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À La Une - Attentats

Nigeria : des complices de Boko Haram dans le gouvernement, accuse le président

Les violences actuelles sont "pires" que la guerre civile des années 60…

Le président nigérian (à droite), Goodluck Jonathan. Afolabi Sotunde/

Le groupe islamiste nigérian Boko Haram dispose de soutiens et de sympathisants au sein du gouvernement, du parlement et des services de sécurité, a affirmé dimanche le président Goodluck Jonathan.

"Certains d'entre eux sont dans l'exécutif, certains font partie du parlement, d'autres encore agissent au sein du système judiciaire", a accusé le président Jonathan lors d'une cérémonie religieuse. "D'autres encore (sympathisants de Boko Haram) sont au sein des forces armées, de la police et des services de sécurité", a-t-il ajouté.

 

Le président nigérian a également déclaré que les violences actuelles attribuées au groupe islamiste sont "pires" que la guerre civile des années 60 en raison de leur imprévisibilité.

"La situation à laquelle nous avons à faire face est pire que la guerre civile" des années 60, a déclaré M. Jonathan. "Durant la guerre civile, nous pouvions savoir et même prévoir d'où venait l'ennemi. Mais le défi auquel nous sommes confrontés aujourd'hui est plus compliqué", a-t-il dit.

 

Les responsables des Chrétiens du Nigeria ont averti que la multiplication d'attaques d'islamistes contre des églises et des fidèles, qualifiées de "nettoyage religieux" et qui ont fait des dizaines de morts, pourrait mener à une guerre civile dans le pays.

Depuis Noël, six attaques ont visé des Chrétiens faisant plus de 80 morts. La majorité d'entre elles ont été revendiquées par le mouvement Boko Haram, qui veut imposer la charia (loi islamique) dans l'ensemble du pays, le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants.

 

"Ce type d'évènements nous rappelle les débuts de la guerre civile qui a eu lieu au Nigeria", a déclaré samedi Ayo Oritsejafor, chef de l'Association chrétienne du Nigeria (CAN), regroupant protestants et catholiques. Il faisait allusion à la sanglante guerre sécessionniste du Biafra qui avait fait environ un million de morts de 1967 à 1970.

 

Dans la capitale fédérale Abuja, les fidèles étaient fouillées dimanche et devaient passer dans des portiques détecteurs de métaux avant d'entrer dans les églises. Ces mesures de sécurité ont déjà été mises en place il y a plusieurs semaines.

Dans la capitale économique, Lagos, qui n'a pas pour le moment été frappée par des attaques anti-chrétiennes, des conseils de prudence ont été donnés aux fidèles.

 

Convoquée d'urgence samedi, une réunion de responsables chrétiens a conclu que "le schéma de ces tueries nous fait effectivement penser à un nettoyage ethnique et religieux systématique", avait ajouté M. Oritsejafor. "Nous avons le droit légitime de nous défendre (...) quoiqu'il en coûte", a-t-il averti.

Attentats et affrontements se sont multipliés, faisant une trentaine de morts dans plusieurs Etats du Nord-Est après l'expiration mercredi soir d'un ultimatum des islamistes exigeant que les chrétiens quittent le Nord du pays, majoritairement musulman.

 

Cette escalade meurtrière fait craindre une guerre des religions dans un pays qui compte autant de chrétiens que de musulmans. Les premiers sont majoritaires dans le sud et les second dans le nord.

Dans l'Etat d'Adamawa (nord-est), les autorités ont réagi aux violences en imposant samedi un couvre-feu de 24 heures.

C'est dans cet Etat qu'a eu lieu l'attaque la plus meurtrière des derniers jours avec la mort de 17 personnes vendredi à Mubi, selon des témoins, lors d'un rassemblement de chrétiens en deuil. La police a établi le bilan à 12 morts.

Une autre attaque a été perpétrée vendredi soir par des hommes armés dans une église de Yola, capitale du même Etat d'Adamawa, faisant au moins 10 morts parmi les fidèles, selon un responsable chrétien.

Toujours dans le Nord, une autre attaque avait fait six morts, d'après des témoins, jeudi, parmi des fidèles réunis en prière dans une église de la ville de Gombe, dans l'Etat voisin éponyme.

Et samedi soir, des islamistes présumés ont tué trois chrétiens qui jouaient au poker près d'une église dans le nord-est du Nigeria. L'attaque a eu lieu dans la ville de Biu, dans l'Etat de Borno. Cette zone est une des régions placées sous état d'urgence depuis le 31 décembre.

 

Parallèlement, le Nigeria se prépare à une grève générale lundi contre l'augmentation des prix du carburant, avec d'ores-et-déjà un important déploiement des forces de sécurité et de longues files d'attentes des automobilistes devant les stations services.

 

Dans la capitale fédérale Abuja, survolée par une hélicoptère, les axes routiers menant à la place centrale ont été interdits à la circulation et des policiers en armes y ont été déployés, a-t-on constaté.

Prises d'assaut par les automobilistes soucieux de remplir leurs réservoirs ou constituer des stocks avant la grève, de nombreuses stations services de la ville étaient à court de carburant en fin d'après-midi.

La situation était la même dans la capitale économique Lagos, où des stations services, à sec, ont fermer leur porte dès samedi soir faute de ravitaillement.

 

De nombreux Nigérians ont également fait des stocks de nourritures en prévision de la grève, suivant en cela les recommandations des syndicats.

 

Les syndicats de travailleurs ont menacé d'organiser une grève illimitée à partir de lundi sur tout le territoire national, avec des manifestations de masse, si le gouvernement ne rétablissait pas les subventions sur les prix du carburant, dont la suppression le 1er janvier a entraîné une brusque hausse des prix de l'essence.

 

Le litre d'essence à la pompe est ainsi passé dès lundi de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 naira (0,66 euro). Des manifestations ont éclaté depuis dans tout le pays pour protester contre cette mesure, extrêmement impopulaire.

 

Ces protestations se sont encore accrues après que la police a fait usage de gaz lacrymogène et a été accusée d'utiliser une force excessive pour disperser les manifestants. Selon un syndicat, une personne a été tuée par la police, ce que les autorités ont démenti.

 

La chambre basse du parlement s'est réunie dimanche en session extraordinaire pour discuter de cette crise. De nombreux députés ont demandé au gouvernement de revenir sur cette mesure contestée.

 

Le groupe islamiste nigérian Boko Haram dispose de soutiens et de sympathisants au sein du gouvernement, du parlement et des services de sécurité, a affirmé dimanche le président Goodluck Jonathan.
"Certains d'entre eux sont dans l'exécutif, certains font partie du parlement, d'autres encore agissent au sein du système judiciaire", a accusé le président Jonathan lors d'une...
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