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À La Une - Tensions communautaires

Bataille judiciaire en vue sur les caricatures de Mohammad en France

Les manifestations se poursuivent dans le monde musulman contre le film islamophobe.

À Téhéran, une centaine de manifestants se sont rassemblés hier devant l’ambassade de France en criant « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël » et « Mort à la France », mais ont été maintenus à distance par la police.  Atta Kenare/AFP

La controverse sur les caricatures du prophète Mohammad publiées par l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo va passer sur le terrain judiciaire dans un climat de forte tension en France et dans le monde sur la question du blasphème religieux.


L’Union des organisations islamiques de France (UOIF), jugée proche de l’idéologie des Frères musulmans, majoritaire au sein du Conseil national du culte musulman, a annoncé son intention d’engager une procédure, a priori pour « incitation à la haine raciale ». Une autre plainte, déposée en Seine-et-Marne par l’Association des musulmans de Meaux, va être transmise au parquet de Paris. Mercredi, une plainte avait été déposée à Paris par l’Association syrienne pour la liberté, mais le parquet étudie sa recevabilité.


En outre, un homme de 18 ans vivant à Toulon qui voulait se rendre à Paris pour s’en prendre aux auteurs des caricatures au siège de Charlie Hebdo a été placé en garde à vue, a-t-on appris de source judiciaire. Il a été dénoncé par un proche.


L’initiative de l’hebdomadaire satirique intervient dans un contexte troublé par un film islamophobe, à l’origine d’une flambée de violences, souvent provoquées par des groupes extrémistes, dans le monde musulman.
Le film anti-islam dont un extrait circule sur Internet prétend raconter la vie du Prophète et présente les musulmans comme violents. Les manifestations provoquées par sa diffusion ont fait une trentaine de morts depuis un peu plus d’une semaine.


Hier, près de 5 000 manifestants mobilisés contre le film américain ont défié la police à Islamabad, la capitale pakistanaise, provoquant des échauffourées qui ont fait au moins 50 blessés légers. Plusieurs autres manifestations pour le même motif ont eu lieu dans le pays.
D’autres petits rassemblements ont également eu lieu à Kaboul et Téhéran. Quelques centaines d’Afghans se sont ainsi rassemblés sans violence pour protester à la fois contre le film et contre les caricatures.
À Téhéran, une centaine de manifestants se sont rassemblés hier devant l’ambassade de France en criant « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël » et « Mort à la France ». Téhéran a d’ailleurs condamné la publication par Charlie Hebdo de caricatures du prophète Mohammad. Ces « caricatures insultantes sont un complot ourdi par des cercles sionistes », a accusé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast.
Plusieurs milliers de Nigérians musulmans ont manifesté à Zaria (Nord) et brûlé des drapeaux américains et israéliens.

Craintes pour la journée d’aujourd’hui
Les craintes des Occidentaux se concentrent désormais sur la journée d’aujourd’hui, journée de prières dans le monde musulman.
Paris a annoncé la fermeture vendredi des ambassades, consulats et écoles français dans une vingtaine de pays musulmans, même s’il n’y a pas de « menace avérée sur un quelconque établissement ». Des mesures de sécurité ont également été prises localement, dans les pays concernés, pour protéger ces bâtiments.

 

(Lire aussi : Mesures de sécurité renforcées pour les Français et les Américains au Liban)


À Paris, la sécurité a été renforcée autour de l’immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo, et une manifestation prévue demain par des musulmans de France devant l’ambassade des États-Unis a été interdite. Les autorités ont fait savoir hier qu’un rassemblement envisagé devant la Grande Mosquée de Paris était également interdit.
Des manifestations sont prévues aujourd’hui et ce week-end dans différentes villes allemandes, selon la police de plusieurs municipalités.
De son côté, le ministère tunisien de l’Intérieur a annoncé qu’il interdisait toute manifestation vendredi, indiquant disposer d’informations sur des risques « de violences » en cas de manifestation contre les caricatures publiées en France.

 

(Entretien : La Tunisie va "serrer la vis" contre les salafistes jihadistes)


De son côté, YouTube, détenu par Google, a restreint l’accès au film dans plusieurs pays, à commencer par l’Égypte et la Libye. D’autres pays, comme le Pakistan et le Soudan, ont bloqué eux-mêmes l’accès à la vidéo. Toutefois, un juge américain a rejeté hier une requête visant à contraindre YouTube à retirer le film L’Innocence des musulmans.
Face à ce climat de tension qui persiste, Ban Ki-moon a réaffirmé devant des journalistes que le film anti-islam était « scandaleux » et « honteux ». Et il a posé des conditions à l’exercice de la liberté d’expression. « La liberté d’expression, qui est un droit fondamental et un privilège, ne doit pas être utilisée abusivement par un acte aussi scandaleux et honteux » que le film sur l’islam, a-t-il ajouté.

(Source : agences)

 

 

Billet :

Le Prophète, Internet, la proportion et le papillon, l'article d'Emilie SUEUR

La controverse sur les caricatures du prophète Mohammad publiées par l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo va passer sur le terrain judiciaire dans un climat de forte tension en France et dans le monde sur la question du blasphème religieux.
L’Union des organisations islamiques de France (UOIF), jugée proche de l’idéologie des Frères musulmans, majoritaire au...

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