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À La Une - Hommages

Ghassan Tuéni désormais...

Ghassan Tuéni est mort et il a bien fait : ses dernières années, nous le savons tous, ont été parmi les plus difficiles qu’un homme puisse vivre sans s’effondrer totalement. Et, malgré les épreuves qu’il a connues, il est resté debout tant qu’il a pu. Face à la mort de ses êtres proches, face même à l’assassinat de son proche le plus proche, Gebran, son fils. Il y eut dans son destin final du christique. Je suis de ceux qui sont aujourd’hui satisfaits qu’il puisse enfin reposer en paix au pied de ses croix, dont sa propre maladie.
Mais combien il va désormais nous manquer, manquer à ce Liban qu’il a tant illustré et si admirablement servi tout au long de sa vie ! Par la plume, par la réflexion toujours vive, toujours alertée, jamais serve. Et, en un temps d’incandescence et d’incendie, quand le feu du ciel semblait tomber de partout sur la terre du Cèdre, par la diplomatie qu’il a exercée au plus haut niveau qui soit, à l’ONU, où, nommé ambassadeur, il a défendu pouce à pouce la patrie que des ennemis malfaisants et des amis qui l’étaient au moins autant nous arrachaient chaque jour sous nos pieds. Ghassan a consigné son combat dans des livres qui font partie des archives de notre douleur. Dans le même temps, il a constitué, par ses flamboyants éditoriaux, un rempart au moins d’intelligence face aux agissements irresponsables des naufrageurs de l’intérieur, ceux qui ont si aveuglement œuvré à l’échouement de notre trirème nationale dans les sables où elle s’est enlisée et dont elle n’est plus sortie depuis. Je le sais pour en avoir parfois discuté avec lui : la destruction du Liban a été également pour lui l’un des malheurs intimes dont on se relève mal. Pour les hommes de profonde culture dont il était, celle-ci, la culture, visage de la civilisation du cœur, est la seule mesure de la vie.
C’est cette mesure-là que Ghassan Tuéni, action et réflexion, a toujours si magnifiquement personnifiée, qui nous sera privation désormais du fait de sa disparition. Mais je ne crois pas qu’il ait vraiment disparu. Si noire que soit notre nuit – nuit dans nos âmes, nuit sur notre région –, il était porteur de trop de lumière pour que celle-ci ne continue pas de nous indiquer l’étroit chemin.

Ghassan Tuéni est mort et il a bien fait : ses dernières années, nous le savons tous, ont été parmi les plus difficiles qu’un homme puisse vivre sans s’effondrer totalement. Et, malgré les épreuves qu’il a connues, il est resté debout tant qu’il a pu. Face à la mort de ses êtres proches, face même à l’assassinat de son proche le plus proche, Gebran, son fils. Il...

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