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À La Une - syrie

Défection du vice-président : Damas dément, l'ASL évoque une "tentative soldée par un échec"

Plusieurs bastions rebelles pilonnés, au moins 64 morts samedi ; les deux camps tuent des civils, selon le chef de la mission de l'ONU.

Un combattant de l'ASL le 17 août à Alep. ACHILLEAS ZAVALLIS/AFP

Le régime syrien a affirmé samedi que, contrairement à ce qu'avaient annoncé des télévisions arabes, le vice-président Farouk el-Chareh n'avait pas quitté le pays.

La télévision d'Etat a ainsi assuré que M. Chareh n'a "à aucun moment pensé quitter le pays", démentant ainsi, mais sans diffuser d'image de Chareh, le départ du vice-président vers la Jordanie, annoncé par des chaînes arabes.


L'Armée syrienne libre (ASL), force d'opposition armée composée de dissidents et de combattants civils, a affirmé pour sa part qu'il y avait eu "une tentative de défection" qui s'était "soldée par un échec".


Personnalité sunnite la plus en vue au sein du pouvoir alaouite (branche du chiisme), M. Chareh est un homme de confiance du régime et a été pendant plus de quinze ans chef de la diplomatie syrienne, avant de devenir vice-président en 2006.

 

(Portrait : Farouk el-Chareh, la caution sunnite du régime syrien)


Le régime syrien a été récemment secoué par des défections au plus haut niveau, comme celle du Premier ministre Riad Hijab, ou encore du général Manaf Tlass, un ami d'enfance du président Bachar el-Assad. Et le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait affirmé jeudi à l'AFP que de nouvelles défections "spectaculaires" auraient lieu prochainement.


Selon un ancien vice-ministre syrien du Pétrole, Abdo Houssameddine, qui a fait défection en mars, M. Chareh tente de quitter le pays mais se trouve "depuis un certain temps en résidence surveillée".

 

Farouk el-Chareh (d) et le président syrien Bachar el-Assad. LOUAI BESHARA/AFP

 


Dans un communiqué rapporté par la télévision d'Etat, M. Chareh a salué la nomination du diplomate algérien Lakhdar Brahimi comme médiateur international pour la Syrie, en remplacement de Kofi Annan.

 

Nommé au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de mettre fin, faute de consensus, à la mission des observateurs de l'ONU chargés de surveiller une trêve qui n'a jamais été appliquée en Syrie, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi a reçu le soutien de la Chine, des Etats-Unis et de l'Union européenne, mais il s'est déjà dit peu confiant quant à ses chances de résoudre la crise.


Au lendemain de cette nomination, la Russie, alliée de Damas, a dit compter sur M. Brahimi pour s'appuyer sur le plan de paix de M. Annan et l'accord de Genève sur les principes d'une transition politique.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a en outre appelé à un nouveau cessez-le-feu, mais cette fois "sous la responsabilité des acteurs étrangers qui ont une influence aussi bien sur le gouvernement que sur les détachements armés de l'opposition", dans un entretien à Sky News Arabia.
Il s'est en revanche à nouveau déclaré hostile à la zone d'exclusion aérienne que réclament les rebelles comme cela avait été le cas en 2011 en Libye.

 

 

"Les deux camps tuent des civils"

 

 

A Damas, le général Babacar Gaye, chef de la mission d'observation de l'ONU, dont le mandat s'achève dimanche à minuit, a accusé l'armée et les rebelles de ne pas respecter leurs obligations en matière de protection des civils, qui meurent chaque jour par dizaines dans les bombardements et les combats.

 

"Les deux parties ont des obligations dans le cadre du droit humanitaire international, pour s'assurer que les civils sont protégés" a déclaré à la presse à Damas le chef de la Misnus qui est sur le départ. "Ces obligations n'ont pas été respectées", a-t-il déploré.


 
Nouveau raid à Azaz

Sur le terrain, l'armée syrienne pilonnait samedi plusieurs bastions rebelles, dont la localité rebelle d'Azaz (nord), déjà cible mercredi d'un raid aérien dévastateur qui avait fait une quarantaine de morts, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


Les bombardements et les combats ont également repris samedi dans plusieurs quartiers d'Alep, théâtre depuis près d'un mois d'une bataille cruciale entre les rebelles et le régime.
Les forces régulières pilonnaient aussi Hirak, dans la province de Deraa (sud), et le quartier de Khaldiyé, dans la ville de Homs (centre).


Au total, les violences ont fait au moins 96 morts samedi à travers le pays, 30 civils, 28 rebelles, 34 soldats, 4 déserteurs, selon l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins sur le terrain.


L'OSDH a également signalé la découverte vendredi de plus de 40 corps non identifiés dans la capitale et ses alentours, ainsi que de dizaines de corps dans la région d'al-Tall, toujours dans la province de Damas, une zone qui a été bombardée ces derniers jours.


Alors que les musulmans s'apprêtent à célébrer dimanche la fête du fitr qui marque la fin du jeûne du ramadan, des messages des militants anti-régime postés sur les réseaux sociaux expriment la tristesse quant au sort de dizaines de milliers de Syriens, contraints de fuir le pays en raison de l'intensification des combats.
"Je ne veux pas célébrer l'Aïd", dit Omar Chakir, un jeune de 21 ans, orginaire de Homs, la ville rebelle qu'il a fuie pour se réfugier au Liban. "Cela nous rappelle le fait qu'on vit loin de nos familles", regrette-t-il.


Au Liban, la menace d'une contagion des violences en Syrie, qui ont fait plus de 23.000 morts en 17 mois selon l'OSDH, s'est accentuée cette semaine avec de nombreux rapts de Syriens. Samedi matin, trois Syriens ont été enlevés sur la route de l'aéroport international de Beyrouth, dépouillés puis libérés.

 

 

 

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Reportage

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