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Moyen Orient et Monde - Commémoration

La Bosnie divisée marque les 20 ans du début de la guerre

Le pays a fêté son indépendance, malgré les divisions qui en font l’un des plus pauvres d’Europe.

Une plaque commémorative porte les noms des deux premières victimes de la guerre, Olga Sucic, 34 ans, et Suada Dilberovic, 44 ans, tuées en 1992. Elvis Barukcic/AFP

La Bosnie a commémoré hier les 20 ans depuis le début de la guerre de 1992-95, synonyme des pires horreurs en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Cet anniversaire coïncide également avec celui de la reconnaissance de l’indépendance de cette ex-république yougoslave par la communauté européenne, rejetée par les Serbes, mais aussi avec le début du siège de Sarajevo, le plus long de l’histoire de la guerre moderne. La guerre ayant opposé Serbes, musulmans et Croates avait fait environ 100 000 morts tandis que le bombardement aveugle de Sarajevo tout au long du conflit avait fait plus de 10 000 morts, dont des centaines d’enfants.
C’est à la mémoire de ces derniers, sur l’avenue du maréchal Tito, principale artère du centre-ville, que 11 541 chaises rouges ont été installées en 825 rangées, sur quelque 800 mètres de long. Symbolisant les personnes tuées pendant le siège, elles sont restées vides, et encadrées par des milliers de Sarajéviens, pendant un concert symbolique qui a eu lieu dans l’après-midi. « Pourquoi n’es-tu pas ici ? » a ainsi chanté une chorale accompagnée d’un petit orchestre symphonique au début de ce concert qui a duré une heure. Sur certaines rangées, des chaises de taille plus petite symbolisaient les enfants. Çà et là étaient posés un ours en peluche, des babioles, voire des cahiers d’école ou des fleurs.
« J’imagine assis sur ces chaises tous ceux qui ont été tués, et mon cœur se brise en pensant à leurs familles et à l’horreur de ce siège », murmure une retraitée, Hazima Hadzovic. Tout au long du boulevard, sur plusieurs écrans géants se sont affichés les noms des victimes par ordre alphabétique. « Je n’oublierai jamais les bombardements incessants, les tireurs embusqués et les gens qui mouraient en faisant la queue pour s’approvisionner en eau ou en pain », se souvient de son côté Fuad Novalija, orfèvre dans la vieille ville.
La fin du conflit sera marquée par le massacre de Srebrenica, qualifié de génocide par la justice internationale, et au cours duquel environ 8 000 musulmans ont été tués en juillet 1995 par les forces serbes. Quatre mois plus tard, arraché sous la pression internationale, l’accord de paix de Dayton aux États-Unis a mis un terme à la guerre, mais a consacré la division de la Bosnie en deux entités, l’une serbe et l’autre croato-musulmane, chacune avec un haut degré d’autonomie et unies par de faibles institutions centrales.
Des querelles incessantes entre les hommes politiques des trois principales communautés continuent donc de bloquer tout progrès dans ce pays dont l’ambition affichée est d’adhérer un jour à l’Union européenne. De fait, la Bosnie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe où le chômage frappe plus de 40 % de ses 3,8 millions d’habitants, dont un sur quatre vit en dessous du seuil de pauvreté, selon l’ONU. « Peu m’importe qui est le chef de l’État et quelle est sa religion si je gagne décemment ma vie », lâche Munib Kovacevic, 53 ans, gardien de parking. Fuad Novalija regrette aussi de voir son pays toujours embourbé dans des querelles politiciennes et une crise économique sans fin. « Nous avons la paix et c’est bien le seul véritable progrès », concède-t-il.
Aujourd’hui, les principaux protagonistes de la guerre sont soit détenus ou jugés pour crimes de guerre par la justice internationale, soit morts. Les dirigeants politique et militaire des Serbes de Bosnie pendant le conflit, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, inculpés de génocide, ont eux été arrêtés après des années de cavale et traduits devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.

            (Source : AFP)
La Bosnie a commémoré hier les 20 ans depuis le début de la guerre de 1992-95, synonyme des pires horreurs en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.Cet anniversaire coïncide également avec celui de la reconnaissance de l’indépendance de cette ex-république yougoslave par la communauté européenne, rejetée par les Serbes, mais aussi avec le début du siège de Sarajevo, le...
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