Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Les rebelles marquent un point à Alep

Homs est intensivement pilonnée, selon les Bérets bleus ; au moins 85 morts hier.

Les rebelles de l’Armée syrienne libre, joyeux, après avoir pris un poste de contrôle à Anadane, ce qui leur permet désormais de relier la métropole du nord à la frontière turque, située à environ 45 km. Iskandar Kat/AFP

Alors que l’armée syrienne a lancé samedi une offensive visant à déloger les insurgés d’Alep, les rebelles syriens ont marqué un point hier en prenant un poste de contrôle clé leur permettant d’acheminer renforts et munitions dans la ville, transformée en champ de bataille. Les rebelles de l’Armée libre syrienne (ASL) ont ainsi pris un poste de contrôle à Anadane, ce qui leur permet désormais de relier la métropole du nord à la frontière turque, située à environ 45 km. « Le poste de contrôle d’Anadane, à cinq km au nord-ouest d’Alep, a été pris à 05h00 après dix heures de combats », a affirmé sur place le général rebelle Ferzat Abdel Nasser, faisant état de six soldats et quatre rebelles tués ainsi que de 25 militaires faits prisonniers. Un passage dégagé vers la Turquie est vital pour les rebelles qui y ont installé le quartier général de l’ASL.


Après trois jours de combats à Alep, une source de sécurité à Damas a affirmé que les troupes régulières avaient repris hier le contrôle d’une partie du quartier de Salaheddine, principal bastion rebelle. Selon cette source, l’armée fait face « à une très forte résistance » et les nombreux tireurs embusqués rebelles « ralentissent le déploiement de l’armée ». Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire rebelle d’Alep, a assuré que les soldats n’avaient « pas avancé d’un seul mètre ». « Nous avons repoussé un nouvel assaut contre Salaheddine dans la nuit et nous avons détruit quatre chars. » Dans la soirée, l’ASL a d’ailleurs indiqué à la chaîne satellitaire al-Jazira qu’elle contrôlait 60 % de la ville.
Al-Jazira a par ailleurs annoncé que l’un de ses journalistes, Omar Khachram, avait été blessé hier à Alep avant d’être hospitalisé en Turquie.


Les bombardements d’Alep et ses environs ont jeté sur les routes ces deux derniers jours quelque 200 000 personnes, selon la responsable des opérations humanitaires de l’ONU, Valerie Amos, qui a demandé que les organisations de secours puissent « accéder en sécurité » à Alep. L’ONG française Médecins du monde (MDM) a pour sa part solennellement appelé les belligérants du conflit à respecter les règles de droit en période de guerre.

Convoi onusien attaqué
Au moins 85 personnes ont été tuées, a rapporté l’autre chaîne panarabe al-Arabiya. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), d’après lequel les violences ont fait dimanche 125 morts, les troupes loyalistes menaient hier perquisitions et arrestations dans plusieurs quartiers de Damas et des environs dont elles ont récemment repris le contrôle. Par ailleurs, un pilote de la Syrian Air a été assassiné dimanche soir alors qu’il rentrait chez lui à Damas après avoir effectué une liaison avec Lattaquié, a indiqué hier une source des services de sécurité.


Le chef des observateurs de l’ONU, le lieutenant Babacar Gaye, a de son côté affirmé avoir constaté « un pilonnage intense » et des dégâts dans les villes de Homs et de Rastane, tenues par les rebelles. Plus tard, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a indiqué qu’un convoi transportant des observateurs de l’ONU dont M. Gaye avait été la cible d’une attaque dimanche. Une porte-parole de l’ONU a précisé que le convoi avait été touché par des tirs à l’arme légère près de Homs, sans dire s’il s’agissait d’une attaque de l’armée régulière. « Heureusement, personne n’a été blessé » grâce au blindage des véhicules de l’ONU, a déclaré M. Ban, ajoutant que « le général Gaye et son équipe ont été pris pour cibles à deux reprises ». Le secrétaire général de l’ONU a précisé que l’attaque s’était produite dans le cadre des « activités de contrôle et de vérification » que la mission de l’ONU (Misnus) continue d’assurer, de manière très limitée.

