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Liban - Éclairage

Le Nord dans l’attente de deux enquêtes et d’une décision...

Lentement mais sûrement, les craintes formulées depuis des mois au sujet de la situation au Nord sont en train, hélas, de se vérifier. Après les troubles à Tripoli, c’était hier le tour du Akkar de vivre une grande tension. Et si jusqu’à présent les différentes autorités, notamment les notables et les dignitaires religieux de la région, ont réagi en appelant au calme, tout en réclamant une enquête de la part de l’armée, la succession des événements reste suspecte. Le plus grave dans tout ce qui se déroule au Nord, c’est la confessionnalisation de la sécurité, avec une schématisation réductrice qui pousse les gens interrogés par les différents médias à présenter l’armée comme étant une institution proche « des chrétiens et du 8 Mars en général » (certains cheikhs salafistes parlent même de « l’armée des croisés »), la Sûreté générale comme une institution sous le contrôle du Hezbollah, et les FSI comme étant aux mains du courant du Futur, et donc des sunnites. S’il y avait d’ailleurs hier un certain cafouillage au sein du courant du Futur entre des députés comme Khaled Daher, qui a réclamé le retrait de l’armée du Nord si celui qui a tiré sur cheikh Abdelwahed n’est pas châtié, et son collègue Hadi Hobeiche, qui affirmait ne pas être au courant d’une telle revendication, les événements du Akkar ne peuvent être dissociés de ceux de Tripoli, quelques jours auparavant.
La Sûreté générale et son chef le général Abbas Ibrahim y avaient donc été mis en cause, alors que c’est l’armée qui fait l’objet de la controverse au Akkar. « C’est donc comme s’il y avait un plan secret pour vider le nord du pays de toute force de sécurité non sunnite, pour laisser la voie libre aux courants extrémistes, alliés à l’opposition syrienne », soulignent les milieux du 8 Mars. Les partisans du courant du Futur affirment au contraire que les incidents de Tripoli, puis ceux du Akkar, indiquent « une volonté claire de la part du régime syrien d’utiliser la carte du nord du Liban pour desserrer l’étau qui l’enserre », sachant que les États-Unis et la communauté internationale en général se sont prononcés à maintes reprises en faveur de la stabilité au Liban.
Si les accusations et les contre-accusations font partie du paysage politique habituel, la tension reste grande au Nord, et en dépit des appels à l’apaisement de la part notamment de Saad Hariri, la région retient son souffle en attendant l’échéance de demain, mardi, date à laquelle le juge d’instruction doit se prononcer sur le sort de Chadi Mawlaoui, arrêté la semaine dernière par la Sûreté générale, laquelle contrairement aux affirmations des uns et des autres fait partie de la police judiciaire du pays, selon l’article 38 du code de procédure pénale. S’il est maintenu en détention et si la procédure judiciaire entamée poursuit son cours, les mouvements islamistes à Tripoli, remontés à bloc par les incidents du Akkar, promettent d’intensifier leur action au Nord.
Les estimations des FSI ont beau affirmer que les courants extrémistes ne représentent que 20 % des habitants de Tripoli et que leur présence est amplifiée dans les médias, ces courants cherchent à montrer qu’ils sont les plus forts. Des sources de sécurité précisent que les derniers événements se préparaient depuis quelque temps déjà, puisque la tente du sit-in, place al-Nour, à Tripoli, avait été offerte par cheikh Omar Bacri avant l’arrestation de Mawlaoui, lorsque les courants salafistes prévoyaient d’organiser un sit-in de soutien aux islamistes emprisonnés sans jugement. Mais dès l’annonce de l’arrestation de Mawlaoui, qui selon des sources sécuritaires possède un dossier solide désormais entre les mains de la justice, les organisateurs du sit-in ont trouvé un prétexte pour hausser le ton et mobiliser les sympathisants. Les mêmes sources de sécurité révèlent que cinq groupes ont bougé à Tripoli et ils étaient relativement bien organisés : le groupe de cheikh Salem Raféi, celui de Hussein Sabbagh, celui de Amid Hammoud (un ancien officier de l’armée), celui du député Khaled Daher qui vient du Akkar, et celui de la mouvance proche de l’Armée syrienne libre. Ces groupes ont poussé leurs partisans à se déployer dans la ville, notamment dans le quartier d’Abou Samra, et à édifier des barricades de sacs de sable, créant ainsi une sorte de nouvelle ligne de démarcation. En quelques heures, la capitale du Nord a failli basculer dans une guerre civile, car des forces hostiles au courant islamiste ont à leur tour menacé de se déployer dans la ville, notamment les partisans du ministre Fayçal Karamé, ceux du mouvement de l’Unification islamique, ceux du PSNS et ceux du Front d’action islamique, tous proches du 8 Mars et hostiles à l’opposition syrienne. Comprenant l’ampleur des développements, les notables de la ville, le Premier ministre, le mufti Chaar et même les représentants du courant du Futur – qui paraît de plus en plus débordé par une base islamiste – ont appelé au déploiement de l’armée, tout en affirmant attendre la décision du juge, mardi. L’armée s’est ainsi déployée et un calme prudent a régné sur la ville, remis en question depuis hier par les incidents du Akkar.
La Sûreté générale et l’armée font désormais l’objet des mêmes critiques en attendant l’issue des deux enquêtes en cours, celle portant sur le réseau présumé d’el-Qaëda dont serait membre Mawlaoui et celle sur la mort de cheikh Abdelwahed, hier. Concernant Mawlaoui, les milieux proches de l’enquête révèlent qu’une confrontation a eu lieu entre les autres membres du réseau présumé, notamment le Jordanien A. A. et que ce dernier a identifié Mawlaoui qui se faisait appeler Adam, précisant que c’est à lui qu’il a remis de l’argent pour acheter des armes. Mawlaoui, qui se faisait accompagner de deux gardes du corps et qui porte sur lui des explosifs lorsqu’il se déplace, n’aurait pas pu être arrêté sans une ruse comme celle trouvée par la Sûreté générale, dont les milieux rappellent qu’il s’agit d’une opération réussie puisqu’il n’y a eu aucune victime, alors que des arrestations similaires effectuées dans le passé à Tripoli faisaient régulièrement des morts et des blessés. Mais le Nord est si affecté par le clivage politique traditionnel, doublé de la crise syrienne, que les officiels sont en train de suivre la tendance de la rue au lieu de la mener, craignant de perdre des électeurs s’ils ne font pas dans la surenchère...
Lentement mais sûrement, les craintes formulées depuis des mois au sujet de la situation au Nord sont en train, hélas, de se vérifier. Après les troubles à Tripoli, c’était hier le tour du Akkar de vivre une grande tension. Et si jusqu’à présent les différentes autorités, notamment les notables et les dignitaires religieux de la région, ont réagi en appelant au calme, tout en...
commentaires (9)

