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À La Une - Crise

Syrie : le blocage persiste à l'ONU, Moscou brandit la menace du veto

"Il y aura peut-être un vote la semaine prochaine", affirme Juppé ; la Ligue arabe se réunit le 11 février au Caire.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, mardi à l'ONU. Mario Tama/Getty Images/

Les puissances occidentales et la Ligue arabe se heurtent toujours à l'intransigeance de la Russie et de la Chine pour adopter une résolution à l'ONU pour mettre fin aux violences en Syrie, où répression de la révolte et combats entre armée et déserteurs redoublent d'intensité.

 

"Si le texte est inacceptable, nous voterons contre", a déclaré l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, selon les agences russes, alors que tout vote négatif de la Russie au Conseil de sécurité équivaut à un recours à son droit de veto. "Nous n'autoriserons aucun texte que nous considérerons comme erroné et qui conduirait à une aggravation du conflit", a-t-il poursuivi.

 

"Une chose importante manque (dans le projet) : une clause claire écartant la possibilité que cette résolution puisse être utilisée pour justifier une intervention militaire dans les affaires de la Syrie. Pour cette raison, je ne vois pas comment le projet pourrait être adopté", avait déclaré plus tôt l'ambassadeur de Russie auprès de l'Union européenne, Vladimir Tchijov.


M. Tchourkine a néanmoins noté un point positif, jugeant que les puissances occidentales semblaient disposées à prendre en compte les "lignes rouges" fixées par la Russie. Il a cependant jugé que les "conversations étaient assez dures" au Conseil de sécurité. Quelques heures plus tôt, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, avait indiqué qu'aucun vote n'aurait lieu dans les jours qui viennent.

 

La Chine a pour sa part réitéré son opposition au recours à la force pour résoudre la crise en Syrie, estimant que cela violerait "l'objet et les principes de la Charte des Nations unies".

 

Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a pourtant affirmé mercredi qu'il y aura "peut-être un vote dans le courant de la semaine prochaine" au Conseil de sécurité sur un projet de résolution.

"Pour la première fois, sans faire preuve d'un optimisme excessif, l'attitude la Russie et l'attitude des Brics (Brésil, Chine, Russie, Afrique du Sud, Inde) a été moins négative", avait-il plus tôt déclaré, laissant entrevoir une "fenêtre d'espoir" en vue de l'adoption d'une résolution soutenant le plan de sortie de crise de la Ligue arabe. M. Juppé a également dressé un bilan de la répression : "6.000 morts aujourd'hui, selon l'Unicef 384 enfants massacrés par le régime, 15.000 prisonniers, 15.000 réfugiés".

 

Face à l'escalade de la violence, la Ligue arabe, l'Europe et les Etats-Unis ont exhorté mardi soir le Conseil de sécurité des Nations unies à appuyer le plan de sortie de crise qui prévoit la mise à l'écart du président Assad. Ils ont été rejoints mercredi par la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, qui a appelé les membres du Conseil à prendre leurs responsabilités et à "agir sans plus tarder" pour mettre fin aux violences. Quelques heures plus tard, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé  "chaque membre du Conseil de sécurité à choisir son camp" en Syrie, entre celui du "peuple syrien" et celui "d'une dictature brutale". "Il est absolument impératif que nous soyons tous du bon côté de l'Histoire, ce qui signifie soutenir la Ligue arabe et le peuple syrien", a-t-elle déclaré.

 

La résolution préparée par la France et la Grande-Bretagne avec l'appui du Qatar, du Maroc, des Etats-Unis, de l'Allemagne et du Portugal, s'inspire d'un plan de la Ligue arabe en appelant à la mise à l'écart du président syrien et à la création d'un gouvernement d'union nationale. Le texte ajoute que le Conseil de sécurité pourrait prendre des mesures supplémentaires non spécifiées si Damas n'accepte pas ses conditions.

 

Par ailleurs, les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront le 11 février pour examiner l'avenir de la mission d'observation de la Ligue en Syrie, suspendue le 28 janvier, a annoncé mercredi un responsable de cette organisation. Cette réunion, annoncée initialement pour le 5 février et que le Qatar avait souhaité accueillir, a été repoussée au 11 février et se déroulera au siège de la Ligue arabe au Caire, a dit ce responsable, sous couvert de l'anonymat.

 

Sur le terrain, au moins 59 personnes, en majorité des civils, ont été tuées mercredi notamment dans la province de Damas, par des tirs des forces de sécurité et des combats, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Du côté de l'Armée syrienne libre (ASL) qui mène une guérilla contre les forces du régime, six déserteurs ont été tués dans la province de Damas. L'OSDH fait état de 50 défections mercredi dans les rangs de l'armée, dont 30 dans la province de Damas et 20 à Idleb.

 

L'opposition syrienne a appelé à manifester massivement les 2 et 3 février dans l'ensemble du pays pour marquer le 30ème anniversaire du massacre de Hama (centre) commis par le régime en 1982 et qui avait fait des dizaines de milliers de morts. Nous souhaitons "marquer notre solidarité avec les victimes de cette tuerie qui a été passée sous silence durant 30 ans et pour réaffirmer notre volonté de renverser le régime actuel", affirment dans un communiqué plusieurs instances de l'opposition, dont le Conseil national syrien (CNS).


Parallèlement, onze pèlerins iraniens en route vers la capitale ont été enlevés, a rapporté aujourd'hui la télévision d'Etat iranienne. "Leur bus se dirigeait (...) vers Damas lorsqu'il a été attaqué par un groupe armé, et onze des 35 passagers ont été enlevés", dit la télévision iranienne, citant le responsable iranien du pèlerinage, Massoud Akhavan.

 

Face à la dégradation de la situation sur le terrain, la Norvège a réduit le personnel de son ambassade à Damas pour des raisons de sécurité.

 

 

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