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Culture - Théâtre

« Petits Crimes conjugaux » d’Éric-Emmanuel Schmitt

L’amour, le couple, entre déchirements et attachement, vérité et mystère. Tel est le propos d’Éric-Emmanuel Schmitt dans « Petits Crimes conjugaux », une pièce interprétée par la Compagnie théâtrale du Collège protestant sur les planches de la salle Montaigne*.

Houda Ghazi et Michel Moppert, un duo convaincant... Photo Nasser Traboulsi

Victime d’une chute accidentelle, Gilles (Michel Moppert), écrivain, est atteint d’amnésie. Après un séjour à l’hôpital, voilà qu’une femme (Houda Ghazi) qui prétend être son épouse le ramène chez eux. Chez lui, où il essaie de retrouver ses repères, ses souvenirs, sa personnalité. Qui est-il? Quel genre de mari était-il? Quels défauts avait-il? Étranger à lui-même, Gilles tente de recomposer son existence à partir des réponses que lui donne Lisa. Mais cette dernière est-elle bien sa conjointe? Lui dit-elle la vérité? Leur couple est-il aussi parfait que l’image qu’elle veut lui en donner?
Malgré le décor intimiste – un salon aux lumières tamisées –,
la scène à laquelle se livrent Gilles et Lisa est d’une férocité implacable ! Un échange à huis clos de doutes, de contrevérités, de ruses, de manipulations et de mises à l’épreuve dont le couple ne sortira pas indemne!
Mettre leurs pas dans ceux de Charlotte Rampling et Bernard Giradeau, créateurs des rôles de Petits Crimes conjugaux en 2003 au théâtre Édouard VII à Paris, est une gageure que n’ont pas eu peur de relever Houda Ghazi et Michel Moppert. Ces deux membres fondateurs de la Compagnie théâtrale du Collège protestant (troupe de comédiens amateurs issus du corps professoral et administratif de l’institution), passionnés de beaux textes et vouant une admiration particulière pour ceux d’Éric-Emmanuel Schmitt, n’ont pas résisté à l’envie d’interpréter (après Le Visiteur, du même auteur, l’année dernière) cette histoire de couple qui débute comme une enquête identitaire, enchaîne sur un règlement de comptes et se poursuit en mode psychologique.

Privilégier le mystère
du couple à sa vérité
Une pièce qui développe, comme toujours chez ce dramaturge et romancier franco-belge, des dialogues d’une étourdissante finesse, à la fois porteurs d’une réflexion existentielle et enjoués, riches en formules pertinentes et de mots d’esprit, aux réparties bondissantes et néanmoins profondes. Une pièce pétillante en somme, en dépit de la noirceur de la vision du couple qu’elle exprime.
Car dans Petits Crimes conjugaux, il y a le mot crime. Et celui-ci est conjugué à tous les temps. «Tu m’aimes, tu me tues!» s’exclame Gilles «Je t’aime, ça me tue!» répond Lisa, sa femme. Tout est dit!
Le couple, un tue-l’amour? L’idée est largement répandue. Et Éric-Emmanuel Schmitt ne la contredit pas, loin de là. Cependant, cet auteur, à qui certains reprochent son trop-plein de bons sentiments, ne peut s’empêcher de terminer sur une note positive, en prêchant une façon de vivre le «mystère» de la relation plutôt que sa «vérité»... Car au fond connaît-on réellement celui ou celle qui partage notre vie?
Le jeu de Houda Ghazi (qui a également signé l’adaptation et la mise en scène) et de Michel Moppert est fluide, nuancé, porté par une habile expression gestuelle et faciale.
Bref, avec Petits Crimes conjugaux, les amateurs de belles pièces à textes francophones – et de conjugalité – sont servis!

*Salle Montaigne, Institut français (rue de Damas), dernière représentation ce soir, à 20h. Entrée libre.
Victime d’une chute accidentelle, Gilles (Michel Moppert), écrivain, est atteint d’amnésie. Après un séjour à l’hôpital, voilà qu’une femme (Houda Ghazi) qui prétend être son épouse le ramène chez eux. Chez lui, où il essaie de retrouver ses repères, ses souvenirs, sa personnalité. Qui est-il? Quel genre de mari était-il? Quels défauts avait-il? Étranger à...

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