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Liban - Otages

Discrétion totale, mot d’ordre des médiateurs dans le dossier des pèlerins chiites

Les tractations dans l’affaire des otages toujours officiellement suspendues, les médiateurs, notamment turcs, préférant la discrétion, même s’ils disent la chose et son contraire sur leur engagement.
Après plusieurs revirements et une série d’informations déroutantes, deux nouveaux rebondissements hier soir sont venus ponctuer l’affaire des pèlerins chiites libanais enlevés près d’Alep : l’annonce, tout d’abord par celui que la NTV a qualifié de « médiateur en contact avec les ravisseurs », d’une nouvelle condition pour libérer les otages : les forces régulières syriennes doivent « cesser leur pilonnage d’Alep », a indiqué la source qui a tenu à garder l’anonymat. Cette nouvelle condition vient s’ajouter à une première, annoncée dès le début de l’opération, à savoir la libération des prisonniers syriens détenus par le régime qu’exigeaient les auteurs proclamés du rapt.
Selon la chaîne al-Jadeed, les ravisseurs, qui confirment d’ailleurs la suspension des médiations, ont ainsi affirmé qu’une liste des prisonniers dont ils réclament la libération a été déjà établie et qu’ils sont prêts à négocier sur la base de cette liste.
Deuxième rebondissement, annoncé quelques heures plus tôt, toujours par la même chaîne : la mise en garde hier de l’Armée syrienne libre qui aurait brandi la menace de l’arrêt de toutes les médiations (déjà suspendues depuis plusieurs jours), « si le chef du Hezbollah ne condamne pas clairement le massacre de Houla perpétré par le régime syrien ». Selon l’interlocuteur se réclamant de l’ASL et qui a également tenu à l’anonymat, le communiqué publié il y a quelques jours par le parti chiite dénonçant le crime collectif de Houla « n’est pas suffisant ». La source a également précisé que les otages ont été « transférés à d’autres localités plus éloignées de la frontière syro-turque à cause du pilonnage de cette région » par les forces syriennes régulières.
« Les otages ne restent pas longtemps au même endroit, mais sont régulièrement transférés d’une localité à l’autre », a encore précisé la source citée par la NTV qui a relevé que le groupe des ravisseurs est « assez grand ».

