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À La Une - Russie

Trois ans de camp requis contre les punkettes anti-Poutine des Pussy Riot

Un avocat de la défense dénonce "une commande politique venant d'en haut"

Les trois prévenues, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans risquent trois ans de camp pour avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou en février dernier. AFP/ANDREY SMIRNOV

Le procureur a requis mardi trois ans de camp contre trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot accusées d'avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

 

Les trois prévenues, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, "se sont livrées au hooliganisme, motivées par la haine religieuse et l'hostilité aux croyants orthodoxes", a déclaré le procureur Alexandre Nikiforov, dans la salle du tribunal Khamovnitcheski de Moscou.

En détention depuis cinq mois, les trois jeunes femmes, qui risquaient jusqu'à sept ans de camp, ont écouté avec sérénité le procureur qui les a par ailleurs accusées de "s'être livrées à une provocation soigneusement planifiée" et de "s'opposer au monde orthodoxe".

 

Le procureur a précisé qu'il demandait trois ans de camp pour chacune, ayant pris en considération que leur casier judiciaire était vierge et que deux d'entre elles, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, avaient des enfants en bas âge.

 

En février, les jeunes femmes du groupe Pussy Riot - alors quasiment inconnu - étaient apparues encagoulées, avec guitares et sonorisation, dans la cathédrale du Christ-Sauveur et avaient entonné, pendant une minute, une "prière punk" anti-Poutine incluant des passages dénonçant le soutien de l'Eglise à l'Etat.

 

Jeudi, dans une première réaction à cette affaire, le président Vladimir Poutine avait estimé qu'il n'y avait "rien de bon" dans ce que les jeunes femmes avaient fait, mais il avait semblé plaider en faveur d'une certaine indulgence envers elles. "Je ne pense pas qu'elles doivent être jugées trop sévèrement pour ce qu'elles ont fait", avait-il déclaré en marge d'une visite aux jeux Olympiques de Londres.

 

La militante pour les droits de l'homme Lioudmila Alexeeva, citée par l'agence Interfax, a estimé mardi que le réquisitoire du procureur était "une honte, qui sera une honte pour la Russie et toute l'Eglise orthodoxe si les prévenues ne sont pas libérées".

 

L'un des avocats de la défense, Violetta Volkova, a dénoncé mardi après-midi à l'audience la façon dont le procès s'est déroulé jusqu'à présent, notamment le manque de temps accordé pour prendre connaissance du dossier, les débats menés de manière expéditive, des preuves fabriquées par le tribunal, des témoins de la défense empêchés de venir témoigner...

Quand l'avocate a, par exemple, demande de citer un expert comme témoin, la présidente du tribunal, Marina Syrova, a balayé cette requête et l'a accusée de perdre du temps. La juge a également refusé d'autre témoins cités par la défense, parmi lesquels l'avocat Alexeï Navalny, l'un des principaux opposants à Vladimir Poutine. Elle a insisté, en revanche sur la nécessité d'entendre des témoins de l'accusation, tel un membre de la jeunesse orthodoxe, Oleg Ougrik.

 

Un autre avocat de la défense, Mark Feïguine, a dénoncé "une commande politique venant d'en haut pour mettre en prison" les trois Pussy Riot, "des opposantes politiques qui ont critiqué à leur manière l'alliance entre l'Eglise et un Etat autoritaire".

 

Aux yeux de l'ex-magnat du pétrole et critique du pouvoir russe Mikhaïl Khodorkovski, emprisonné depuis 2003, il semble que les autorités russes russes font tout pour que le procès de se termine rapidement, à un moment où les projecteurs du monde entier sont tournés vers les jeux Olympiques de Londres qui s'achèvent dimanche.

 

L'action des Pussy Riot a suscité de très vives réactions au sein de l'Eglise orthodoxe, de nombreux prêtres et fidèles dénonçant la profanation de la cathédrale et une attaque en règle contre cette Eglise. Le patriarche Kirill avait apporté un soutien appuyé à Vladimir Poutine, élu président le 4 mars, malgré une vague de contestation sans précédent de son régime depuis son arrivée au pouvoir en 2000.

 

L'Eglise orthodoxe connaît une renaissance depuis la disparition de l'URSS en 1991. Près de 70% de la population russe se déclare orthodoxe, même si le nombre des pratiquants réguliers n'excède pas 5 à 7%, selon divers sondages.

 

De nombreuses personnalités russes et étrangères ont pris la défense des Pussy Riot, jugeant les poursuites à leur encontre et leur maintien en détention disproportionnés avec les faits reprochés.

La chanteuse américaine Madonna, qui doit donner un concert mardi soir à Moscou et un autre mercredi à Saint-Pétersbourg, a espéré que "le tribunal ferait preuve de clémence et que ces femmes seraient bientôt remises en liberté", selon des propos cités par les médias russes.

Douze musiciens britanniques de renom, parmi lesquels Pete Townshend et les Pet Shop Boys, ont publié la semaine dernière dans le Times une pétition en faveur des trois femmes.

Auparavant, des stars comme le chanteur du groupe de rock américain Red Hot Chili Peppers, Anthony Kiedis, et le chanteur britannique Sting avaient déjà exprimé leur soutien, de même que la star américaine Danny DeVito.

 

Le procureur a requis mardi trois ans de camp contre trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot accusées d'avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.
 
Les trois prévenues, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, "se sont livrées au hooliganisme, motivées par la haine religieuse et...
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