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Le conflit irano-occidental : une guerre des mots qui risque de déraper - Analyse

L’Iran nourrit les craintes sur des intentions militaires de son programme nucléaire

Téhéran a annoncé récemment le début de la production d’uranium enrichi jusqu’à 20 % à l’usine de Fordo.

L’usine de Fordo a été construite sous terre, à 150 km au sud-ouest de Téhéran, près de la ville sainte de Qom. Photo AFP

Le lancement par l’Iran de la production d’uranium enrichi dans un site enfoui sous une montagne exacerbe les craintes concernant des visées militaires de son programme nucléaire, estiment des experts, jugeant essentiel de maintenir la pression sur le pays.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et Téhéran ont annoncé récemment le début de la production d’uranium enrichi jusqu’à 20 % à l’usine de Fordo, à 150 km au sud-ouest de Téhéran, près de la ville sainte de Qom.
L’AIEA a beau assurer que « tout le matériel nucléaire dans l’installation reste sous la surveillance de l’agence » et même si l’Iran avait déjà annoncé ses intentions de transférer son enrichissement d’uranium à 20 % dans ce site l’an dernier, les experts interrogés par l’AFP jugent l’annonce préoccupante.
« L’information sur Fordo est inquiétante car (l’enrichissement à) 20 % est tellement proche d’une utilisation militaire et parce qu’il n’y a absolument aucun besoin civil pour cela actuellement », estime Mark Fitzpatrick, de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) à Londres.
Elle doit « encourager de nouvelles pressions intenses » de la part de l’Europe et des États-Unis, estime David Albright, ancien représentant de l’AIEA qui dirige aujourd’hui l’Institut pour la sécurité internationale et scientifique à Washington.
L’Iran a commencé à enrichir de l’uranium à 20 % en février 2010 afin, selon ses dires, de produire du carburant pour le réacteur de Téhéran servant à produire des radio-isotopes, utilisés dans le traitement des cancers.
L’enrichissement est au cœur du conflit l’opposant depuis plusieurs années à la communauté internationale, qui craint que le programme nucléaire iranien n’ait des objectifs militaires en dépit des dénégations répétées de Téhéran.
Le fait que l’Iran possède la technologie d’enrichir l’uranium jusqu’à 20 %, même si ce dernier n’a que des utilisations civiles, le rapproche dangereusement du niveau d’enrichissement nécessaire (90 %) pour fabriquer la bombe atomique, soulignent les experts.
Avec le site de Fordo, l’Iran est susceptible d’avoir « une installation qui lui permettrait de produire rapidement de l’uranium suffisamment enrichi pour permettre la fabrication de l’arme nucléaire et à un endroit difficile à détruire militairement », souligne David Albright.
« Cela représente sans conteste une escalade qui complique la tâche de la diplomatie », juge Mark Hibbs, du centre de réflexion Carnegie Endowment for International Peace, soulignant qu’Israël est « très, très inquiet » au sujet de Fordo.
Selon le quotidien britannique Times, l’État hébreux se serait d’ailleurs fait à l’idée que l’Iran devienne une puissance militaire nucléaire dans un délai d’un an.
L’Iran avait annoncé l’existence du site de Fordo à l’AIEA en 2009, mais avait commencé en secret sa construction plusieurs années auparavant. Cette révélation lui avait valu d’être épinglé dans une résolution.
Les tensions entre l’Iran et les pays occidentaux sont vives depuis la publication en novembre d’un rapport de l’AIEA, présentant un catalogue d’éléments « crédibles » indiquant que Téhéran a cherché à se doter de l’arme nucléaire.
Le conseil des gouverneurs de l’agence avait voté une résolution condamnant l’Iran et l’exhortant à coopérer afin de dissiper les doutes concernant la nature de son programme.
Les pays occidentaux, partisans de renforcer les sanctions contre l’Iran, « ont sans doute espéré que la Russie et la Chine réussissent à convaincre l’Iran de ne pas » lancer la production d’uranium enrichi à Fordo, estime Mark Hibbs. Pékin et Moscou défendent une position plus modérée face à l’Iran, un important partenaire commercial.

(Source : AFP)
Le lancement par l’Iran de la production d’uranium enrichi dans un site enfoui sous une montagne exacerbe les craintes concernant des visées militaires de son programme nucléaire, estiment des experts, jugeant essentiel de maintenir la pression sur le pays.L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et Téhéran ont annoncé récemment le début de la production...