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À La Une - La Situation

Un gouvernement de plus en plus fragile

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé hier que le gouvernement « reste » pour le moment et que son sort est lié à un changement de « l’équation politique » à l’origine de sa formation. Dans les milieux centristes, d’aucuns pensent néanmoins que les jours du cabinet sont désormais comptés.

La querelle de l’électricité sonnera-t-elle le glas du gouvernement en place ? En théorie, ce ministère aurait dû tomber il y a bien longtemps, au vu des déchirements qui le traversent de façon cyclique et des blocages qui le paralysent. Mais en pratique, « on » a voulu qu’il se maintienne, envers et contre tout, et tant qu’« on » continuera à vouloir cela, il restera.
Mais du train où vont les choses, il n’est plus impossible que l’« on » change d’avis. C’est du moins ce que d’aucuns pensent, dans les milieux centristes, et les propos tenus hier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sont venus les conforter dans leur analyse.
Qu’a donc dit Hassan Nasrallah ? En apparence, il a certes affirmé que le gouvernement reste (pour l’instant) et qu’il ne faut pas s’attendre à ce qu’un dossier quelconque, aussi litigieux qu’il soit, le fasse tomber. Mais il a implicitement parlé, pour la première fois, de l’éventualité de sa chute, en liant celle-ci exclusivement à un changement de « l’équation politique » qui était à l’origine de sa formation : une façon de dire que c’est le Hezbollah, et seulement lui (du moins à l’intérieur), qui est appelé à décider du sort du cabinet.
Or sur cette question de « l’équation politique », le secrétaire général a dit la chose et son contraire, à savoir que celle-ci était à l’heure actuelle « toujours valable », mais aussi que la situation n’était « plus la même qu’il y a un an ». Cette contradiction ne serait-elle pas, pour le moins, le signe d’une certaine perplexité au sujet de la pérennité du cabinet ?
Toujours est-il que, pour l’instant, tout pronostic fondé sur une analyse concrète se révèle impossible. C’est uniquement par le moyen de la déduction que certains observateurs en arrivent à penser que les jours du gouvernement sont désormais comptés.
Le raisonnement est simple : en Syrie, l’enlisement se poursuit et personne n’est en mesure de garantir quelle sera la situation dans un an, voire dans un mois. Au Liban, nous sommes à un peu plus d’un an seulement des élections législatives ; lesquelles, il n’est nul besoin de le dissimuler, obsèdent pratiquement tout le monde. Nous entrons donc dans une phase d’autant plus délicate que la visibilité est nulle. Et c’est affligé d’un gouvernement dont le passif augmente sensiblement de jour en jour que le 8 Mars entame cette période difficile.
Au sein du cabinet, tout le monde s’étripe : sur les nominations, sur les ressources en hydrocarbures, sur l’électricité. Les propos lénifiants – mais équivoques aussi – du Premier ministre, jeudi soir, au sujet de Gebran Bassil sont loin de couvrir le tapage des révélations étalées dans la presse : le quotidien al-Akhbar rapportait hier, en citant des visiteurs de Nagib Mikati, que ce dernier raconte à qui veut l’entendre que les deux sociétés retenues pour la location de centrales électriques flottantes ont promis chacune 13 millions de dollars en commissions. M. Mikati n’a pas dit à qui ces montants iraient, mais ses visiteurs se sont empressés de le préciser : à deux ministres...
Le Hezbollah voudrait-il entamer la période électorale, ou même préélectorale, dans des conditions aussi abominables ? Telle est la question qui se pose aujourd’hui. N’aurait-il pas plutôt intérêt, tant qu’il est encore temps et tant qu’il reste dans une large mesure maître du jeu, à inverser la donne en parrainant lui-même un cabinet de techniciens ?
À l’heure actuelle, le Hezb est en mesure d’agir et d’obtenir satisfaction dans ce sens, car Walid Joumblatt le suivrait sur ce chemin. Quant à l’opposition, trop contente de se débarrasser de Michel Aoun, elle ne pourrait qu’avaliser, même de loin, une telle issue. Mais en cas de changement en Syrie, le chef du PSP pourrait être amené à modifier de fond en comble son ordre du jour et le parti de Dieu se retrouverait alors exsangue, perdant à un très mauvais moment sa capacité à être faiseur de cabinet.
Certes, une telle solution n’est pas facile, car elle consacrerait l’échec lamentable de l’expérience gouvernementale du 8 Mars ; lequel, surtout dans son aile chrétienne, pourrait y laisser des plumes. Mais n’est-ce pas déjà fait ?
La querelle de l’électricité sonnera-t-elle le glas du gouvernement en place ? En théorie, ce ministère aurait dû tomber il y a bien longtemps, au vu des déchirements qui le traversent de façon cyclique et des blocages qui le paralysent. Mais en pratique, « on » a voulu qu’il se maintienne, envers et contre tout, et tant qu’« on » continuera à vouloir cela, il restera.Mais...
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