La Sûreté générale et son chef le général Abbas Ibrahim y avaient donc été mis en cause, alors que c’est l’armée qui fait l’objet de la controverse au Akkar. « C’est donc comme s’il y avait un plan secret pour vider le nord du pays de toute force de sécurité non sunnite, pour laisser la voie libre aux courants extrémistes, alliés à l’opposition syrienne », soulignent les milieux du 8 Mars. Les partisans du courant du Futur affirment au contraire que les incidents de Tripoli, puis ceux du Akkar, indiquent « une volonté claire de la part du régime syrien d’utiliser la carte du nord du Liban pour desserrer l’étau qui l’enserre », sachant que les États-Unis et la communauté internationale en général se sont prononcés à maintes reprises en faveur de la stabilité au Liban.
Si les accusations et les contre-accusations font partie du paysage politique habituel, la tension reste grande au Nord, et en dépit des appels à l’apaisement de la part notamment de Saad Hariri, la région retient son souffle en attendant l’échéance de demain, mardi, date à laquelle le juge d’instruction doit se prononcer sur le sort de Chadi Mawlaoui, arrêté la semaine dernière par la Sûreté générale, laquelle contrairement aux affirmations des uns et des autres fait partie de la police judiciaire du pays, selon l’article 38 du code de procédure pénale. S’il est maintenu en détention et si la procédure judiciaire entamée poursuit son cours, les mouvements islamistes à Tripoli, remontés à bloc par les incidents du Akkar, promettent d’intensifier leur action au Nord.
Les estimations des FSI ont beau affirmer que les courants extrémistes ne représentent que 20 % des habitants de Tripoli et que leur présence est amplifiée dans les médias, ces courants cherchent à montrer qu’ils sont les plus forts. Des sources de sécurité précisent que les derniers événements se préparaient depuis quelque temps déjà, puisque la tente du sit-in, place al-Nour, à Tripoli, avait été offerte par cheikh Omar Bacri avant l’arrestation de Mawlaoui, lorsque les courants salafistes prévoyaient d’organiser un sit-in de soutien aux islamistes emprisonnés sans jugement. Mais dès l’annonce de l’arrestation de Mawlaoui, qui selon des sources sécuritaires possède un dossier solide désormais entre les mains de la justice, les organisateurs du sit-in ont trouvé un prétexte pour hausser le ton et mobiliser les sympathisants. Les mêmes sources de sécurité révèlent que cinq groupes ont bougé à Tripoli et ils étaient relativement bien organisés : le groupe de cheikh Salem Raféi, celui de Hussein Sabbagh, celui de Amid Hammoud (un ancien officier de l’armée), celui du député Khaled Daher qui vient du Akkar, et celui de la mouvance proche de l’Armée syrienne libre. Ces groupes ont poussé leurs partisans à se déployer dans la ville, notamment dans le quartier d’Abou Samra, et à édifier des barricades de sacs de sable, créant ainsi une sorte de nouvelle ligne de démarcation. En quelques heures, la capitale du Nord a failli basculer dans une guerre civile, car des forces hostiles au courant islamiste ont à leur tour menacé de se déployer dans la ville, notamment les partisans du ministre Fayçal Karamé, ceux du mouvement de l’Unification islamique, ceux du PSNS et ceux du Front d’action islamique, tous proches du 8 Mars et hostiles à l’opposition syrienne. Comprenant l’ampleur des développements, les notables de la ville, le Premier ministre, le mufti Chaar et même les représentants du courant du Futur – qui paraît de plus en plus débordé par une base islamiste – ont appelé au déploiement de l’armée, tout en affirmant attendre la décision du juge, mardi. L’armée s’est ainsi déployée et un calme prudent a régné sur la ville, remis en question depuis hier par les incidents du Akkar.
La Sûreté générale et l’armée font désormais l’objet des mêmes critiques en attendant l’issue des deux enquêtes en cours, celle portant sur le réseau présumé d’el-Qaëda dont serait membre Mawlaoui et celle sur la mort de cheikh Abdelwahed, hier. Concernant Mawlaoui, les milieux proches de l’enquête révèlent qu’une confrontation a eu lieu entre les autres membres du réseau présumé, notamment le Jordanien A. A. et que ce dernier a identifié Mawlaoui qui se faisait appeler Adam, précisant que c’est à lui qu’il a remis de l’argent pour acheter des armes. Mawlaoui, qui se faisait accompagner de deux gardes du corps et qui porte sur lui des explosifs lorsqu’il se déplace, n’aurait pas pu être arrêté sans une ruse comme celle trouvée par la Sûreté générale, dont les milieux rappellent qu’il s’agit d’une opération réussie puisqu’il n’y a eu aucune victime, alors que des arrestations similaires effectuées dans le passé à Tripoli faisaient régulièrement des morts et des blessés. Mais le Nord est si affecté par le clivage politique traditionnel, doublé de la crise syrienne, que les officiels sont en train de suivre la tendance de la rue au lieu de la mener, craignant de perdre des électeurs s’ils ne font pas dans la surenchère...
Kamel, ne souhaite pas qu'il y ait une déflagration dans le Nord, car ceux, étrangers et voisin du Sud, qui la programment visent qu'elle se répandrait à tout le pays et que le Hezb y serait partie pris d'une telle guerre civile, et qu'ils auraient la chance ainsi de lui porter le coup de grâce. Ne mésestime pas trop les choses. Personne ne devrait souhaiter que les choses aillent dans le mauvais sens dans le Pays. Tous y paieraient le prix sans exception aucune.
14 h 52, le 21 mai 2012