Kamel, ne souhaite pas qu'il y ait une déflagration dans le Nord, car ceux, étrangers et voisin du Sud, qui la programment visent qu'elle se répandrait à tout le pays et que le Hezb y serait partie pris d'une telle guerre civile, et qu'ils auraient la chance ainsi de lui porter le coup de grâce. Ne mésestime pas trop les choses. Personne ne devrait souhaiter que les choses aillent dans le mauvais sens dans le Pays. Tous y paieraient le prix sans exception aucune.

SAKR LEBNAN

14 h 52, le 21 mai 2012

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Commentaires (9)

  • Kamel, ne souhaite pas qu'il y ait une déflagration dans le Nord, car ceux, étrangers et voisin du Sud, qui la programment visent qu'elle se répandrait à tout le pays et que le Hezb y serait partie pris d'une telle guerre civile, et qu'ils auraient la chance ainsi de lui porter le coup de grâce. Ne mésestime pas trop les choses. Personne ne devrait souhaiter que les choses aillent dans le mauvais sens dans le Pays. Tous y paieraient le prix sans exception aucune.

    SAKR LEBNAN

    14 h 52, le 21 mai 2012

  • Connaissant bien le Nord, j'approuve Christian. Le Nord ne s'embrasera pas. Les habitants du Nord ne tomberont pas dans le piège. Qu'on aille aller chercher les extrémistes ailleurs que dans le Nord du Liban.

    SAKR LEBNAN

    14 h 20, le 21 mai 2012

  • Non,Kamel...le nord ne va pas s'embraser...parceque les Libanais en ont marre...parcequ'ils ne veulent plus de guerre...c'est pas faute qu'on essaye d'allumer le brasier...mais les Libanais disent et diront NON....plus jamais çà!

