Arrêtez le massacre

Je me fais l’interprète de plusieurs commerçants amis des rues de Verdun, Achrafieh et Hamra pour crier notre colère devant le laisser-aller de nos dirigeants, qui ne savent pas défendre les intérêts de leurs concitoyens avant leurs intérêts particuliers, rattachés par leurs liens politiques à divers pays voisins.
Il faut que nous puissions enfin trouver une issue à cette crise que traverse notre pays, et qui ne fait qu’aggraver le marasme économique dans le commerce et la vie quotidienne à tous les coins du pays.
En premier lieu, il faut résoudre le problème de l’électricité qui, depuis plus de trente ans, empêche toute possibilité de travail à long terme, et surtout régler en même temps le problème des générateurs, et de ces profiteurs qui s’en occupent et imposent dans chaque quartier leurs tarifs sans aucun contrôle. À titre d’exemple, j’ai une parente qui habite Naccache, un sixième étage. Pour 10 ampères, elle paye 180 dollars par mois au propriétaire du moteur, et quand l’électricité est coupée (une moyenne de 9 heures par jour), l’ascenseur n’arrive pas jusqu’à chez elle car les voisins exigent qu’elle doit payer un supplément parce qu’elle habite le dernier étage. Cette femme a 76 ans et depuis trois ans, elle n’ose pas sortir de sa maison car elle risque en cas de panne d’électricité de gravir tous les étages à pied.
Deuxième problème à régler au plus vite : trouver enfin tous les assassins qui ont tué toutes les personnalités libanaises, à commencer par le président Hariri, et qui, jusqu’à ce jour, se promènent dans leurs régions, sûrs de leur impunité. Pour assainir l’atmosphère, il faut que ces crimes soient punis au plus vite.
Troisième problème, le tribunal international et le gouvernement qui doit avoir le courage d’assumer l’arrestation des quatre présumés assassins, qui ont, grâce à leurs partis, toute possibilité de se choisir de bons avocats qui défendront leurs causes.
Dans le cas de non-livraison des coupables, le Liban risque des sanctions qui se refléteraient sur tout l’avenir économique du Liban.
Quatrième problème : faire taire ces politiciens qui se croient tout permis, en échangeant des invectives dignes des plus bas quartiers de la capitale, ce qui empoisonne l’atmosphère et effraye les gens de la majorité silencieuse.
Dernier problème et le plus grave : obliger tous les partis et individus à remettre leurs armes illégales à l’armée libanaise car tous les prétextes de libération du territoire sont de la poudre aux yeux, pour cacher leur vrai dessein qui est d’accaparer à 100 %
le pouvoir.
Enfin, il convient de convaincre les défenseurs de la Syrie qu’elle peut elle-même assurer sa défense, sans avoir recours à ses mercenaires qui sèment partout le chaos, et laisser les Libanais régler leurs problèmes entre eux, sans chercher, sur ce petit îlot de territoire libre qu’est le Liban, à créer une zone de combats pour régler tous les problèmes du Moyen-Orient.
De grâce, calmons-nous et essayons de redonner à cette terre hospitalière son vrai visage de pays de paix et d’amour.

Raymond NAHAS