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À la frontière avec la Syrie, blessés et réfugiés cheminent entre les mines antipersonnel pour arriver au Liban

Afraz, 12 ans, vit depuis mai dernier dans une salle de classe

Afraz veut devenir médecin plus tard, elle veut guérir tous les blessés de guerre.

Hajar, six ans, est une petite fille blonde, habillée de couleurs éclatantes. Elle ressemble étrangement à un lutin sorti d’un conte de Noël. Elle entre dans la cour d’une école tenant un grand sandwich dans les mains. Elle mord le pain avec appétit, regarde autour d’elle. Son regard tombe sur une jolie fillette, ayant le même teint qu’elle. Elle l’appelle: «Afraz, falafel.» Afraz, 12 ans, demande: «Qui te l’a donné?» Hajar répond: «Maman». Afraz s’approche de Hajar, coupe le sandwich en deux et se met à manger.


Afraz et Hajar sont sœurs. Elles sont originaires de la ville de Tell Kalakh, en Syrie. Elles sont arrivées au Liban en mai dernier. Et, depuis, elles vivent avec leurs parents dans une école de Wadi Khaled.


L’école publique de Awada, un hameau de Wadi Khaled, abrite une centaine de réfugiés. Sur les 6500 déplacés syriens enregistrés auprès de l’UNHCR, 250 sont installés dans quatre écoles de la région.


Afraz parle comme les adultes. « Nous sommes arrivés au Liban le 14 mai dernier. Nous avons traversé la frontière à pied. Nous n’avions avec nous que les vêtements que nous portions sur le dos», dit-elle. «Je suis là avec ma sœur et mes parents. J’ai deux frères, l’un âgé de 18 ans et l’autre de 21 ans. Ils sont toujours en Syrie. Ils ont décidé de porter les armes et ils se battent contre Bachar (el-Assad)», raconte-t-elle.


Elle montre la salle de classe où elle habite désormais, le matelas sur lequel elle dort, explique que tous les réfugiés partagent une seule cuisine et plusieurs WC.


«Ma maison me manque. Je veux rentrer à Tell Kalakh, aller dans mon ancienne école. Je veux passer du temps avec mes grands-parents, mes sœurs mariées et leurs enfants qui sont restés là-bas. Tous me manquent terriblement», dit-elle.


Afraz ne veut pas rester au Liban, d’ailleurs elle n’aime pas l’endroit où elle habite actuellement et elle n’a pas pu se faire des amis parmi les petits Libanais de la localité. «Je sens qu’ils nous regardent différemment parce que nous n’avons plus de maison comme eux et parce que nous sommes des Syriens, des étrangers», confie-t-elle.


La petite Syrienne a arrêté d’aller à l’école en venant au Liban. À la rentrée, elle avait essayé de suivre les cours dispensés dans un établissement public voisin, en vain. «Je ne sais pas pourquoi ça n’a pas marché. Les élèves sont différents de mes camarades de classe en Syrie», note-t-elle.


Mais Afraz se rend plusieurs fois par semaine à des cours de rattrapage, financés par l’Unicef et mis en place par Save the Children Sweden, pour venir en aide aux élèves libanais et syriens faisant face à des difficultés scolaires. Dans ces cours, des activités d’éveil sont proposées ainsi que divers exercices aidant les enfants à mieux suivre en classe, notamment des exercices en langue française, les écoles syriennes n’enseignant pas de langues étrangères. Un service d’écoute est également mis à disposition des tout-petits.


«Dans ces cours, les profs sont sympas et les élèves gentils. Je me suis fait des camarades. Et puis, j’ai appris l’alphabet français», confie-t-elle, avec un grand sourire.


Même si elle ne va plus à l’école, Afraz rêve de devenir médecin plus tard. Elle explique: «Si jamais nous avons une seconde guerre, je guérirai les blessures des gens et plus personne ne mourra.»

 


Hajar, six ans, est une petite fille blonde, habillée de couleurs éclatantes. Elle ressemble étrangement à un lutin sorti d’un conte de Noël. Elle entre dans la cour d’une école tenant un grand sandwich dans les mains. Elle mord le pain avec appétit, regarde autour d’elle. Son regard tombe sur une jolie fillette, ayant le même teint qu’elle. Elle l’appelle: «Afraz, falafel.»...