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Nos Lecteurs ont la Parole

Pont de Jal el-Dib : les enjeux économiques

Par Nohad BAROUDI
Le CDR doit présenter incessamment au Conseil des ministres deux études complètes sur le remplacement du pont de Jal el-Dib : la première prévoit deux ponts en U en amont et en aval du site de l’ancien pont, la seconde un passage souterrain avec un rond-point échangeur au-dessus. Le projet des deux ponts coûtera moins en travaux mais plus en expropriations et prendra moins de temps. Le gouvernement devra retenir l’un des deux projets.
Quoi qu’il en soit, le coût est évalué entre 20 et 30 millions de dollars, la durée d’exécution entre deux et trois ans.
La raison d’être de l’ancien pont (et bien sûr des deux nouveaux projets), c’est l’accès à Jal el-Dib des voitures provenant du Nord. En fait, depuis la disparition du pont, la circulation sur l’autoroute n’a pas été perturbée, elle s’est même améliorée. Le problème, qui était la congestion au niveau de la voie menant à Jal el-Dib sous l’ancien pont, s’est transporté à l’intérieur de la ville : embouteillages monstres jusqu’à Antélias, baisse de l’activité économique dans certains quartiers, surtout la rue principale.
Avec le statu quo actuel (pas de pont), l’accès à la ville se fait soit par Antélias (embouteillages), soit en empruntant l’échangeur de Nahr el-Mott un kilomètre plus bas (retards) avec l’avantage toutefois d’avoir le choix d’entrer à Jal el-Dib par trois autres voies avant d’arriver à l’entrée principale. Mais... la municipalité de la ville tient à ce que l’entrée principale canalise le plus gros du trafic (?)
Un peu de macroéconomie maintenant.
La congestion de la circulation sur l’autoroute durant les travaux qui vont durer plus de deux ans occasionnera une perte sèche à l’économie du pays. De combien ? Essayons d’en faire une estimation grossière en termes de produit intérieur brut (PIB).
Time is money ! dit le dicton, et rien n’est plus vrai.
Rappelons-nous que le PIB est généré par le nombre d’heures de travail de la population active. Le travail est compris ici dans son sens le plus large : par exemple une dame qui fait son shopping crée de la valeur ajoutée en achetant, donc « travaille », puisque le PIB n’est autre que la somme de toutes les valeurs ajoutées créées dans l’économie. Cette relation de cause à effet travail-PIB implique que toute minute de travail participe au PIB et que, par conséquent, toute minute perdue (non travaillée) représente un manque à gagner en termes de PIB.
D’après les chiffres officiels, près de 280 000 voitures empruntent chaque jour l’autoroute à cet endroit, à raison de 1,92 occupant par voiture. Cela fait 540 000 personnes environ qui vont subir un retard de, disons, 15 minutes à l’aller et au retour, donc 30 minutes, soit 6 % des 8 heures de travail réglementaires.
En supposant que ces 540 000 personnes représentent 20 % de la population active du pays, les 30 minutes perdues réduisent le PIB de 1,2 % (0,2 x 0,06 =0.012), soit 480 millions de dollars par an pour un PIB de l’ordre de 40 milliards.
C’est une estimation très grossière, bien entendu. Tronquons-la de la moitié, je veux bien, pour calmer les sceptiques qui contestent cette approche macroéconomique, qui disent que les Libanais travaillent plus de 8 heures par jour, qui mettent le temps perdu à 15 minutes au lieu de 30, qui pensent que 20 % de la population active, c’est trop, etc. Cela reste toujours énorme ! Sans parler des fonds à débourser pour le projet.
En compensation, il y a le redressement économique de Jal el-Dib, bien sûr. Mais ne peut-on pas l’obtenir, ce redressement, en consacrant les millions de dollars qu’il faut pour solutionner le problème à l’intérieur même de la ville ?
Avis à nos gouvernants avant la décision finale.

Nohad BAROUDI
Ancien secrétaire général du CDR
Le CDR doit présenter incessamment au Conseil des ministres deux études complètes sur le remplacement du pont de Jal el-Dib : la première prévoit deux ponts en U en amont et en aval du site de l’ancien pont, la seconde un passage souterrain avec un rond-point échangeur au-dessus. Le projet des deux ponts coûtera moins en travaux mais plus en expropriations et prendra moins de...

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