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Lifestyle - Événement

Chaud, le show de Madonna à Abou Dhabi

Un concert ? Non, c’est plutôt un spectacle multimédia, aux allures de messe noire, de débâcle sanglante et de messages codés tous azimuts que Madonna offre, avec agressivité et nombrilisme, à ses fans dans le cadre de son MDNA World Tour. Petite chronique de son escale de deux jours aux Émirats arabes unis.

Madonna provocatrice comme toujours... à Abou Dhabi. Marwan Naamani/AFP

Près de 50 000 spectateurs auraient assisté aux deux concerts de Madonna au Yas Island Arena d’Abou Dhabi, deuxième escale suivant le lancement de son MDNA World Tour, la 9e tournée mondiale de la star qui englobe 80 spectacles dans une trentaine de pays. Elle avait profité de sa première étape à Tel-Aviv, choisie en raison de ses croyances ésotériques kabbalistiques, pour faire, dit-elle, un plaidoyer en faveur de la paix au Proche-Orient.
Aux Émirats, sur une scène bâtie spécialement pour elle à des proportions gigantesques, Madonna s’est très peu adressée directement au public, se contentant d’un « Ladies and gentlemen... it’s too damn hot ! » (« Mesdames et messieurs ! Il fait bigrement chaud »). Puis d’un « We will have fun anyway ». Et ensuite d’un « Let’s live dangerously ».

 

Euh... oui, Madge, mais tu sais ici, dans cette partie du monde, nous vivons tous les jours en danger...


Croyant pouvoir choquer (après tout, c’est sa marque de fabrique), elle brandit un arsenal militaire assez substantiel (entre kalachnikov, petites et grandes armes à feu) qu’elle pointe en direction du public... et tire ! Le public, dans son point de mire, ne réagit pas trop. Il a l’air assommé, à vrai dire. Par la chaleur, frisant les 40 degrés malgré les ventilateurs et les humidificateurs déployés par les organisateurs de Flash Entertainement ? Par l’attente qui aura duré presque deux heures, accablante même si le DJ Beni Benassi a assuré le pré-show ? Ou bien par ce trop-plein d’images, de vidéoclips, de danses, de mises en scène de tabous en tout genre allant du sexe à l’alcool en passant par les religions et la politique, le tout baignant dans une violence assez SM ? Quoi qu’il en soit, une bonne partie du rang VVIP a quitté les lieux à peine une quinzaine de minutes après le début du spectacle. Même la foule amassée devant le stage s’est un peu dispersée sur les bords. Les autres spectateurs suivaient le spectacle caméras et portables au poing, sirotant des bières ou de l’eau, munis de miniventilateurs à batterie, poussant un peu le zèle à se trémousser deux minutes. Pas plus. « La chaleur ne s’y prête pas trop et le show est tellement intrigant qu’on n’en rate pas une miette », note Rabih, un Britannico-Jordanien vivant à Dubaï.


Si les thèmes et les codes ont échappé un peu aux spectateurs (d’autant plus que certains étaient en hébreu), la chorégraphie, elle, a forcé l’admiration, de même que la mise en scène signée par Michel Laprise, du Cirque du Soleil. C’est dire un peu la magie du spectacle. Sauf que, car il y a bien un hic, de nombreux fans se sont déclarés déçus.
« Parce que soixante pour cent du show était en play-back, parce qu’elle n’a pas chanté ses plus grands hits, se contentant de faire un mash-up de Vogue, Open Your Heart, Like a Prayer et Like a Virgin, cette dernière en version pleurnicharde méconnaissable », analyse Marwan, un Libanais venu de Beyrouth pour assister au concert. « Heureusement qu’elle a entamé une danse très suggestive avec sa nouvelle flamme de 24 ans, Brahim Zaibat, sur Candy Shop et Erotica », renchérit Loulou, venue elle du Qatar.
Le public on ne peut plus hétéroclite, multinational et multigénérationnel n’a pourtant pas regretté le déplacement. Les billets de la première soirée ont été sold out dès les dix premières minutes de leur mise en ligne en février dernier. Les prix variaient, officiellement, de 135 à 625 dollars US. Il restait par contre beaucoup de places pour la deuxième soirée. Et les agents ont cassé leurs prix, offrant des packages réduits avec nuitées dans des hôtels environnants.

