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Nos Lecteurs ont la Parole

Trois ans déjà...

Par Nayla TAHAN ATTIÉ
Dans un peu moins d’une semaine, cela fera trois ans que Odette n’est plus. Trois longues années sans Odette. Une absence. Un blanc. Un vide.
Certains connaissent Odette, d’autres non. Mais nombreux sont ceux qui savent que Odette a eu une place spéciale dans mon existence. Dans ma vie. Dans mon cœur. Et nombreux sont ceux, au Liban et à l’étranger, à qui j’ai fait connaître Odette.
J’ai connu Odette par pur hasard. En regardant à la télévisión libanaise, depuis mon poste à l’autre bout de la Méditerranée, un reportage sur « Les prisonniers libanais en Syrie ».
Pendant un de mes nombreux séjours au Liban, je suis allée, par curiosité, visiter la « khaymé », lieu de rencontre des parents, frères, sœurs, fils, filles des « disparus arbitrairement et emprisonnés en Syrie ». Quelque part en moi, en tant que libanaise, je me sentais des leurs. Je me sens toujours des leurs, malgré la distance qui me sépare de cette cause.
Ma première rencontre avec Odette remonte à l’année 2005. Dans la « khaymé » située dans les jardins de Gebran, dans le centre-ville de Beyrouth, face à l’emblématique Escwa. Une femme fragile et forte en même temps. Fragile par sa situation de veuve, maman de Christine et Richard, disparus depuis 22 ans à l’époque, et sans aucune nouvelle d’eux, dormant dans la « khaymé » et faisant face aux intempéries, les caprices du ciel et de la nature. Mais aussi, de l’être humain et son m’enfoutisme. L’hypocrisie des politiciens. Et l’égoïsme des dirigeants. Forte de par sa situation aussi. Sacrifiant sa vie pour retrouver ses enfants. Sacrifiant sa vie pour la continuité de la « khaymé ».
Je n’arrive toujours pas à donner un nom à ma relation avec Odette.
Ô combien elle m’appelait, pendant mes séjours au Liban, pour me dire : « Viens, j’ai fait de la mjaddara et du taboulé. » Elle savait que ces deux plats libanais étaient mes favoris. Ô combien j’ai joué pendant des heures aux cartes avec elle, moi qui ne supporte pas les jeux de cartes. Nassim s’en souviendrait certainement. J’étais lente à apprendre, mais au bout du compte, j’apprenais. Pour faire plaisir à Odette.
À la « khaymé », j’ai connu Nour, Sonia, Dory, Jeannette, Emm Ghassan, Nassim, etc. J’ai connu Ghazi aussi. Un être exceptionnel.
J’ai connu de nombreux familiers. Mais Odette était pour moi Odette. Des fois, lorsque je la sentais un peu tristounette, c’était Odetta.
Trois ans sont passés depuis le départ d’Odette et rien n’a changé. La « khaymé » est toujours là. Les familiers se réunissent encore et toujours. Seul point noir au tableau, l’absence d’Odette, qui a été fauchée par un chauffard, un jour de mai 2009, le mois de la Vierge.
Tu seras toujours là, Odette. Et ne t’en fais surtout pas pour les enfants. Ils seront en de bonnes mains à leur retour.
Dans un peu moins d’une semaine, cela fera trois ans que Odette n’est plus. Trois longues années sans Odette. Une absence. Un blanc. Un vide.Certains connaissent Odette, d’autres non. Mais nombreux sont ceux qui savent que Odette a eu une place spéciale dans mon existence. Dans ma vie. Dans mon cœur. Et nombreux sont ceux, au Liban et à l’étranger, à qui j’ai fait...

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