Le oui et le non d’Ankara
En principe, ces deux informations auraient mérité une attention toute particulière, n’était cette valse d’informations qui se contredisent dans ce dossier depuis le début de l’enlèvement et la multitude d’acteurs intéressés qui ont cherché à s’y impliquer d’une manière ou d’une autre, ce qui, semble-t-il, aurait entravé le dénouement.
Deux autres informations sont venues également se greffer sur cette mosaïque de nouvelles : d’une part, la déclaration faite à L’Orient-Le Jour par le haut conseiller du chef de l’État turc, Archad Hermazlü, qui a affirmé que les autorités turques « ne sont pas impliquées dans la médiation et ne détiennent aucune information relative aux otages ». « Au départ, les autorités libanaises ont demandé aux autorités turques d’intervenir. Celles-ci ont effectué des contacts qui n’ont pas abouti. La mission des Turcs s’est arrêtée là », a-t-il insisté.
Cette position semble toutefois contredire l’initiative prise hier en cours de journée par l’ambassadeur turc au Liban, Anan Ozeldëz, qui, sur demande de son ministre des Affaires étrangères, s’est rendu auprès de plusieurs responsables libanais, notamment le chef du Parlement, Nabih Berry, et le chef du bloc du Hezbollah, Mohammad Raad.
Dans une déclaration faite hors caméra à la LBC, le diplomate a assuré que son gouvernement « déploie tous les efforts nécessaires pour aider à la libération des otages », précisant qu’ « il n’y a pas lieu de dire que la Turquie s’est retirée des médiations puisqu’il n’y a pas de médiation en cours ».
Toujours selon la LBC, les autorités turques, plus précisément ses services de renseignements, continuent toutefois de suivre de près ce dossier, animées d’une volonté d’agir loin des feux de rampe et du tapage médiatique, ont-ils laissé entendre.
C’est ce qui expliquerait probablement le mot d’ordre qui aurait été donné dans les milieux diplomatiques concernés et qui consiste désormais à traiter cette affaire en silence afin que les tractations, délicates, puissent porter leur fruit d’autant que les médiateurs entrés en scène se sont multipliés à outrance depuis le début de l’incident.
« Trop de cuisiniers gâtent la sauce », dit l’adage. Après la Turquie, l’Iran, qui intervient également pour libérer des chauffeurs iraniens ayant disparu le même jour que les Libanais, la Ligue arabe s’est trouvée invitée à entrer en scène par le biais de son secrétaire général dans l’espoir de débloquer la situation.
Trop de « cuisiniers » ?
Ce serait d’ailleurs cette raison précise, la multiplicité des médiations – mais non la seule –, qui aurait fait capoter la promesse de libération vendredi dernier, les autorités turques n’ayant pas apprécié l’entrée pléthorique des « bienfaiteurs », croit savoir une source qui suit les tractations de près. Celle-ci précise d’ailleurs qu’Ankara préfère tout de même rester l’interlocuteur principal, voire exclusif.
Sur le terrain, c’est toujours le flou le plus total qui continue de planer sur l’identité des ravisseurs, plusieurs factions de l’opposition syrienne plurielle s’étant déjà exprimées au nom et en place des « vrais ravisseurs », pour faire entendre notamment leurs griefs et leurs demandes. Plusieurs responsables de l’ASL – qui s’est pourtant défendue d’avoir été derrière le rapt – ont continué de défiler sur les chaînes de télévision, laissant miroiter un certain pouvoir de dissuasion qu’ils auraient sur les auteurs du rapt.
Aux revendications purement politiques – la libération des détenus en Syrie ou la demande faite au Hezbollah de modifier sa position relative à la crise syrienne – sont venues s’ajouter hier, selon certaines sources, des revendications pécuniaires. Selon la LBC, l’une des raisons qui auraient fait bloquer les médiations serait l’augmentation de la valeur de la rançon réclamée.
Respectant la directive donnée par le Hezbollah de s’éloigner des médias, les familles des otages ont substitué hier au silence qui leur a été vivement conseillé un nouveau sit-in qu’elles ont observé à Hay Selloum avec, pour seule information, les assurances retransmises par certains médias selon lesquels les otages seraient en bonne santé. Une nouvelle reprise par le Premier ministre Nagib Mikati lors d’un Conseil des ministres qui a placé le dossier des otages à son ordre du jour.
Le chef du gouvernement a d’ailleurs annoncé son prochain voyage en Turquie, « qui pourrait avoir lieu d’une heure à l’autre, et dès la parution de nouvelles données », selon des sources ministérielles. Celles-ci ont d’ailleurs affirmé que les responsables libanais ont reçu la promesse que « les dessous de cette affaire seront révélés dans les prochaines 48 heures », laissant entendre que M. Mikati, qui attend incessamment un signe positif des autorités turques, pourrait prendre l’avion dès jeudi prochain. Seule la déclaration du ministre d’État au Développement administratif, Mohammad Fneich, est venue atténuer l’optimisme officiel : « Les informations préalablement reçues assurent que les otages sont en bonne santé. Mais personne ne sait ce qui s’est passé depuis », a-t-il dit.
Après plusieurs revirements et une série d’informations déroutantes, deux nouveaux rebondissements hier soir sont venus ponctuer l’affaire des pèlerins chiites libanais enlevés près d’Alep : l’annonce, tout d’abord par celui que la NTV a qualifié de « médiateur en contact avec les ravisseurs », d’une nouvelle condition pour libérer les otages : les forces régulières...

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