C’est ce que nous confirme Christian Rizk, directeur de tourisme et sports d’hiver de la station Mzaar. «Cela est néfaste pour nos activités, une quantité trop importante de neige peut bloquer nos remontées mécaniques. En plus du manque à gagner, cela représente une surcharge de travail pour nos équipes.» Néanmoins, alors que les dernières précipitations du 19 février ont occasionné une certaine paralysie des pistes de montagne, M. Rizk tient à pointer la réactivité de sa station: «Nous avons rouvert l’accès en deux jours, nous avons été les seuls à le faire aussi rapidement.»
Une fréquentation qui résiste aux aléas de la nature
On aurait pu penser que le froid et la neige en trop grande quantité auraient pu contrarier la fréquentation des pistes. Alors que la seconde moitié de la saison est entamée, le directeur des sports d’hiver du Mzaar contredit cette théorie: «Quelles que soient les conditions, l’assoiffé de sports d’hiver se déplacera toujours, à n’importe quel moment de la semaine.» Les Libanais qui en ont les moyens se sont donc précipités vers les montagnes dès que le soleil apparaissait: «On a souvent eu du beau temps les week-ends et les jours fériés. Cela a pu occasionner des phénomènes de surfréquentation», poursuit M. Rizk. Chacun a pu constater les énormes bouchons qui se sont formés en direction des stations, notamment le soir : jusque 5 heures de trajet pour rejoindre Beyrouth durant les journées les plus critiques.
L’abondance de la neige a eu un effet positif sur la sécurité des pistes: «Les accidents les plus violents ont lieu lorsque des rochers affleurent à la surface. Bien entendu, l’enneigement total du domaine a évité ce genre de soucis», poursuit le directeur. Malheureusement, les incivilités restent trop nombreuses, allant des détritus aux bouteilles jetées sur les pistes qu’ils polluent et peuvent constituer des obstacles dangereux pour le skieur non averti. De plus, des «kamikazes» des neiges foncent à toute allure des sommets sans jamais trop se soucier de ce qu’ils trouveront sur leur passage. Un point qu’on met en avant dans la station pour expliquer les accidents : «Ils sont surtout dus au fait que les skieurs ne respectent pas les consignes et signalisations.»
Le dispositif de secours est bien «rodé», affirme M. Rizk: «Nous disposons d’une trentaine de pisteurs, deux aides-soignants diplômés et, pendant les congés, une équipe de la Croix-Rouge veille.» Quelques dysfonctionnements sont néanmoins pointés du doigt par les professionnels, moniteurs comme médecins: il existe une certaine tension, lors des sauvetages, entre les pisteurs qui ont reçu une formation sommaire en secourisme et les sauveteurs professionnels. Le premier arrivé sur place décroche la timbale, parfois après d’âpres négociations et disputes, quelle que soit sa qualification. De même, le personnel de la Croix-Rouge a obligation de rester au bas des pistes, alors que son intervention est jugée plus rapide s’il se trouvait au sommet. Autant de couacs qui peuvent faire une différence dramatique en cas d’incidents graves.
Réchauffement climatique? Même pas peur!
La sécurité sur les pistes reste globalement un problème, mais cela n’empêche pas les Libanais d’être toujours accros à la poudreuse. Et après une saison à sensation forte, quel avenir pour le ski au Liban? Le changement climatique ne fait pas peur au président du Mzaar: «Nous ne connaissons pas ce genre de soucis puisque nos départs se font autour de 2000 mètres, et le nouveau télésiège que nous espérons construire cet été nous permettrait d’ouvrir une piste à haute altitude, au-delà de 2100 mètres. Malheureusement, ce n’est pas le cas de toutes les stations.» Il faut dire que le Mzaar dispose de moyens financiers sans équivalent chez ses concurrents qui lui permettent d’investir massivement.
Pourtant les étrangers restent rares, malgré un parc hôtelier en amélioration: «Ils représentent moins de 5% de notre clientèle, principalement des gens du Golfe et des Jordaniens. Les Syriens ont déserté nos pistes, sans doute à cause des événements qui se déroulent dans leur pays», selon M. Rizk. Il faut dire qu’une autre clientèle, les Européens, n’a pas de raisons de délaisser ses montagnes tandis qu’un concurrent improbable, Dubaï, est apparu avec sa piste artificielle. Néanmoins, on aura bientôt l’occasion de tester une des légendes les plus connues du Liban: profiter des sports d’hiver le matin et nager le soir. Une chance que le skieur lambda de France, de Suisse ou d’Autriche ne peut pas connaître, et, pourquoi pas, un nouveau filon pour le Mzaar?
commentaires (2)
- - Entièrement d'accord avec Marie-Joe-Taleb et je rajoute ceci ; cherchez qui sont les actionnaires dans Faraya-Mzaar et vous comprendrez pourquoi " ILS " ne voient qu'elle comme station de Ski au Liban , mettant honteusement de côté la station internationale de nos glorieuses millénaires et éternelles Cèdres du Liban . PS : Est-ce que Solidere vous dit quelque chose ??
JABBOUR André
02 h 19, le 02 mars 2012