Le rapport dénonce aussi l’augmentation de la violence, en dépit de la présence des observateurs de l’ONU. « Des hélicoptères de combat et l’artillerie ont été utilisés dans le bombardement de quartiers entiers considérés comme antigouvernement, même pendant la présence des observateurs, comme cela s’est produit à Deir ez-Zor et Alep en mai 2012 », donnent-ils en exemple.
Ils font également le point sur le massacre de Houla, bien qu’ils n’aient pas été autorisés à se rendre sur place. Après des mois d’attente, le président de la commission, le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro, a pu se rendre en Syrie les 23 et 25 juin, mais n’a pas pu se rendre à Houla, où au moins 108 personnes ont péri le 25 mai. Selon les interrogatoires menés par les experts, trois parties auraient participé aux violences qui ont eu lieu durant plus de 24 heures dans la localité de Taldou, à près de 6 km au sud de Houla : les chabbiha ou d’autres milices prorégime ayant l’approbation du gouvernement, des forces antigouvernementales qui voulaient accroître l’escalade de la violence ou des groupes étrangers. Toutefois, la commission estime que « les forces loyales au gouvernement pourraient avoir été responsables d’un grand nombre des morts ».
Selon le rapport de la commission d’enquête, les actes de torture, notamment sur des enfants, se poursuivent. Ces derniers sont également trop souvent victimes des tirs de francs-tireurs, selon le rapport. Les enquêteurs dénoncent également des violences sexuelles commises sur des hommes, femmes et enfants par les forces du gouvernement ainsi que par les chabbiha.
Peu après la présentation de ce rapport, l’ambassadeur syrien auprès de l’ONU, Faisal Khabbaz Hamoui, a quitté les débats au Conseil, dénonçant la « politisation flagrante » de la séance.
Genève samedi
Alors que son plan de sortie de crise est au point mort, le médiateur Kofi Annan a annoncé une réunion samedi à Genève rassemblant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne). Des invitations ont été également adressées à la Turquie et à l’Union européenne. Le Qatar, le Koweït et l’Irak sont aussi conviés au titre de leur rôle au sein de la Ligue arabe. En revanche, l’Iran, proche allié de Damas, n’a pas été invité alors que Moscou demandait sa participation. Washington avait dénoncé le rôle « non constructif » de Téhéran dans cette crise. Mais M. Annan « rendra compte » à l’Iran des résultats de la réunion afin de s’assurer que Téhéran « reste impliqué » dans la recherche d’une solution en Syrie, a précisé un porte-parole.
Les négociations internationales « continuent » sur la Syrie « et samedi à Genève », afin d’obtenir une « action ferme » de l’ONU « possiblement via une résolution sous le chapitre VII » permettant des mesures coercitives, a déclaré Laurent Fabius hier. Cette réunion doit permettre d’aboutir à « une position commune sur les principes et étapes d’une transition démocratique », a en outre indiqué le Quai d’Orsay.
Par ailleurs, la Turquie, malgré son ton menaçant ces derniers jours contre Damas qui a abattu l’un de ses avions de combat, a affirmé qu’elle n’avait pas l’intention d’attaquer son voisin, tout en promettant de répondre « de la manière la plus forte » à tout nouvel « acte hostile ».
Violences et Maison-Blanche
Sur le terrain, les violences faisaient toujours rage, au moins 82 personnes ayant trouvé la mort hier, selon la chaîne satellitaire al-Jazira. Dans la matinée, dans une attaque inédite visant une chaîne de télévision officielle près de Damas, trois journalistes et quatre gardiens du siège d’al-Ikhbariya ont été tués et « d’autres personnes enlevées par (des) terroristes », selon l’agence officielle SANA. « Les groupes terroristes armés ont (...) déposé des charges explosives dans des locaux et incendié d’autres. Ils ont tué des journalistes en tirant sur eux », a affirmé le ministère de l’Information. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a quant à lui parlé d’ « une attaque aux obus » contre al-Ikhbariya qui a continué à diffuser ses programmes. Les médias en Syrie sont officiels ou proches du régime et, comme ce dernier, ne reconnaissent pas l’ampleur de la contestation assimilée à du « terrorisme ».
Les États-Unis ont dénoncé cette attaque en soulignant « condamner tous les actes de violence, y compris ceux qui ciblent des éléments du régime ». Reporters sans frontières (RSF) et Amnesty International ont également souligné séparément que les médias ne devaient pas être pris pour cibles, même s’il s’agissait d’instruments de propagande.
L’attaque intervient au lendemain de violents combats entre armée et rebelles tout près de Damas, autour de positions de la garde républicaine en charge de protéger la capitale, selon l’OSDH. Les rebelles mènent des offensives de plus en plus audacieuses contre l’armée, qui continue de bombarder intensément les fiefs insurgés, selon les militants. Hier, des rebelles ont ainsi lancé une attaque près d’un aéroport militaire à Alep, selon l’OSDH.
Le Conseil national syrien a dénoncé de son côté un « génocide » à Deir ez-Zor, touchant aussi les enfants.
(Sources : agences et rédaction)
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