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Campus - Liban

Conflits entre étudiants : « Normaux » à condition de savoir les gérer

Des discussions qui dégénèrent en bousculades. Des disputes qui se transforment en rixes. Comment endiguer la recrudescence de la violence dans les facs ? Tania Ghorra, experte en communication non violente et médiatrice en gestion des conflits, fournit des explications et des solutions à ce problème qui se pose.

Mme Tania Ghorra.

Question – Comment expliquez-vous la recrudescence de la violence dans les universités ces derniers mois ?
Réponse – Ce qui est arrivé récemment dans les universités n’est autre qu’un petit éclat comme il y en a eu dans le passé. Cela arrive à chaque fois qu’il y a une crise au Liban, l’université étant le premier lieu où le jeune en état de devenir adulte se sent assez mature pour exprimer son point de vue et ses préjugés, d’une manière assez arrogante, au risque de provoquer ses interlocuteurs qui ne sont pas du même avis ou qui ont d’autres affinités politiques. Le clash qui a eu lieu dernièrement n’est autre que le miroir de la société.

Que préconisez-vous pour prévenir les altercations entre les étudiants et éviter que de tels accrochages ne se reproduisent ?
Il serait très mauvais de bannir le discours politique dans les campus car l’université est le seul endroit où les débats sont ouverts neuf mois de l’année. Pour éviter les conflits, il faut savoir communiquer avec l’autre, même s’il est différent. Il faut savoir accorder à l’autre le « crédit » de sa crédibilité et l’accepter avec ses différences, et cela avant que les préjugés n’interviennent. Le conflit est un phénomène normal, inhérent à la nature humaine, qu’il faut savoir gérer.

Que conseillez-vous aux universités pour une meilleure gestion des conflits entre les étudiants ?
Il faut que chaque université mette en place un bureau de résolution des conflits qui serait un espace de dialogue et d’ouverture. La tâche des professionnels en médiation est de communiquer avec les étudiants pour les aider à s’accepter mutuellement. Par ailleurs, il faut également organiser des séminaires pour les profs et des tables rondes entre les jeunes.

Après un accrochage plus ou moins violent entre des étudiants, comment faire pour poursuivre normalement les cours ?
À chaque fois, hélas, c’est le même scénario : les responsables politiques interviennent pour calmer le jeu. Les personnes sur le terrain, elles, ne font pas partie intégrante de la solution. Or cela ne résout pas le problème. Il est urgent, après un conflit, de faire une séance de médiation entre les parties concernées. Le dialogue viendra en deuxième lieu. Le but de la médiation est de donner satisfaction aux deux parties ou de trouver un compromis au pire des cas.

Quelles sont les qualités d’un médiateur ?
Le médiateur ne doit pas faire partie du milieu universitaire. Les personnes qui travaillent dans l’enceinte du campus – professeurs, directeurs, surveillants – ne doivent pas intervenir et ne doivent pas être partie au conflit. Le médiateur doit être un professionnel dans la gestion des conflits, absolument neutre et ayant une vision globale des choses pour pouvoir mener les négociations rondement. Il peut être par exemple un avocat spécialisé dans la médiation et dans la communication non violente.

Qu’est-ce que la communication non violente ?
Les moyens de communication non violente (CNV) et de médiation sont des techniques que l’on apprend à manier et à appliquer. Une des clés de la CNV est d’apprendre à observer sans juger et à cerner les sentiments (joie, colère, peur, tristesse) derrière l’expression verbale pour comprendre l’autre et arriver à formuler clairement des envies et des demandes positives. Il serait utile pour les professeurs de faire des stages dans ce domaine. Ils pourront par la suite partager leur savoir avec leurs étudiants.

Un dernier mot ?
On observe une prise de conscience chez les éducateurs et les professeurs, bien qu’ils n’aient ni les outils ni les moyens pour gérer les conflits. D’un autre côté, les jeunes sont conscients que les dérapages peuvent mener loin. Cela permet de rester optimiste.

Propos recueillis par
Karine HAYEK GERMANI
Question – Comment expliquez-vous la recrudescence de la violence dans les universités ces derniers mois ? Réponse – Ce qui est arrivé récemment dans les universités n’est autre qu’un petit éclat comme il y en a eu dans le passé. Cela arrive à chaque fois qu’il y a une crise au Liban, l’université étant le premier lieu où le jeune en état de devenir adulte se sent assez...
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