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Moyen Orient et Monde

À Alep, rebelles et commerce ne font pas bon ménage

Des rebelles se reposent dans un café à Alep. Leur venue dans la ville est mal perçue par les commerçants, qui ont beaucoup perdu dans le conflit. Shaam News Network/Reuters

À Mogambo, un quartier huppé sunnite d’Alep, Ghali Zaboubi possède deux cafés, dont l’un est réputé pour être celui des opposants. Son cœur penche en faveur du changement, mais il rejette la rébellion armée qui ruine, selon lui, sa ville et le commerce. « Ici, beaucoup ont exprimé leur sympathie pour les manifestations pacifiques contre le régime, mais 90 % sont totalement hostiles à la violence et au langage des armes », assure le patron du café Tché-Tché, où, malgré le bruit du canon assez proche, les clients fument le narguilé dans la nuit. Selon lui, les habitants ne veulent pas la destruction de leur ville qu’ils ont eux-mêmes bâtie « alors que le régime l’avait punie ». Dans les années 1980, une partie de la population d’Alep avait soutenu la révolte des Frères musulmans et le président défunt Hafez el-Assad s’était vengé en négligeant la cité. « Le paradoxe, c’est que 2011 et le début de cette année furent exceptionnels. Jusqu’à l’arrivée des rebelles (le 20 juillet), des industriels de Homs et de Hama migraient chez nous pour fuir la violence. En matière de tourisme, les Syriens avaient remplacé les étrangers. Tout est désormais gâché », dit cet homme d’affaires.
Contrairement aux autres villes, Alep était restée en marge de la contestation pendant des mois, provoquant les railleries des contestataires qui avaient écrit sur une banderole : « Même avec du Viagra, Alep ne se soulève pas. »
Dans le quartier chrétien de Aziziya, Élias et Johnny, âgés de 38 ans, se rongent les sangs. Le premier dirige une entreprise familiale de chauffage qui employait 200 personnes à Mayssar, un quartier aux mains des rebelles, et le second, une société de distribution de produits alimentaires de 30 personnes. « Les trois centres d’activité à Alep – la zone industrielle de Cheikh Najar, la vieille ville et la région de Liramoun – sont tous fermés. Vous imaginez combien d’employés sont sans salaire ? Pensez-vous qu’ils sont avec les rebelles ? » lance Élias. « Je ne suis pas avec le régime mais je soutiens à 100 % l’armée car je veux le rétablissement de l’ordre pour pouvoir travailler. En plus, plein de rebelles sont des islamistes étrangers. Que font-ils dans notre ville ? Je suis sûr que 90 % des vrais Aleppins, riches ou pauvres, partagent mon avis », ajoute-t-il.
Un dicton répandu en Syrie affirme que si le choix se présente, un Aleppin préfère qu’on lui prenne sa vie plutôt que son argent. Non pas par avarice, mais parce que les habitants de cette ville ont la réputation d’être durs en affaires et d’avoir transformé le commerce en art.
Dans son bureau au centre-
ville, le gouverneur de la province d’Alep, Mohammad Wahid Akkad, est consterné : « Ce qui se passe est désolant alors que cette ville était si prospère. Aujourd’hui, si vous voulez rencontrer les membres de la Chambre de commerce et d’industrie, allez au Liban. Ici, leurs usines sont fermées. » Pour les opposants armés, le conflit a un caractère de classes, même si certains commerçants financent, selon eux, la révolte secrètement. « Près de 70 % des membres de l’Armée syrienne libre sont issus des catégories les plus pauvres. C’est normal que les riches soient contre la révolte », assure Abou Firas, membre du Conseil révolutionnaire d’Alep.
(Source : AFP)
À Mogambo, un quartier huppé sunnite d’Alep, Ghali Zaboubi possède deux cafés, dont l’un est réputé pour être celui des opposants. Son cœur penche en faveur du changement, mais il rejette la rébellion armée qui ruine, selon lui, sa ville et le commerce. « Ici, beaucoup ont exprimé leur sympathie pour les manifestations pacifiques contre le régime, mais 90 % sont...
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