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Diaspora - Art

Helen Zughaib, ambassadrice picturale du Liban et de la bannière étoilée

Peintre de visions antichoc des civilisations, Helen Zughaib est aujourd’hui un symbole américain de la coexistence harmonieuse.

Helen Zughaib devant l’obélisque dédié à George Washington.

À l’issue de sa visite officielle à Washington, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, s’est vu offrir par le président Barack Obama une peinture signée Helen Zughaib. Intitulée La Prière de minuit, elle donne à voir un alignement de mosquées, à dominante vert et bleu, paisiblement imbriquées les unes aux autres et s’étirant en hauteur. Récemment, en se rendant en visite officielle au Maroc, la secrétaire d’État, Hillary Clinton, avait dans ses bagages une toile de cette même artiste, dédiée au roi Mohammad VI.

 

Cette fois, c’est le monument de George Washington, un obélisque, qu’elle a entièrement couvert de motifs géométriques, style mosaïques. Une autre de ses œuvres avait fait le chemin inverse : elle avait été présentée par l’ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri, à George W. Bush, alors locataire de la Maison-Blanche. Ici, c’est Reconciliation, une mosquée accolée à une église et traitée dans les tons ocre et brun.


Américaine d’origine libanaise, Helen Zughaib a placé l’esthétique harmonieuse de sa culture initiale dans le cadre américain aux angles aigus, pour mieux effecteur son transfert d’un monde à l’autre. Deux mondes actuellement en plein télescopage qu’elle tempère par ses compostions à la fois architecturales et très finement ouvragées et sa palette optimiste. Il y a donc chez elle les structures formelles orientales, les délicates touches des enluminure, et des miniatures persanes et des éléments du patrimoine : le tout ordonné dans une épure moderniste. En bref, elle s’est imposée par des visions anticoup de poing, mais reflétant la compréhension de l’autre à travers ses différences.

La diplomatie visuelle
Elle a cultivé cette tendance dès ses débuts (1996), et elle est devenue aujourd’hui la parfaite illustration du concept de ce dialogue entre les peuples privilégiés par les leaders du pays de l’Oncle Sam. Ainsi, ses œuvres ont constitué le cadeau symbolique par excellence.


Helen est de père libanais, Elia Zughaib (originaire de Zahlé et de Choueir), et de mère américaine, Georgia Hannett. La famille, qui avait quitté le Liban en 1975 (en principe pour une semaine), avait transité par Athènes et Paris, avant de se retrouver aux USA, où elle y est toujours. Pour Helen, cela a été d’abord des études à l’Université de Syracuse ensuite au College of Visual and Performing Art et Northeast London Polytechnic School of Art. Puis, retour aux États-Unis, où, sans avoir fait aucun crochet par Beyrouth ou un autre lieu de la région, elle en magnifie dans ses gouaches le mouvement, l’esthétique, le rythme et les couleurs, sur un mode compréhensible par tous. Pour mieux dire que la beauté pèse dans la balance de ces pays tant assimilés à la violence. Elle retrouve l’importance de ces messages dans un programme, mis sur pied par le dépatement d’État et intitulé « Visual Diplomacy ». C’est là une initiative lancée par J. F. Kennedy, qui voulait marquer la présence américaine à l’étranger via sa créativité artistique, notamment en ornant les murs des ambassades américaines de tableaux du cru. Aujourd’hui, on retrouve des toiles d’Helen Zughaib dans les ambassades américaines de Port Louis, Managua, Brunei, au siège de l’OTAN à Bruxelles. En 2008, elle avait été également nommée « envoyée culturelle des États-Unis » à Ramallah où, durant deux mois, elle avait animé des ateliers de peinture, et l’année suivante elle avait été chargée de donner des conférences à l’Université de Berne. Entre-temps, son travail a fait l’objet d’un grand nombre d’expositions et d’acquisitions, notamment par la librairie du Congrès qui a choisi « Un tapis de prière pour l’Amérique ». Elle n’est revenue au Liban qu’après une absence de plus de trente ans et elle a exposé une série de toiles à la galerie Agial ayant pour thème « Retour et départ à nouveau ».


Où qu’elle soit, elle arrive toujours à prendre le pouls du monde arabe, telle cette nouvelle toile dédiée au printemps arabe : la silhouette d’une femme voilée, comme découpée dans un tissu fleuri à fond noir, se détache sur une version de ce fleuri mais sur fond blanc. Ou la sortie vers la lumière. Ce n’est pas la politique qui intéresse cette peintre, mais la manière de l’aborder avec un œil pictural fédérateur. Une vision qu’on est ensuite libre de voir ou de ne pas voir.
Le grand clin d’œil au Liban : une série de gouaches intitulée « Hakawati » et inspirée par les souvenirs de la saga familiale (qui n’en a pas une) égrenée par son père. Elle croquait ses réminiscences au lieu de lui présenter un micro.

À l’issue de sa visite officielle à Washington, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, s’est vu offrir par le président Barack Obama une peinture signée Helen Zughaib. Intitulée La Prière de minuit, elle donne à voir un alignement de mosquées, à dominante vert et bleu, paisiblement imbriquées les unes aux autres et s’étirant en hauteur. Récemment, en se rendant...