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Liban - Commémoration

Au BIEL, émouvant hommage à « la vision de Nassib Lahoud »

Le Renouveau démocratique s’engage à perpétuer le projet de Nassib Lahoud pour la démocratisation du Liban, autour duquel politiques de tous bords, ou presque, se sont solidarisés hier.
Le pavillon du BIEL a recouvré hier la sobriété, noble et réfléchie, qui avait caractérisé, en septembre 2007 et dans la même enceinte, l’annonce de la candidature de Nassib Lahoud à la présidence de la République. Cinq ans plus tard, l’ancien ministre et député décède, et sa « Vision pour la République » devient une norme de démocratisation, un repère pour l’avenir et surtout un « modèle », la preuve certaine qu’un changement est possible. Et que la dignité de ceux qui résistent à la dégradation du système est le gage du rêve réalisable.
C’est ce que défendent avec plus ou moins de vigueur et que reconnaissent certainement les personnalités venues commémorer la disparition de Nassib Lahoud, fondateur et président du Mouvement du Renouveau démocratique. « Ce n’est pas un hommage que nous rendons à Nassib, lui qui s’en dérobait de son vivant, a commencé par déclarer le secrétaire du RD, Antoine Haddad. Mais son vœu implicite est de nous voir œuvrer, amis et camarades, pour reprendre sa lutte, longue et riche, afin d’y puiser les leçons, comme bagage pour l’avenir. »
C’est là l’enjeu de la rencontre autour de la mémoire de Nassib Lahoud, dont Antoine Haddad rappelle les idées forces, endossées aujourd’hui, et avec une détermination accrue, par le Renouveau démocratique. « Le Liban moderne, indépendant et développé ne saurait être sans des partis politiques qui transcendent les communautés et les régions, et se démarquent des influences étrangères. Voilà la vision de Nassib Lahoud, et c’est ce que nous ferons », souligne M. Haddad. Le RD s’engage ensuite pour « la réforme sérieuse (...), le développement démocratique et la reconversion progressive vers l’État civil », tout comme s’y était engagé en 2007 Nassib Lahoud, détaillant dans son programme les stratégies garantes de la démocratie, rasant la corruption, reliant la justice sociale au redressement économique et s’appuyant sur le triptyque État-secteur privé-société civile. Un projet qui trouve toute sa valeur « dans le cadre du printemps arabe (...) notamment en Syrie ». Insistant sur « l’indépendance du RD », Antoine Haddad a rejeté toute neutralité lorsqu’il s’agit de défendre la souveraineté de l’État libanais. Il a tenu à saluer à cet égard le président de la République Michel Sleiman, parrain de l’événement, « pour sa défense de la paix civile, comme moyen d’affermir l’indépendance ».

 « Un homme au-dessus des clivages »
Se rappeler ainsi les idées et l’action de Nassib Lahoud, puisées dans l’avenir, c’est comprendre les paroles nuancées, d’un émouvant lyrisme, choisies par les intervenants pour dépeindre fidèlement le portrait de l’homme, « un grand, à une époque où les hommes sont rares ». « Le testament de Nassib Lahoud, ou le passé que nous accueillons pour l’avenir ». C’est ainsi que l’uléma chiite Hani Fahs a entamé avec éloquence son discours, profondément littéraire. « Je viens témoigner de Nassib Lahoud, le maronite laïc, alors que nous sommes départagés sur le printemps arabe entre les nez bouchés, insensibles au jasmin, et les paresseux, cultivant une terre qui n’est pas la leur. Je témoigne de ma capacité à percevoir, en Nassib Lahoud et ses semblables, la vision du Liban espéré. » L’uléma relate ensuite qu’en 2007, il avait découvert un homme, candidat à la présidence, « qui se trouve à la tête d’un groupe auquel il est lui-même subordonné ». « Depuis, je le perçois comme mon président de la République », a ajouté Hani Fahs qui a évoqué sur ce plan un fait, à l’époque des législatives de 1995, dont il suivait les résultats avec la députée du courant du Futur Bahia Hariri. À l’annonce de la victoire de Nassib Lahoud au Metn, celle-ci remercia Dieu. Étonné de cette réaction, Hani Fahs lui rappela que « ce n’est pas un candidat de votre bord ». Il s’est vu alors rétorquer : « Nassib Lahoud est au-dessus des clivages. » « Il a préféré la dignité sans siège parlementaire au siège dépouillé de dignité », a ajouté Hani Fahs, résumant ainsi les rapports qu’il entretenait avec les deux camps du 14 et du 8 Mars.

Apprivoiser la maladie
C’est sur ce point que s’est attardé le député Boutros Harb, insistant sur l’idée que « Nassib Lahoud a brisé le concept de l’étroite politique (...) en prouvant que l’exercice politique est celui de la culture, de la connaissance et de la responsabilité ». Sa lutte humble contre la maladie « nous a appris à adopter la blessure, vivre en harmonie avec la douleur et poursuivre la route sans jamais abandonner ». Un précepte qui épouse les enjeux régionaux actuels et leurs répercussions sur une scène interne d’une frêle immunité. Ainsi, le vice-président du RD Misbah Ahdab a décrit les accrochages de Tripoli comme « un affront entre axes et non entre communautés ». À l’heure où « les dictatures s’effritent jusqu’à la disparition », le Liban se trouve devant un temps de réflexion par excellence, « un délai pour l’autocritique et pour repenser le discours politique, à travers l’éthique du dialogue et du vivre-ensemble ».

Repenser le passé, pour une politique digne
Sans doute cette éthique est-elle au cœur du « rêve de réforme qu’incarnait Nassib Lahoud », selon l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. Un rêve que le chef du bloc parlementaire du Futur aurait aimé partager avec l’homme politique, « qui réunissait de multiples idéaux (...) sous l’insigne de la noblesse ». Et ses choix, quoi qu’en fût le prix, étaient mus par « le libéralisme contre l’obscurantisme ».
L’intervention du leader du Front de lutte nationale Walid Joumblatt, dont a donné lecture Doreid Yaghi, a d’abord loué « l’allure à la fois prestigieuse et modeste de Nassib Lahoud, qui a su se retrouver à une époque funeste ». Il s’est ensuite centré sur la situation en Syrie, réitérant ses mises en garde contre une volonté de contagion de la crise syrienne. « Le souvenir du parcours de ce grand homme et des martyrs s’impose pour notre propre salvation et celle du pays. »
La cérémonie aura marqué un écart avec les slogans creux et les émotions imprégnées de démagogie. Parmi les jeunes du RD, Chafic Mourad exprime la détermination du mouvement à mettre en œuvre ses assises de modernisme. Un début, sans doute, pour perpétuer une vision, longtemps en mal d’appuis concrets...
Le pavillon du BIEL a recouvré hier la sobriété, noble et réfléchie, qui avait caractérisé, en septembre 2007 et dans la même enceinte, l’annonce de la candidature de Nassib Lahoud à la présidence de la République. Cinq ans plus tard, l’ancien ministre et député décède, et sa « Vision pour la République » devient une norme de démocratisation, un repère pour l’avenir et...

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