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Nos Lecteurs ont la Parole

Différentes règles du règne politique

Bahjat RIZK
Avec le déroulement de l’élection présidentielle en France précédant celui des élections législatives, nous ne pouvons que faire le rapprochement avec ce qui se passe au même moment, dans le monde arabe en général, et surtout l’actualité en Syrie.
D’un côté une alternance au pouvoir, des règles démocratiques, dix candidats au premier tour représentant les différentes tendances, un débat avant le second tour opposant les deux premiers candidats et la défaite serrée du président sortant qui, au bout d’un mandat de cinq ans et une gestion assez efficace de quatre années de crise et des réformes audacieuses, s’incline devant le verdict populaire, salue l’élection de son successeur à la tête de la République et partage avec lui, moins de deux jours après son élection, le souvenir officiel de la victoire du 8 mai 1945. Cette cérémonie commémore annuellement la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la tombe du Soldat inconnu, devant l’arc de Triomphe, place Charles-de-Gaulle-Étoile, au haut de l’avenue des Champs-Élysées, qui se termine sur la place de la Concorde. Immense symbolique structurante des hommes, des dates et des lieux.
D’autre part, à moins de cinq heures de vol et pratiquement sur un même fuseau horaire, un autre président successeur-héritier de son propre père, à la tête également d’une soi-disant république, n’a pas pu réformer le régime au bout de douze ans de pouvoir personnel et de quarante années de pouvoir autoritaire et fait tirer depuis plus d’un an sur son opposition civile, la taxant de terroriste, faisant plus de 10000 morts, tout en préparant un simulacre d’élections législatives, dans un pays qui fut gouverné, durant plus de quatre décennies, par un parti unique.
La violence dans la bataille pour le pouvoir en France a été verbale et parfois peu mesurée, voire excessive, mais elle a cessé dès l’annonce des résultats. La violence pour le pouvoir en Syrie est physique et sans limites et ne semble pas s’arrêter de sitôt, car elle obéit plus à l’instinct de survie, qu’à la rationalité sociale.
Certes, il y a toujours de la violence en politique, puisqu’il s’agit de conquête et de pouvoir. Certes le président, dès qu’il perd le pouvoir, se retrouve isolé et démuni, car telles sont les lois du règne politique, à tel point qu’il préfère se retirer de son propre chef, même s’il n’a pas véritablement failli mais qu’il a juste été désavoué par le choix des urnes, avec des écarts très relatifs, comme il sied en démocratie. Certes les problèmes structurels, accentués par la mondialisation, qu’ils soient financiers ou identitaires, ne se retrouvent pas résolus du jour au lendemain et pourraient même s’aggraver, avec une remise en question des priorités et un bouleversement des stratégies politiques, en accord avec des visions politiques et idéologiques différentes.
De toute manière, toute actualité aujourd’hui se déroule sous les yeux du monde entier, produisant une implication indispensable et incontournable et pouvant générer un impact immédiat, au-delà de ses propres frontières. Les grands enjeux mondiaux aujourd’hui sont obligatoirement communicants, du fait de la révolution des moyens de communication, et donc nécessairement partagés car interdépendants.
Bien sûr la France a une histoire et un cheminement qui ne sont pas ceux de la Syrie. L’Occident dans son ensemble, dans ses deux parties européenne et atlantiste, a connu depuis plus de deux cents ans des révolutions, des guerres civiles, des guerres mondiales, des conquêtes, des démantèlements d’empires coloniaux, des affrontements idéologiques, et se retrouve aujourd’hui confronté à une mondialisation dont il ne maîtrise pas les règles. L’Orient à son tour, en pleine expansion démographique, asiatique, arabo-musulman et africain, est tenu d’évoluer, malgré sa perte de repères, pour garder une place dans la communauté internationale, même si aujourd’hui la notion de communauté traverse les nations et les continents, qu’elle soit religieuse, linguistique, raciale ou de mœurs. Il n’en demeure pas moins que la préservation et le respect de la vie humaine devraient rester au cœur de notre humanité.
Pour la commémoration du 8 Mai et au lendemain d’une âpre bataille électorale, la France divisée en deux politiquement a su se réunir autour des symboles qui fondent l’appartenance nationale. Les deux présidents (sortant et élu) ont déposé ensemble une gerbe de fleurs et ont ranimé la flamme sur la tombe du Soldat inconnu. Deux jours auparavant, le 6 mai, le président syrien, en place depuis plus de quarante ans (père et fils), déposait une gerbe de fleurs, en ce jour de la fête des Martyrs, sur le monument du mont Kassioun surplombant Damas, pendant que son armée continuait à bombarder ceux qui se sont révoltés et qu’elle nomme les rebelles.
Deux images similaires, parallèles et opposées, qui nous parviennent en même temps, dans un monde récemment unifié et plus que jamais divisé.

Bahjat RIZK
Avec le déroulement de l’élection présidentielle en France précédant celui des élections législatives, nous ne pouvons que faire le rapprochement avec ce qui se passe au même moment, dans le monde arabe en général, et surtout l’actualité en Syrie.D’un côté une alternance au pouvoir, des règles démocratiques, dix candidats au premier tour représentant les...

commentaires (1)

C'est tout simplement la différence entre un Etat de droit, démocratique, au service du peuple, soucieux des valeurs républicaines, et un régime totalitaire qui soumet son peuple pour être au service du tyran.

Robert Malek

05 h 58, le 15 mai 2012

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Commentaires (1)

  • C'est tout simplement la différence entre un Etat de droit, démocratique, au service du peuple, soucieux des valeurs républicaines, et un régime totalitaire qui soumet son peuple pour être au service du tyran.

    Robert Malek

    05 h 58, le 15 mai 2012

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