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À La Une - Polémique

Film islamophobe : La colère anti-US gronde dans la rue arabo-musulmane

Le film anti-islam suscite de vives réactions et condamnations internationales.

À Sanaa, plusieurs centaines de jeunes manifestants ont attaqué l’ambassade des États-Unis. L’assaut a fait quatre morts et 34 blessés. Khaled Abdullah/Reuters

Des manifestations ont visé hier des missions diplomatiques américaines dans le monde arabo-musulman en raison de la tension provoquée par le film islamophobe L’Innocence des musulmans, réalisé aux États-Unis et partiellement diffusé sur Internet. Deux jours après la mort de l’ambassadeur des États-Unis en Libye, Christopher Stevens, et de trois autres Américains dans l’attaque du consulat de Benghazi, et d’une attaque contre l’ambassade américaine au Caire, de nouveaux incidents ont eu lieu en Égypte et la protestation s’est étendue au Yémen, à l’Iran et au Bangladesh notamment.

 

À Sanaa, plusieurs centaines de jeunes manifestants ont attaqué l’ambassade des États-Unis. Les gardes de la mission ont tiré en l’air pour repousser les assaillants, qui ont enflammé des pneus avant d’escalader les grilles de l’entrée principale. L’assaut a fait quatre morts et 34 blessés. La Maison-Blanche a indiqué que tout le personnel de l’ambassade a été contacté et se trouve en sécurité. L’attaque a été condamnée par le président Abed Rabbo Mansour Hadi, qui a mis sur pied une commission d’enquête.


Au Caire, plusieurs centaines de manifestants ont lancé des pierres en direction d’un cordon de policiers qui leur barrait l’accès à l’ambassade des États-Unis qui a été fermée au public hier. Les forces de l’ordre ont riposté à l’aide de grenades lacrymogènes. L’agence MENA, qui cite le ministère de la Santé, a fait état de 224 personnes blessées et de 23 arrestations. En déplacement à Bruxelles, le président Mohammad Morsi a apporté son soutien aux manifestations pacifiques contre le film, tout en condamnant sans réserve les attaques violentes. « Nous, les Égyptiens, nous refusons tout type d’agression ou d’insulte à notre Prophète (...) », a-t-il déclaré. Mais « il est de notre devoir de protéger nos hôtes et ceux qui viennent de l’étranger, et j’appelle tout le monde à prendre cela en compte, à ne pas contrevenir à la loi en Égypte et (...) à ne pas agresser les ambassades », a-t-il ajouté. Les Frères musulmans ont appelé à des manifestations pacifiques à l’issue de la prière de la mi-journée aujourd’hui devant toutes les grandes mosquées du pays.


En Iran, le guide suprême Ali Khamenei a affirmé que les principaux suspects derrière la réalisation de la vidéo anti-islam « folle et haineuse » étaient le gouvernement américain et le sionisme. « Si les politiques américains sont honnêtes quand ils prétendent qu’ils ne sont pas impliqués, ils doivent tenir pour responsables ceux qui ont commis ce crime obscène (...) et leurs soutiens financiers », a-t-il dit, selon l’agence IRNA. Des étudiants ont manifesté devant l’ambassade de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains dans la République islamique.

 

En Irak, des milliers de sympathisants du leader chiite Moqtada Sadr ont défilé notamment à Bagdad, à Najaf et à Kirkouk. Le chef de la milice chiite Assaïb al-Hak a prévenu que les intérêts américains dans le pays étaient en danger.

 

En Afghanistan, les autorités ont fermé indéfiniment le site de partage vidéo YouTube et le président Hamid Karzaï a qualifié la fabrication du film d’acte « diabolique », tout en se disant certain que sa production n’impliquait qu’un nombre très restreint d’individus. Au Nigeria, la police a ordonné à ses hommes de patrouiller autour de toutes les ambassades étrangères et indiqué que toutes les formations de police de la fédération étaient « en alerte rouge » en prévision de la journée de prière aujourd’hui. L’ambassade des États-Unis a adressé un message d’urgence aux ressortissants américains vivant au Nigeria leur indiquant qu’ils risquaient d’être la cible d’attaques d’« extrémistes ».

 

Au Bangladesh, un millier d’islamistes ont tenté de marcher sur l’ambassade des États-Unis à Dacca, mais les forces de l’ordre les ont empêchés d’atteindre leur objectif. Les forces de sécurité ont renforcé leur dispositif aux abords de l’ambassade américaine en prévision de la prière hebdomadaire du vendredi, qui pourrait donner lieu à des débordements. Les autorités pakistanaises ont également renforcé la sécurité à proximité de l’ambassade et des consulats américains et interdit l’accès à YouTube.

 

À Gaza, des centaines de Palestiniens ont manifesté pour la deuxième journée consécutive contre les États-Unis, le Hamas réclamant des « excuses » de Washington et appelant à de nouvelles protestations vendredi. L’Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, a demandé à YouTube de bloquer la diffusion du film polémique. Pour sa part, l’Arabie saoudite a condamné le film produit « par un groupe

irresponsable », mais aussi « les réactions violentes dans plusieurs pays visant des intérêts américains ».


Hier, le Pentagone a dépêché 50 membres d’une unité antiterroriste des « marines » à Tripoli, la capitale libyenne, pour assurer la sécurité de la mission américaine. Deux navires de guerre de l’US Navy font par ailleurs route vers les côtes libyennes. Le président Barack Obama a, pour sa part, donné l’ordre à son administration de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour assurer la protection et la sécurité des ressortissants américains à l’étranger. La secrétaire d’État Hillary Clinton a assuré que le gouvernement américain n’avait « absolument rien à voir » avec cette « vidéo écœurante et condamnable », exhortant parallèlement les dirigeants politiques et religieux à condamner les violences survenues depuis sa diffusion sur Internet. Et la Maison-Blanche a assuré que l’Égypte reste un « partenaire proche » des États-Unis, après que M. Obama eut affirmé la veille que Le Caire n’était pas un « allié » de son pays.

 

Au niveau occidental, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé que l’attaque du consulat des États-Unis à Benghazi pouvait être le fait de « mouvements terroristes ». Enfin, pour l’Institut international d’études stratégiques (IISS), la réaction aux violentes protestations antiaméricaines constitue « un test majeur pour la crédibilité » des nouveaux régimes issus du printemps arabe.

 

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