Le président syrien Bachar el-Assad s’est montré intraitable dans sa volonté de vaincre la rébellion après plus de 17 mois d’un conflit dévastateur. Alors que la Syrie est ravagée par des violences qui ont fait plus de 25 000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), poussé à la fuite des centaines de milliers de civils et détruit une partie des infrastructures, M. Assad a clairement montré qu’il n’était pas prêt à céder, malgré les nombreux appels à quitter le pouvoir lancés par des pays occidentaux et arabes. « Je peux résumer (la situation) en une phrase : nous progressons, la situation sur le terrain est meilleure mais nous n’avons pas encore gagné, cela nécessite encore du temps », a-t-il déclaré, selon des extraits d’une interview à la chaîne privée prorégime ad-Dounia qui l’a diffusée in extenso en soirée. Le président a reconnu que son régime avait commis de « nombreuses erreurs », estimant toutefois que malgré cela, il existait « un lien solide » entre le pouvoir et le peuple. M. Assad a en outre accusé le gouvernement turc d’être responsable des violences dans son pays.
À la veille d’une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l’ONU aujourd’hui à New York sur l’aide humanitaire aux réfugiés syriens, il a jugé « irréaliste » le projet d’une zone tampon en Syrie évoqué par l’Occident et la Turquie. « Parler de zones tampons n’est premièrement pas une option sur la table, et, deuxièmement, c’est une idée irréaliste même pour les États hostiles et ennemis de la Syrie », a affirmé M. Assad. Seuls les ministres français et britannique des Affaires étrangères assisteront à la réunion, sur les cinq ministres représentant les membres permanents de cette instance. Laurent Fabius et William Hague annonceront, en marge de la réunion du Conseil, des « initiatives communes », ont indiqué des diplomates, sans plus de précisions. L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Susan Rice, participera à la réunion. La Russie et la Chine seront également représentées par leur ambassadeur auprès de l’ONU. Une réunion technique a eu lieu hier pour préparer les discussions auxquelles ont été également invités les pays voisins de la Syrie.
Autonettoyage
Le président Assad, lâché par des proches dont le Premier ministre Riad Hijab et des généraux ces derniers mois, a par ailleurs raillé les défections. « Les gens patriotes et les gens bien ne fuient pas, ne quittent pas la patrie. Finalement, cette opération de défection est positive, c’est une opération d’autonettoyage de l’État premièrement et de la nation en général », a-t-il lancé. Le 26 août, le président Assad avait déjà devant un émissaire iranien déjà promis de vaincre la rébellion à « n’importe quel prix ».
Cent huit morts
Sur le terrain, les violences se poursuivaient notamment dans Damas et sa banlieue est, à Alep et à Idleb, où les insurgés opposent une forte résistance à l’armée, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Au moins 108 personnes ont péri dans les violences à travers le pays, selon la chaîne satellitaire al-Arabiya.
Les rebelles ont affirmé avoir lancé une attaque audacieuse avec des chars, généralement saisis après des défections de militaires, contre l’aéroport militaire de Taftanaz entre Idleb et Alep, y détruisant cinq hélicoptères. Mais la télévision d’État a affirmé que les forces armées avaient repoussé l’attaque en faisant des tués parmi les « terroristes ». Selon le quotidien privé proche du pouvoir, al-Watan, l’armée poursuit son « opération de nettoyage » à Alep.
Sur le plan des réfugiés, Human Rights Watch a appelé les pays voisins de la Syrie à laisser leurs frontières ouvertes. Par ailleurs, le Premier ministre jordanien Fayez Tarawneh a annoncé que son pays allait renvoyer chez eux des réfugiés syriens ayant attaqué la veille des policiers jordaniens, lors de heurts dans un camp de réfugiés.
Reportages
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