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Technologies

Les jusqu’au-boutistes peinent à s’y résoudre

Ils sont plus de 400 000 usagers jusqu’au-boutistes en France à devoir se résoudre à éteindre le 30 juin leur Minitel, symbole du dynamisme des télécommunications françaises à sa naissance il y a 30 ans, mais désormais outil vieillot d’un passé révolu.
« C’est un crève-cœur pour moi, mon Minitel, c’était sacré, c’était une belle aventure », soupire Solange Gieux, gestionnaire d’une ferme d’élevages à Vitré (Ille-et-Villaine). Le Minitel était « très simple à utiliser et très peu onéreux. C’est dommage qu’on nous enlève un outil comme ça, je ne comprends pas ».
Elle fait partie de quelque « 420 000 utilisateurs du Minitel répartis dans toute la France », précise une porte-parole de France Télécom. La plupart toutefois ne s’en servent que « de façon ponctuelle » avec « au moins une connexion par an ».
Mais les usagers réguliers, parfois installés dans des régions non desservies en haut débit, bien éloignés de ces quelque 60 % de Français qui vivent à l’ère du wifi, devront consentir un effort d’adaptation à l’ordinateur ou aux tablettes. Non sans appréhension.
Pour Solange Gieux, 52 ans, il n’était « pas question d’investir dans l’ordinateur », « trop compliqué » et sur lequel « il faut taper ceci, il faut taper cela ». Le « Minitel c’était le top ».
Elle veut garder l’objet « comme un objet précieux, pour faire savoir à (ses) petits-enfants plus tard avec quel outil on travaillait ». « Peut-être pourront-ils s’amuser avec », espère-t-elle.
À une dizaine de kilomètres, à Taillis, une autre exploitante agricole s’était mise un temps à l’ordinateur jusqu’à une panne qui l’a ramenée vers le petit écran marron : « Je l’utilise alternativement avec Internet pour appeler un inséminateur, pour déclarer des veaux ou voir les index des vaches et consulter la météo », explique Françoise Herbert.
« Ces éleveurs y trouvaient un intérêt parce que souvent c’était pour faire des opérations rapides : appeler un inséminateur ou un équarrisseur, nous informer qu’il y a eu une naissance dans l’élevage. Ils tapaient un numéro et tout de suite ils accédaient à des services », relève Alain Bazire de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Villaine.
Mais les éleveurs ne sont pas les seuls à redouter la disparition du très discret Minitel : « Les adeptes des messageries roses l’appréciaient parce qu’il n’y a pas d’intrusion sur le Minitel, le réseau est bien sécurisé », explique Gorges Gallet de l’Association armoricaine de recherches historiques sur les télécommunications, qui prévoit des festivités le 30 juin à l’Espace Ferrié, qui abrite le musée des transmissions, à Cesson-Sévigné (Ille-et-Villaine).
« Je comprends très bien leur attitude : ce sont des gens qui n’ont pas envie d’être harcelés par des messages commerciaux une fois connectés sur un site, qui veulent préserver leur vie privée, leur anonymat. Ce sont des fonctions qui manquent sur Internet », relève Bernard Marti, 69 ans, un des pères fondateurs du Minitel.
Ils sont plus de 400 000 usagers jusqu’au-boutistes en France à devoir se résoudre à éteindre le 30 juin leur Minitel, symbole du dynamisme des télécommunications françaises à sa naissance il y a 30 ans, mais désormais outil vieillot d’un passé révolu.« C’est un crève-cœur pour moi, mon Minitel, c’était sacré, c’était une belle aventure », soupire Solange...
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