    GEDEON Christian

    11 h 51, le 21 mai 2012

  • Un eclairage de plus et dans le sens qu'il faut pour comprendre que l'heure est grave, et qu'il faut arreter de couper les cheuveux en 4. Le nord va s'embraser , les morts n'auront pas de confessiom, on mourra parce que la bete incompetence des dirigeants du nord n'a que trop duree, que les innocents civils ne seront plus recenses, comme appartenant a telle ou telle confession, ressaisissez vous, l'alliance avec les salafo wahabites n'a jamais rien produit de bon, c'est pas maintenant qu'ils peuvent s'inventer une virginite. Rentrer dans des considerations mafieuses suspicieuses, est ce vraimemt le moment ? Les libanais ont besoin plus que tout de justice sociale, economique plus que de polemiques sur qui controle quoi . Scarlett vous avez reproduit une image clair de ce qui attend les libanais, ceux qui croient encore que tout ce qui brille est or, que la desillusion du desert des tartares leur feront attraper le scorbut.

    Jaber Kamel

    10 h 10, le 21 mai 2012

  • Touchante analyse...les gentils d'un côté,les méchants de l'autre...pour Scarlett,c'est un peu la quadrature du cercle...je comprends...pas facile...pas facile du tout...

    GEDEON Christian

    07 h 19, le 21 mai 2012

  • Faites gaffe et apprenez vite, n’est-ce pas, qu’il sera interdit à dez-"zébaubis Pros et baassyriens" de tenter comme d’hab comme on a appris vite mahééék, suite à ce Malheureux Assassinat, de diviser les Sunnites éhhh Libanais ; et se permettre de menacer de la sorte le Liban et toute La Communauté SUNNITE à la base de la Fondation du Grand Liban !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    05 h 55, le 21 mai 2012

  • Bravo M Abou chacra: Rien mais absolument rien sur la partie pro-syrienne qui a demandé que l'armée syrienne revienne au Liban !!! Rien sur la composition de cette unité héliportéede l'armée pourtant au passé, au passif, très lourd comme le précise un autre article de l'OLJ.. Ne serait ce que pour mettre les pendules à l'heure pour une meilleure crédibilité de l'analyse ICI. Toujours les mêmes dont on parle, dont on sous-entend, même au conditionnel les accusations présumées sont lues comme si c'est confirmé mais c'est juste pour la forme, le conditionnel utilisé... M Abou chacra a raison...Rifaat Eid et famille agent notoire et reconnu par tous, jouant le jeu du Baas syrien pourquoi n'en parle t on pas ICI ?

    Viken GARABEDIAN

    04 h 38, le 21 mai 2012

  • Mme Haddad, Je relève dans votre "papier" surtout les propos "candides" du genre "je cite.... "La Sûreté générale et son chef le général Abbas Ibrahim y avaient donc été mis en cause, alors que c’est l’armée qui fait l’objet de la controverse au Akkar".... Vous omettez involontairement, j'espère, de préciser que c'est la sûreté générale dirigée par le pro-hezbollahi (poste devant être normalement aux maronites) qui est l'étincelle des évènements du Nord ( le Akkar n'est pas loin de Tripoli). Puis vous accusez d'ores et déjà le jeune "Chadi al mawlaoui" d'être membre Al quaeda en donnant du crédit aux accusations du Baas syrien via ses hommes aux liban. Mme Haddad, votre article est préparé en sorte d'orienter les lecteurs vers un chemin qui n'est autre que celui voulu par Bachar et ses sbires CPL au Liban. La présomption d'innocence, vous n'en tenez pas compte ici alors que vous en teniez compte pour le général Fayez Karam et tous les autres présumés du hezbollah accusés de traitrise ou d'assassinats. Je précise présumé de mon côté. Votre point de vue est respectable mais nous constatons que vos analyses revendiquent la présomption d'innocence pour les pro-Baas syrien alors qu'ils présentent certains anti-Baas ( d'être d'Al quaida) sans même attendre le jugement partial du tribunal.

    Jean-Pierre EL KHOURY

    04 h 20, le 21 mai 2012

  • Le Nord dans l'attente aussi de ce que fera l'agent numéro 1 du régime syrien au Nord, Rifaat Eid avec son group. Cet homme a eu et a un rôle déterminant dans ce qui s'est passé et ce qui se passe ces derniers jours à Tripoli. Cet homme est en coordination totale avec le pilier du 8 Mars, sans lequel il n'ya pas de 8 Mars, c'est à dire le Hezbollah. Comment se fait-il qu'il n'y a aucun mot sur Rifaat Eid dans cet Eclairage ?

    Halim Abou Chacra

    23 h 00, le 20 mai 2012

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