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Culture - Installation

Nijad Abdul Massih, archiviste des émotions

« Loss of Innocence » est la récente exposition en mouvement qui se déroule dans l’espace du Q Contemporary* jusqu’au 25 février et qui retrace à la fois le parcours de l’artiste et des instants de sa ville : Beyrouth.

Une rue, baptisée « fragile » et à préserver.

«Dans chaque goutte d’eau, on pourrait déceler un reflet qui raconte une histoire.» C’est ainsi que décrit Nijad Abdul Massih sa démarche artistique qui s’est déployée avec le temps dans différentes techniques.
Né au Akkar en 1968 et ayant vécu la guerre qui a déchiré son pays, Nijad Abdul Massih a été contraint de voyager et de travailler entre Rome et le Liban. Avec ses études de beaux-arts et de publicité créative à la LAU, l’artiste poursuit une carrière éclectique entre graphisme et médias. Il devient même producteur de plusieurs émissions télévisées durant treize ans. Mais Nijad Abdul Massih craint le statisme, l’immobilité qui l’empêche de créer et d’aller de l’avant.

Impressions en strates
Après bien des pérégrinations entre Madrid, Rome, en passant par Los Angeles, Nijad Abdul Massih, la caméra au poing, capte les moments et enregistre visuellement des impressions. De retour à Beyrouth en 2006, l’exposition baptisée «Faceless Beyrouth», qui marque ce retour (2008), regroupe des photos sur toiles, imprimées par une technique moderne, mais personnelle. De l’art digital revisité par la touche particulière de l’artiste. 2010, c’est la galerie d’art contemporain en Californie James Gray Gallery, située dans la station de Bergamote – une destination internationale qui abrite 41 galeries, ainsi que le Santa Monica Museum of Art – qui a accueilli le travail de cet artiste à la bouillonnante créativité. À défaut de briser les murs, Abdul Massih propose de les incliner dans «Bending Walls», mais c’est aussi un clin d’œil à ce Beyrouth dont la récente architecture agresse l’œil.

Un autre regard...
La capitale libanaise est sans aucun doute la vedette principale dans le travail d’Abdul Massih. Beyrouth dans ses lacérations, ses blessures, ses couleurs et sa lumière, mais surtout Beyrouth avec toutes ses facettes. Et c’est à travers ces strates que l’artiste raconte à sa manière les histoires de sa capitale préférée.
Avec sa caméra en bandoulière, le photographe a arpenté rues et ruelles, imprimé les moments fugaces et éphémères. «Je mémorise tout et documente le moment», dit-il avec ce sourire qui se dessine sur sa face, lorsqu’il parle de Beyrouth. «Mon art est une métamorphose de l’ancien dans un moule nouveau empreint toujours d’espoir, poursuit-il encore. Il y a cette énergie et cette richesse dans Beyrouth qui sont mes grandes sources d’inspiration, et c’est grâce à ma caméra que j’arrive à capter l’indicible émotion.»
Dans ce montage de clichés pris toujours sous la lumière naturelle, sans pose, ajoute-t-il, mais toujours d’une manière spontanée, Nijad Abdul Massih recompose les moments, reconstruit les murs de sa ville en les agrémentant de portraits de femmes célèbres comme Nadine Labaki, ou d’inconnus qui traversent la rue. Toujours en mouvement avec une dynamique vivante, ces clichés témoignent de la diversité d’une ville bigarrée, souvent sous le regard d’une poupée appelée Mary. Aujourd’hui, Nijad Abdul Massih a retenu toutes ces couleurs pour les reproduire dans une «light box» (une boîte lumineuse), une nouvelle technique pas encore employée au Liban. Une manière de faire un autre éclairage sur les réalités de sa ville.
«Loss of Innocence» est le riche parcours de cet artiste qui ne cesse de dire, à travers son travail, que les contes de fées n’existent pas et qu’il est inutile de raconter ce genre d’histoires aux enfants, mais que la réalité peut être belle. Il suffit de la regarder d’un autre œil.

* Q Contemporary, Beirut Tower, Zeitouné. Tél. : 03/300520.
«Dans chaque goutte d’eau, on pourrait déceler un reflet qui raconte une histoire.» C’est ainsi que décrit Nijad Abdul Massih sa démarche artistique qui s’est déployée avec le temps dans différentes techniques. Né au Akkar en 1968 et ayant vécu la guerre qui a déchiré son pays, Nijad Abdul Massih a été contraint de voyager et de travailler entre Rome et le Liban....
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