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Liban - Société

Offre Joie, une association pour « rassembler la famille libanaise »

Des bénévoles de toutes les régions se sont donné comme nouvelle mission de rajeunir l’école publique de Kfarmasshouna, dans le caza de Jbeil.

Bonne humeur et sourires sur le chantier de Kfarmasshouna malgré la fatigue.

Il est 9h dans le petit village de Kfarmasshouna. D’ordinaire très paisible, le village situé sur les hauteurs de Jbeil est témoin d’une activité inhabituelle près de son école publique. Celle-ci, adossée à l’église du village, est dans un piteux état. Les classes sont sombres, les murs abîmés, et les portes en métal rouillées. Mais depuis le 23 juillet, une cinquantaine de jeunes s’affairent à la rénover. Dehors, les enfants du village jouent, en jetant des regards curieux sur les travaux. Quelques habitants, assis à l’ombre de l’église, assistent avec joie à la rénovation du bâtiment datant des années 1950-1960. L’école, qui dessert huit villages, a vu ses effectifs chuter fortement ces dernières années. Ils étaient près de 300 écoliers, ils ne sont plus aujourd’hui que 75.


Sur ce nouveau chantier, des Libanais toutes confessions confondues (chiites, chrétiens, druzes, sunnites...), mais aussi des Égyptiens, des Syriens, des Français, des Américains et d’autres nationalités encore travaillent et vivent ensemble 24h/24, unis dans le même enthousiasme, pour redonner de l’éclat à cette école. Entre le bruit des marteaux-piqueurs et les coups de pelles : des rires. L’ambiance est bon enfant. L’un des travailleurs, nous annonce fièrement: «Nous avons fini d’abattre les murs hier, le plus dur est fait!» La journée de travail ne fait que commencer. Elle se terminera à 18h, entrecoupée de plusieurs pauses. Les jeunes auront alors l’occasion de se détendre et de récupérer leurs forces, avant de reprendre le chantier le lendemain. Les travaux devraient durer une dizaine de jours encore.
Ces «ouvriers» sont des écoliers, des étudiants ou des travailleurs, et sont tous bénévoles au sein de l’association Offre Joie.

Vivre ensemble
Créée en 1985, simultanément au Liban et en France en pleine guerre civile, par la volonté d’étudiants libanais et français, Offre Joie multiplie les actions afin de renforcer le tissu social fortement fragilisé. L’idée de base est simple : donner l’opportunité à des enfants et des jeunes, issus de régions et de confessions différentes, de se connaître et de vivre ensemble: «C’est ainsi que nous pouvons tisser des liens et créer une société solidaire», affirme Melhem Khalaf, l’un des fondateurs de l’association. En effet, Offre Joie veut «rassembler la famille libanaise» autour des valeurs suivantes: amour, respect et pardon.


Pour ses fondateurs, présents sur le chantier, «Offre Joie est un message d’espérance». «Nous voulons faire prendre conscience aux jeunes qu’ils peuvent être des acteurs réels dans leur pays», affirment-ils.
Offre Joie est une association apolitique qui appelle à un changement au sein même de la société: «C’est un engagement citoyen que nous prenons! Si l’État ne fonctionne pas, c’est parce que quelque chose ne va pas dans notre société», indique Melhem Khalaf. Ce à quoi il ajoute: «Nous voulons que nos jeunes deviennent des citoyens accomplis : généreux et solidaires.»


Faire vivre ensemble des Libanais et des étrangers, c’est aussi apprendre à accepter l’autre dans sa différence. Offre Joie veut mettre en avant la diversité du Liban. «Nous ne pensons pas que nous devons effacer les particularités de chacun, nous devons juste grandir au contact les uns des autres et ainsi apprendre la tolérance dès le plus jeune âge», précise Melhem Khalaf. Cela se traduit concrètement par des séances quotidiennes dites de «prières» nocturnes. Tous les bénévoles se réunissent en cercle et ont l’occasion alors de dire une prière selon leur religion, ou, pour les non-croyants, donner leurs impressions et faire le bilan de la journée de travail. L’objectif est de favoriser la communication entre les jeunes afin qu’ils prennent conscience que la religion n’est pas une barrière: «Il faut effacer le confessionnalisme et le communautarisme dans notre pays», insiste Melhem Khalaf.

Un mouvement citoyen
Offre Joie est à l’origine de très nombreuses initiatives depuis 1985. Elle a à son actif douze rénovations d’écoles publiques et sept prisons. Elle officie également dans le domaine du soutien scolaire et organise de nombreuses colonies de vacances. En 1989, à titre d’exemple, en pleine guerre, mille enfants faisaient le tour du Liban en participant à ces colonies.


Depuis, Offre Joie s’est beaucoup développée. Dans les années 1990, l’association a récupéré une bâtisse en ruine, à Kfifane (caza de Jbeil), que ses bénévoles ont rénovée et en ont fait un centre d’accueil polyvalent: colonies, soutien scolaire, ainsi que de nombreuses activités culturelles et sportives. Aujourd’hui, l’association s’est développée à l’international, avec Offre Joie Europe, Irak et États-Unis.


Mais tout ce travail n’est possible que grâce aux donations. Ainsi, l’association recueille ses fonds par le biais d’Internet, des soirées de gala, etc. «Offre Joie est un seau qui se remplit à petites gouttes et se vide à grands jets», nous expliquait l’un des fondateurs. Pour les donations, visiter le site web de l’ONG à l’adresse suivante: www.offrejoie.com
«Offre Joie est plus qu’un simple mouvement de bénévoles, c’est un mouvement citoyen qui est à la base d’une nouvelle conception de la société libanaise», souligne Melhem Khalaf. Si aujourd’hui, l’association ne trouve pas encore suffisamment de résonnance dans la société, ses membres ne baissent pas les bras pour autant. Depuis trente ans, Offre Joie continue de se battre parce qu’elle obtient des résultats positifs: «On y arrive à notre échelle, alors pourquoi ne pas réussir au niveau national? Il suffit de le vouloir», conclut-il.

Il est 9h dans le petit village de Kfarmasshouna. D’ordinaire très paisible, le village situé sur les hauteurs de Jbeil est témoin d’une activité inhabituelle près de son école publique. Celle-ci, adossée à l’église du village, est dans un piteux état. Les classes sont sombres, les murs abîmés, et les portes en métal rouillées. Mais depuis le 23 juillet, une cinquantaine de...

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