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À La Une - syrie

Si Alep tombe, "le régime de Bachar el-Assad est fini"

Le président syrien et ses proches sont "sur le départ", affirme Erdogan ; Israël renforce sa sécurité le long de sa frontière avec la Syrie.

Une famille syrienne fuyant les violences à Alep, deuxième plus grande ville de Syrie. Bulent Kilic/

L'armée syrienne massait jeudi d'importantes troupes autour d'Alep pour lancer une offensive majeure et reprendre le contrôle de la métropole du Nord, en proie depuis une semaine à de violents combats et devenue un enjeu décisif du conflit.

 

A Damas, où l'armée a reconquis la plupart des quartiers, des affrontements se poursuivaient, notamment dans le quartier Hajar al-Aswad, où sont regroupés les rebelles, après des violences dans le camp palestinien de Yarmouk (sud), selon des habitants et des militants.

 

Jeudi, une cinquantaine de personnes, en majorité des civils, ont à nouveau péri à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

En outre, les corps de 12 insurgés, tués par un bombardement mercredi alors qu'ils aidaient des civils à fuir, ont été retrouvés à Al-Ajami près de la frontière avec la Jordanie, selon l'ONG.

 

Mais les violences ne semblent pas décourager les militants anti-régime qui appellent sur leur page Facebook à de nouvelles manifestations vendredi, comme toutes les semaines, avec pour mot d'ordre "soulèvement des deux capitales" et "la guerre de libération continue".

 

A Alep, deuxième ville de Syrie et poumon économique resté de longs mois à l'écart des violences qui ont fait plus de 19.000 morts depuis mars 2011, se joue une bataille décisive et les troupes préparent une offensive imminente.

 

"Les forces spéciales se sont déployées mercredi et jeudi sur le flanc est de la ville et d'autres troupes sont arrivées en vue de participer à une contre-offensive généralisée vendredi ou samedi" à Alep, où les rebelles contrôlent certains quartiers, a indiqué à l'AFP une source de sécurité.

 

Dans le même temps, 1.500 à 2.000 rebelles sont arrivés de l'extérieur pour prêter main-forte à quelque 2.000 de leurs camarades, a ajouté cette source, selon qui les insurgés se trouvent surtout dans les quartiers périphériques du sud et de l'est et tiennent les routes menant à l'aéroport.

 

(Lire aussi : La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste")

 

 

L'imminence de la contre-offensive a également été confirmée par les rebelles. "Des renforts militaires sont arrivés à Alep et nous nous attendons à tout moment à une offensive majeure", a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL, essentiellement composée de déserteurs) à Alep, le colonel Abdel Jabbar al-Okaidi, joint depuis Beyrouth via Skype.

Selon lui, environ 100 chars et de nombreux autres véhicules militaires sont arrivés à Alep, où un nouveau front s'est ouvert le 27 juillet.

 

Si Alep tombe, "le régime est fini et les deux adversaires le savent", a estimé mercredi Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

 

Le journal Al-Watan, proche du régime, titrait jeudi: "Alep, la mère des batailles".

 

Selon un correspondant de l'AFP, les combattants de l'ASL se sont emparés mercredi du commissariat du quartier Chaar (est), arrêtant des policiers, en blessant certains et en tuant d'autres.

Un camion chargé de cartons portant les inscriptions en arabe "masques à gaz" a d'autre part été vu devant une base des rebelles dans Alep, selon ce correspondant.

Damas avait reconnu lundi pour la première fois posséder des armes chimiques, affirmant qu'elles ne seraient jamais employées contre la population mais menaçant de les utiliser en cas d'intervention militaire étrangère.

 

Avec la recrudescence des violences, la crise humanitaire s'est considérablement aggravée ces "quatre ou cinq derniers jours", ont affirmé des experts de l'Union européenne.

Le nombre de réfugiés entrant en Jordanie est passé cette semaine à 1.300 par jour, contre 400 à 500 il y a quelques semaines. "Les choses vont encore s'aggraver", a affirmé l'un d'eux. "Nous devons passer à la vitesse supérieure, il n'y a pas assez d'argent", a-t-il ajouté.

 

(Lire aussi : Manaf Tlass, futur homme fort de la Syrie ?)

 

Sur le plan diplomatique, l'Arabie saoudite, qui soutient l'opposition, va proposer dans les prochains jours à l'Assemblée générale de l'ONU une résolution qui fera référence à la menace de Damas d'utiliser ses armes chimiques, selon l'ambassadeur saoudien à l'ONU.

Cette initiative fait suite à l'échec jeudi dernier d'une résolution occidentale menaçant Damas de sanctions, à la suite des veto russe et chinois.

 

Le patron de l'ONU Ban Ki-moon a dénoncé un "carnage" en Syrie et fustigé la communauté internationale pour ne pas protéger les civils, lors d'une visite à Srebrenica (Bosnie), où il a déploré l'échec de l'ONU à empêcher le génocide commis en 1995.

 

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius s'est déclaré pour sa part convaincu que "tôt ou tard", Bachar al-Assad "tombera", fustigeant son "comportement abominable".

 

Sur le plan politique, le général dissident Manaf Tlass a dit préparer une feuille de route pour une sortie de crise impliquant d'"honnêtes" gens au sein du régime mais sans M. Assad, dans un entretien au quotidien arabe Asharq Al-Awsat.

 

De son côté, Israël a renforcé la sécurité le long de sa ligne d'armistice avec la Syrie, ont indiqué des sources de sécurité, ajoutant que de nombreux soldats avaient été envoyés sur le plateau du Golan, "officiellement pour s'entraîner mais ils seront là si quelque chose se passe".

 

Parallèlement, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé jeudi que Bachar el-Assad et ses proches sont "sur le départ" et des préparatifs sont en cours pour une "nouvelle ère" en Syrie.

Le chef du gouvernement turc a ajouté que la Turquie pourrait agir contre une organisation terroriste dans le nord de la Syrie s'il la considère comme une menace, faisant allusion aux combattants séparatistes kurdes supposés actifs dans la région. "Nous ne permettrons pas à un groupe terroriste d'établir des camps dans le nord de la Syrie et de menacer la Turquie", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Ankara. "S'il faut prendre une mesure contre ce groupe terroriste, nous la prendrons résolument", a-t-il ajouté avant de s'envoler pour Londres.

 


 

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