Madonna, MDNA
Le titre de la tournée, lui-même éponyme de son dernier disque, porte en lui-même les signes d’une volonté de retour aux sources. Diminutif de son patronyme, il évoque l’ADN (DNA en anglais), soit l’identité d’une star dont la toute-puissance a été remise en question ces dernières années. Il fait aussi référence au MDMA, forme d’ecstasy prompt à la fête.


Au final, deux belles surprises à ce show grandiose : le magnifique trio basque Kalakan, qui participe avec une version revisitée et avec le fameux béret, de Open Your Heart. Une chanson avec danseurs exécutant le fandango, qui a fait bouger un peu les rangs, et qui s’est soldée par l’apparition dansante de Rocco, le fils de Madonna, petit sosie de son père Guy Ritchie.


Et la vue du bustier, du fameux bustier de GP Gaultier revisité par le maître en 3D. En cuir verni à l’extérieur et cuir métallique à l’intérieur. Katia, une inconditionnelle fashionista arborant les gants à clous de la ligne Truth or Dare de Madonna, exulte en voyant la star portant l’habit iconique. Elle a compté pour sa part sept ou huit différents costumes portés par Madonna (Jeremy Scott ou encore Alexander Wang), tandis que ses danseurs arboraient des tenues signées Dolce & Gabbana ou Fausto Puglisi. « 700 paires de chaussures ont été emportées pour la tournée dont de nombreuses faites sur mesure par Prada et Louboutin », annonce-t-elle fière de son info.


« There is only one Queen and her name is Madonna », lance à un moment l’un des danseurs. Her Madgesty sourit et entame une virulente pique à sa rivale Lady Gaga en reprenant un refrain de son Born This Way et en clôturant la reprise par un She is not me tonitruant. Nombrilisme quand tu tiens les stars...

Près de 50 000 spectateurs auraient assisté aux deux concerts de Madonna au Yas Island Arena d’Abou Dhabi, deuxième escale suivant le lancement de son MDNA World Tour, la 9e tournée mondiale de la star qui englobe 80 spectacles dans une trentaine de pays. Elle avait profité de sa première étape à Tel-Aviv, choisie en raison de ses croyances ésotériques kabbalistiques, pour...
commentaires (1)

Que serait Madonna sans son extravagance ? Au nom de la liberté, et parfois de la futilité, elle y a droit et ceux qui l'admirent aussi, comme le Libanais qui va Abu Dhabi, pour ne pas manquer son show, car il n'a pas d'espoir que Madonna se produise à Beit ed-Dine ou à Jbeil, ou n'importe où au Liban. Ou peut-être imaginez-vous la possibilité qu'elle se produise à Baalbek ! D'autant plus que, dit le reportage, elle a étalé son extravagance cabalistique ("diabolique") à Tel-Aviv, avant d'aller à Abu Dhabi ! Suivez mon regard, comme dit l'autre. Vers le décret suprême de mille interdictions.

Halim Abou Chacra

03 h 18, le 05 juin 2012

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Commentaires (1)

  • Que serait Madonna sans son extravagance ? Au nom de la liberté, et parfois de la futilité, elle y a droit et ceux qui l'admirent aussi, comme le Libanais qui va Abu Dhabi, pour ne pas manquer son show, car il n'a pas d'espoir que Madonna se produise à Beit ed-Dine ou à Jbeil, ou n'importe où au Liban. Ou peut-être imaginez-vous la possibilité qu'elle se produise à Baalbek ! D'autant plus que, dit le reportage, elle a étalé son extravagance cabalistique ("diabolique") à Tel-Aviv, avant d'aller à Abu Dhabi ! Suivez mon regard, comme dit l'autre. Vers le décret suprême de mille interdictions.

    Halim Abou Chacra

    03 h 18, le 05 juin 2012

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