 « Le bourreau »
Face à l’escalade du conflit, la France, qui prend la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU en août, va demander d’ici à la fin de la semaine une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de cette instance sur le dossier syrien. Invité de la radio française RTL, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a précisé qu’il devrait présider lui-même cette réunion. « Il faut tout tenter », a-t-il fait valoir à propos de la Russie et de la Chine qui ont refusé jusqu’à présent toute résolution contraignante à l’ONU, en mettant en garde contre une extension du conflit syrien aux pays voisins. Laurent Fabius a ajouté craindre un massacre à Alep. « C’est un martyre que subit le peuple syrien et le bourreau s’appelle Bachar el-Assad », a-t-il dit.


Le ministre français a aussi une nouvelle fois écarté l’envoi d’armes aux rebelles par les Occidentaux. « Il y a des armes qui leur sont livrées, d’après les informations qu’on a, à la fois par le Qatar, l’Arabie saoudite, probablement d’autres (...). Mais pas nous. »
Le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan veulent quant à eux « accélérer la transition politique » en Syrie et le départ de Bachar el-Assad, a affirmé la Maison-Blanche après une conversation téléphonique entre les deux dirigeants alliés. MM. Obama et Erdogan ont aussi exprimé leur « inquiétude grandissante vis-à-vis des attaques sans pitié du régime syrien contre son propre peuple, le plus récemment à Alep », a précisé la présidence américaine dans un communiqué.


Parallèlement, l’émissaire du pape à Damas a mis en garde contre le « cancer du conflit » qui se propage à travers le pays.
L’Iran a de son côté averti récemment la Turquie contre toute attaque en territoire syrien, affirmant que Téhéran ripostera « durement » pour venir au secours de son allié, a indiqué hier al-Watan, quotidien proche du pouvoir à Damas.

Conseil présidentiel
Dans le même temps, l’ASL de l’intérieur a appelé hier à la formation d’un conseil présidentiel qui dirigerait la transition après la chute du régime. Dans une première étape, sera constitué un « conseil supérieur de défense regroupant les chefs militaires des villes et des provinces syriennes ainsi que les plus importants officiers ayant fait défection ou ayant participé à la révolution », affirme l’ASL dans son « programme de salut national ». Cette instance choisira d’abord « un conseil présidentiel de six personnalités politiques et militaires pour diriger le pays durant la période transitoire », selon cette feuille de route de l’ASL. L’instance présidentielle devra « proposer des lois, soumises à référendum, pour restructurer les organismes militaires et de sécurité et proposer des solutions pour intégrer les civils qui ont combattu durant la révolution au sein des structures militaires et de sécurité », ajoute le texte.
Rejetant la création à l’étranger d’un « gouvernement de transition », l’ASL insiste sur le fait que « tout gouvernement formé ici ou là n’aura aucune légitimité nationale et révolutionnaire s’il n’est pas approuvé par le commandement de l’ALS à l’intérieur et toutes les véritables forces révolutionnaires sur le terrain ».

 

Reportage

À Alger, les réfugiés syriens évitent de parler politique par peur des « moukhabarate »

 

et aussi, l'interview de Walid JoumblattEn Syrie, c'est un génocide ...

 

 

Analyse

"La bataille d’Alep est symbolique, mais pas décisive"

Alors que l’armée syrienne a lancé samedi une offensive visant à déloger les insurgés d’Alep, les rebelles syriens ont marqué un point hier en prenant un poste de contrôle clé leur permettant d’acheminer renforts et munitions dans la ville, transformée en champ de bataille. Les rebelles de l’Armée libre syrienne (ASL) ont ainsi pris un poste de contrôle à Anadane, ce qui leur...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut