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Nos Lecteurs ont la Parole

Printemps arabe : Libanais, réveillez-vous !

BEK
Indifférents, désillusionnés, paumés, les Libanais ne l’ont jamais été autant. Face à un monde arabe en pleine mutation, ils vivent depuis le début de ces multiples printemps voisins aux parfums de jasmin et de sang, dans l’insensibilité, le détachement, le renoncement les plus absolus. 

Pourtant, ce sont ces mêmes Libanais qui, durant plus de six décennies, avaient défendu bec et ongles leur unique modèle de démocratie – certes boiteux, imparfait... –, dans une région totalement différente et hostile à leur esprit, leur régime, leur pacte. 

Ce sont eux aussi qui avaient créé la surprise, il y a six ans, en déferlant en rangs serrés, par centaines de milliers, dans les rues de leur capitale pour dire « non » à l’occupation et à l’humiliation, et enfoncer le premier clou dans le cercueil d’un des régimes qui tombent aujourd’hui en lambeaux. 

Ce sont eux qui avaient osé, dans un monde arabe muré et figé à l’époque dans un silence et un sommeil inouïs, crever l’abcès, secouer l’insecouable, et offrir à l’adresse de tous leurs voisins opprimés l’un des plus beaux exemples de révolutions civiques dignes des peuples libres et politiquement mûrs. 
Ils avaient aussi et surtout, à travers leur soulèvement, défriché le chemin, donné le ton de ce qui adviendra plus tard l’acte II de la chute du mur de Berlin – version arabo-musulmane.
Aujourd’hui, ces mêmes Libanais s’en fichent de leur propre printemps, de leur propre modèle, de tous les printemps. Ils ne veulent plus entendre parler ni de révolutions, ni de liberté, ni de martyrs. 
S’ils devaient réécrire l’histoire, ils auraient même choisi de ne pas descendre dans la rue, de ne pas chasser les Syriens, de ne pas concrétiser ce projet mille fois assassiné par ses détracteurs mais aussi par ses propres auteurs – paradoxalement, follement même. Ils auraient préféré vivre éternellement dans la clandestinité, l’exil, la prison et la résistance culturelle. 
S’ils devaient réinventer leur propre histoire, ils se seraient juré de ne jamais goûter à ce fruit défendu qu’est cette (fausse) libération, de continuer à vivre dans l’espoir qu’un jour ce rêve se réalisera, de repousser incessamment sa réalisation. Tout ça pour ne pas être déçus.
Ne pas subir le contrecoup de l’accouchement avorté. La douleur et la souffrance d’une naissance ratée. 
Désintéressés, blasés, muets, endormis, les Libanais ont tout le droit de l’être. Toute la légitimité. L’amertume qu’a laissée derrière lui ce printemps beyrouthin inachevé est à la mesure de leurs espoirs mille fois trompés. 
Mais il est temps de se réveiller ; de se rappeler qu’une œuvre incomplète n’est pas une fin, encore moins une fatalité. Qu’une nouvelle grossesse, un nouvel accouchement, peuvent encore être réalisés.
Que cet état collectif de déni post-traumatique ne fait que nous anesthésier, nous aveugler, nous noyer.

Descendre de nouveau dans la rue. Pourquoi pas ? Réclamer le départ des 18 caciques qui nous gouvernent. Ce n’est pas impossible. L’abolition d’un système politique devenu caduc et en total déphasage avec les aspirations d’une nouvelle jeunesse ouverte, laïque et mondialisée. Un impératif, une urgence.

BEK
Indifférents, désillusionnés, paumés, les Libanais ne l’ont jamais été autant. Face à un monde arabe en pleine mutation, ils vivent depuis le début de ces multiples printemps voisins aux parfums de jasmin et de sang, dans l’insensibilité, le détachement, le renoncement les plus absolus. 
Pourtant, ce sont ces mêmes Libanais qui, durant plus de six décennies, avaient...

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