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À La Une - Crise

La menace chimique plane sur la crise syrienne

Vives réactions internationales ; l’armée contrôlerait la capitale, plusieurs quartiers d’Alep « libérés ».

Ce char détruit par les rebelles dans le quartier d’Erbeen, à Damas, témoigne de la férocité des combats dans la capitale syrienne. Shaam News Network/Reuters

Le régime syrien a reconnu hier pour la première fois posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser. Le porte-parole des Affaires étrangères syriennes, Jihad Makdessi, a prévenu que ces armes non conventionnelles « stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées (...) ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère ». Il a toutefois assuré qu’elles ne « seront jamais, jamais, utilisées contre nos citoyens, quelle que soit l’évolution de la crise ».

 

Par la suite, les Affaires étrangères ont publié une mise au point dans laquelle elles nuançaient les propos du porte-parole, soutenant que « ces armes, si elles existent, il est naturel qu’elles soient stockées et sécurisées ».

 

Les condamnations internationales ne se sont pas fait attendre ; le président américain Barack Obama a prévenu le régime Assad qu’il commettrait une « erreur tragique » et devrait rendre des comptes s’il utilisait ses armes chimiques. Pour le Pentagone, les Syriens « ne devraient même pas penser une seule seconde à faire usage d’armes chimiques ». Berlin a qualifié cette menace de « monstrueuse » et Londres l’a jugée « inacceptable ». L’UE, elle, s’est dit « profondément inquiète du recours potentiel » à ces armes. Et pour le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, un recours aux armes chimiques par la Syrie serait « répréhensible ».

 

Ces derniers jours, Israël a également exprimé son inquiétude sur les armes chimiques et sur un éventuel transfert de cet arsenal, et prévenu qu'il ne pouvait pas "accepter" que des armes chimiques tombent aux mains du Hezbollah.

"Peut-on imaginer que le Hezbollah dispose d'armes chimiques, c'est comme si el-Qaëda avait des armes chimiques", a affirmé Premier ministre Benjamin Netanyahu à la chaîne de télévision américaine Fox lundi. "C'est une chose inacceptable pour nous, pour les Etats-Unis, et nous devrons agir pour l'empêcher s'il en est besoin" a prévenu M. Netanyahu.

 

 

(Lire aussi : L’arsenal chimique syrien, l'inconnue qui inquiète le monde)

 

 

À Ankara, le président du Conseil national syrien (CNS), Abdel Basset Sayda, a prévenu que le régime syrien était tout à fait capable d’utiliser son stock d’armes chimiques, a rapporté l’agence de presse Anatolie. « Un régime qui massacre les enfants, qui viole les femmes, peut aussi bien utiliser des armes chimiques », a-t-il ainsi déclaré, au sortir d’un entretien avec le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. M. Sayda a appelé la communauté internationale à empêcher une telle éventualité.

 

Il a par ailleurs accusé certains groupes kurdes de Syrie proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie) de travailler main dans la main avec Damas dans certaines zones de peuplement kurde dans le nord du pays.

 

Après le lancement de la « bataille de libération de Damas » il y a une semaine et celle d’Alep dimanche, le CNS a demandé aux rebelles de redoubler d’efforts. Le régime « vacille » mais « ne se rendra pas facilement », a dit le porte-parole du CNS, George Sabra. « Ce qui se passe à Damas et Alep, et d’autres villes syriennes, depuis plusieurs jours constitue une étape cruciale pour établir une nouvelle phase de l’histoire de notre pays, et de la région aussi », a-t-il estimé.

 

Les exactions se multiplient

Sur le terrain, après une semaine de violents combats à Damas, des opposants de l’intérieur et les autorités ont affirmé que l’armée avait repris le contrôle de la plus grande partie de la capitale, les rebelles adoptant désormais une stratégie de harcèlement. « Malheureusement, l’armée du régime a repris le contrôle de la quasi-totalité de la capitale, il y a encore des accrochages à Qadam et Daraya », a affirmé l’un des opposants. Les opérations de l’armée se résument désormais à des perquisitions, « à la recherche de terroristes cachés », d’après une source de sécurité. Pour M. Makdessi, les combats qui ont secoué la capitale sont un fait « passager » et les choses reviendront « à la normale » en moins de deux jours. « La bataille pour la libération de Damas se poursuit » et une seconde phase « se traduira par des attaques qui vont frapper le régime », a indiqué en revanche un autre opposant se présentant sous le nom d’Ahmad al-Midani.

 

Les exactions se sont multipliées dans la capitale avec au moins 23 personnes, en majorité âgées de moins de 30 ans, « exécutées sommairement » par balles dimanche par les forces régulières, certains portant des marques de torture, selon l’Organisation syrienne des droits de l’homme (OSDH). L’Organisation décrit des victimes à la tête écrasée par des véhicules, les corps parfois transpercés par des baïonnettes ou les mains ligotées. Amnesty international a appelé les protagonistes à épargner les civils, alors que l’organisation War Child a accusé la communauté internationale d’avoir échoué à protéger les enfants, victimes directes du conflit.

 

Entre-temps à Alep, les combats intenses se poursuivaient. Un responsable du conseil militaire rebelle, le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, a affirmé que les insurgés avaient « libéré » plusieurs quartiers de la ville, l’armée continuant de bombarder ces secteurs de l’extérieur. Il s’agit notamment des quartiers de Salaheddine, Chaar, Hanano City, Tarik al-Bab et cheikh Najjar. « Il y a un grand mouvement d’exode », selon l’OSDH. Dans la région de Homs, un hélicoptère a mitraillé en soirée la localité de Boueida, détruisant plusieurs maisons. Par ailleurs, un obus de mortier tiré lors des combats s’est abattu à 400 mètres de la frontière avec Israël, sur le plateau du Golan.

 

Face à l’escalade des violences qui ont encore fait hier au moins 54 morts à travers le pays, le président russe Vladimir Poutine, un allié de Damas, a mis en garde contre une guerre civile de longue durée en Syrie dans l’hypothèse où M. Assad était destitué du pouvoir de manière « inconstitutionnelle ». Il a aussi de nouveau estimé que la crise syrienne devait être résolue par des négociations et non par les armes. La Syrie a en outre été au centre d’un entretien entre le roi du Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, et le président français, François Hollande, a indiqué le ministre des Affaires étrangères bahreïni, cheikh Khaled ben Ahmad al-Khalifa. D’autre part, la Turquie a rappelé à Ankara pour consultations son consul à Alep, a affirmé une source diplomatique turque.

 

Enfin, sur le plan humanitaire, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a donné instruction aux autorités frontalières d’autoriser l’entrée des réfugiés syriens, a annoncé un responsable irakien.

Le régime syrien a reconnu hier pour la première fois posséder des armes chimiques et menacé de les utiliser. Le porte-parole des Affaires étrangères syriennes, Jihad Makdessi, a prévenu que ces armes non conventionnelles « stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées (...) ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère ». Il a toutefois assuré qu’elles...
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