Ainsi, l’opposition s’étonne-t-elle des rumeurs autour de la volonté de Chadi Mawlawi de fonder un émirat dans la capitale du Liban-Nord alors que le prévenu a demandé une aide médicale de 750 000 LL auprès du bureau social du ministre des Finances, Mohammad Safadi – sachant que l’homme d’affaires jordanien tout récemment arrêté avec son assistant qatari est un des grands contributeurs financiers d’el-Qaëda et de plusieurs groupuscules salafistes.
Que se passe-t-il en réalité à Tripoli ?
Pour les cercles de l’opposition et certains notables tripolitains, les incidents ne sont qu’un message en provenance de Damas adressé au Premier ministre Nagib Mikati. Une sorte de pression pour le pousser à modifier sa politique et à se placer au côté du régime des Assad. Le 14 Mars s’interroge sur le transfert de Mawlawi de Syrie en Iran puis à Beyrouth, sans qu’il ne soit livré aux autorités jordaniennes. Pour d’autres, ce qui s’est passé à Tripoli répond à une détermination de Damas de déplacer les projecteurs braqués sur la Syrie au Liban et de prouver qu’il peut déstabiliser son petit voisin « si le complot contre la Syrie perdure ». Surtout que le slogan « terrorisme + el-Qaëda » est très vendeur auprès de l’Occident : pour preuve, l’extrême intérêt des chancelleries et des services de renseignements étrangers pour ce qui s’est passé à Tripoli.
Ce sont certains visiteurs récents de Damas qui auraient rapporté ces interprétations. Ils en sont revenus, selon un pôle du 14 Mars, avec des messages divers et variés, autant de variations sur un même thème : le régime Assad est agacé par l’insistance des autorités libanaises à rester à l’écart de ce qui se passe en Syrie, et il veut une position beaucoup plus tranchée : « Soit le gouvernement Mikati est contre le régime, soit il le soutient, et aucune neutralité n’est acceptée. » Avec, naturellement, toutes les contraintes corollaires : expulser les réfugiés de nouveau vers la Syrie ; livrer les trafiquants d’armes aux autorités syriennes, etc.
Quant au principal intéressé, Nagib Mikati, il dément avoir reçu de tels messages, notamment après que son frère, Taha Mikati, eut cessé depuis deux mois et contraint ses allers-retours Beyrouth-Damas. Les milieux proches du Sérail assurent que le PM est convaincu des bienfaits de la distanciation par rapport à la crise syrienne et qu’il reste déterminé à empêcher que la scène libanaise ne soit utilisée contre le régime syrien ou en sa faveur. Selon des sources de l’opposition, des représentants de la troïka Amal-Hezbollah-CPL ont effectué plusieurs visites à Damas pour accuser le gouvernement de travailler sur base d’un agenda haririen et d’une politique 14-marsiste. Ces mêmes sources indiquent que les Syriens leur ont conseillé de calmer le jeu parce qu’il n’est pas dans l’intérêt immédiat de Damas de faire chuter le cabinet Mikati.
commentaires (2)
Bravo,M. Abouchacra....belles vérités...en vérité...mias qui est disposé à les entendre?
GEDEON Christian
05 h 10, le 16 mai 2012