutenir l’association Une Lumière au Levant, fondée par le général Grillot, grand-croix de la Légion d’honneur.
« La générosité est un trait de famille », a-t-il lancé, évoquant le souvenir d’une mère qui, en 1941, distribuait de la nourriture au voisinage, lors du blocus des côtes libanaises par les navires anglais.
Et rappelant combien en francophile absolu, Michel Eddé connaît par cœur les couplets les moins connus de la Marseillaise, mais aussi Sambre-et-Meuse ou La Madelon, Patrice Paoli a conclu : « Michel Eddé, au nom du président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous élevons à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur. »

 


Les Libanais, libres et fiers...


Dans son discours de remerciements, Michel Eddé a rappelé, dans les termes inoubliables d’un « géant de l’histoire », le général de Gaulle, les « liens uniques “ tissés entre les Libanais et les Français ” tout au long des siècles ».
« Chers amis, a-t-il dit, le général de Gaulle qui était arrivé à Beyrouth, après la défaite des troupes de Vichy au Liban, s’était adressé aux Libanais le 27 juillet 1941 au Cercle de l’Union française en ces termes : “Dans tout cœur de Français digne de ce nom, je puis vous dire que le nom seul du Liban fait remuer quelque chose de très particulier et j’ajoute que c’est d’autant plus justifié que les Libanais, libres et fiers, ont été le seul peuple dans l’histoire du monde, à travers les siècles, quels qu’aient été les péripéties, les malheurs, les bonheurs, les destins, le seul peuple dont, jamais, aucun jour, le cœur n’a cessé de battre au rythme du cœur de la France...” »
« Les Libanais n’ont jamais cessé de manifester les liens qui les attachent à la France », a enchaîné Michel Eddé, qui a rapporté comment, en 1941, des volontaires avaient intégré les Forces françaises libres et s’étaient battus à Bir Hakim, ainsi que sur divers théâtres d’opérations de la Seconde Guerre mondiale, et comment sa propre mère et la plupart des dames des quartiers d’Achrafieh, de Saïfi et de Rmeil « avaient passé des nuits en prière » quand les nazis étaient entrés à Paris, en 1940, ou quand les troupes françaises étaient encerclées par le Vietminh à Dien Bien Phu, en 1954. Ou encore comment, à la mort de Charles de Gaulle, en 1970, un deuil national de 7 jours avait été décrété au Liban.
« Nous partageons avec la France les mêmes valeurs, les mêmes principes et les mêmes idéaux de liberté, de justice et de démocratie, a insisté Michel Eddé. Notre système est le seul système démocratique de toute la région. Notre pays est le seul à n’avoir jamais connu ni la dictature ni les coups d’État militaires (...). Je ne nie pas que la corruption, la concussion, la prévarication, le clientélisme et le népotisme sont malheureusement courants dans notre pays. Mais ceci est la conséquence d’une mauvaise pratique de la vie politique et non pas la faute de notre système politique. Ce qui nous manque, c’est l’État de droit, que nous avons déjà tenté d’instaurer sous les régimes des présidents Fouad Chehab, Charles Hélou et Élias Sarkis en particulier, sans résultat jusqu’à présent. Mais ceci doit demeurer notre but principal, si nous voulons préserver nos principes, nos idéaux et notre liberté. »
M. Eddé a conclu son mot en adressant ses remerciements aux présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande.

C’est à « un Libanais remarquable et un Français de cœur d’exception » que l’ambassadeur de France, Patrice Paoli, a remis hier soir les insignes de grand officier de la Légion d’honneur, une distinction rare mais qui, dans le cas de Michel Eddé, « un homme à la stature unique au Liban », rejaillit en honneur sur l’ordre même qui lui est conféré. Au cours d’une...

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