Maher al-Mokdad, porte-parole du puissant clan chiite libanais du même nom, a réaffirmé vendredi que la tribu avait "mis fin à ses activités sur le terrain (hier le terme "opérations militaires" avait été employé, ndlr), pour donner une chance au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de rechercher Hassan al-Mokdad", kidnappé en Syrie lundi dernier.
"Nous refusons toute atteinte aux biens publics, nous rejetons la fermeture des routes, notamment celle de l’aéroport, et toute atteinte à la paix civile", a-t-il poursuivi, lisant un communiqué du Comité de suivi de la tribu Mokdad, lors d'une conférence de presse à Beyrouth.
Mercredi, le bras armé de ce puissant clan chiite a revendiqué l’enlèvement de dizaines de ressortissants syriens ainsi que d'un ressortissant turc au Liban pour obtenir la libération de Hassan, kidnappé lundi en Syrie.
"Nous refusons également que soit porté atteinte à des Syriens innocents et à des ouvriers syriens, a-t-il ajouté. Nous avons relâché tous ceux qui n’ont aucun lien avec l’Armée syrienne libre (ASL, rébellion syrienne) soit au total 21 personnes, dont deux aujourd’hui".
"Nous détenons toujours plus de 20 Syriens", a-t-il toutefois souligné.
M. Mokdad a appelé l’ASL à libérer Hassan et à répondre positivement à la requête du CICR. "Hassan Mokdad est un citoyen pacifique et n'est pas membre du Hezbollah", a-t-il dit.
Le conseil militaire de l'ASL a démenti, vendredi, dans un communiqué son implication dans l'enlèvement, lundi dernier, de Hassan Mokdad, rapportent les médias. Ce dernier a été kidnappé par un groupe rebelle syrien qui l'accuse d'être un tireur embusqué à la solde du Hezbollah.
La "confession" d'un otage
A l'issue de la conférence de presse, une vidéo a été diffusée montrant un des otages du clan Mokdad présenté comme un membre de l’Armée syrienne libre (ASL).
"Les otages que nous détenons ont avoué avoir préparé des attentats dans la banlieue sud de Beyrouth, au Mont-Liban et dans d’autres régions", affirme, dans la vidéo, un des Mokdad.
Ce dernier interroge ensuite l'homme présenté comme membre de l’ASL, qui avoue avoir été recruté par un Qatari afin de former des groupes armées au Liban. "Dans un premier temps, j’ai habité dans la région de Bourj el-Barajneh, ensuite j’ai été envoyé dans un camp militaire où se trouvaient 50 autres membres de l’ASL dont certains qui avaient fait défection de l’armée syrienne régulière", dit l’otage, assis et surplombé par un groupe d'hommes armés.
"Des cheikhs égyptiens nous rendaient régulièrement visite et nous donnaient 100$. Nous avons été chargés de former des groupes armés dans la banlieue sud de Beyrouth et d’attaquer les parties pro-syriennes au Liban", poursuit le jeune homme.
Interrogé sur l’identité des responsables libanais qu’il a rencontrés, l’otage affirme avoir oublié leurs noms. L'interrogateur Mokdad avance alors le nom du député libanais sunnite Khaled el-Daher, membre du bloc du Courant du futur. "Je ne le connaissais pas, mais lorsque je l’ai vu à la télévision je l’ai reconnu", précise alors le membre présumé de l'ASL.
L’otage appelle ensuite l’ASL à libérer Hassan al-Mokdad le plus tôt possible et assure que le clan chiite libanais le traite "très bien". "Nous sommes plus de 50 otages ici, le sort des ressortissants syriens au Liban dépend de vous, vous devez relâcher Hassan Salim el-Mokdad afin que sa famille nous libère", dit-il à l'intention de l'ASL.
Ont ensuite été diffusées des photos montrant des cibles sur le territoire libanais trouvées sur le téléphone mobile de cet otage syrien.
Le CICR
Le CICR s'est, pour sa part, dit vendredi disposé, à la demande de la famille, à rechercher Hassan Mokdad. "La famille de Hassan al-Mokdad a demandé au CICR d'intervenir pour l'aider à retrouver leur fils et un premier contact a été établi jeudi", a déclaré à l'AFP la porte-parole de cette organisation Samar el-Kadi.
Selon elle, le chef de la délégation du CICR au Liban, Jurg Montagni, et son adjoint Daniel Breton, ont expliqué à la famille que l'organisation "ne peut pas être partie prenante dans des négociations pour la libération de prisonniers ou d'otages". Mais, a-t-elle précisé, "si elle reçoit une demande de la famille d'un disparu dans une zone de conflit, elle peut essayer d'établir des contacts pour déterminer où il se trouve, donner à la famille de ses nouvelles, et le visiter si possible".
"S'il est libéré, elle peut intervenir en tant que partie neutre pour le recevoir et le rapatrier, mais en aucun cas mener une médiation ou des négociations", a-t-elle précisé.
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Enlèvement perpétré, de connivence avec les Moukhabarats, par leurs soins et en connaissance de cause de tous ceux du huitième parallèle de Mars... Le complot Samaha ayant échoué, ils ont vite exécuté UN pour remplacement. Généralissime, où êtes-vous ? Vous chantiez, tous les matins, des litanies diaboliques contre les autres. Pourquoi ce profond silence ? Que disent vos "aveuglés" par-tisons et suiveurs ?
03 h 43, le 18 août 2012