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Nos Lecteurs ont la Parole

La solitude de l’homme qui marche

Par Tahani Khalil GHEMATI
« L’exil (...) c’est la fissure à jamais creusée entre
l’être humain et sa terre natale, entre l’individu et
son vrai foyer, et la tristesse qu’il implique n’est pas surmontable. »
Edward W. Said – Réflexions sur l’exil

Je l’ai croisé. À Beyrouth. Une silhouette à la Giacometti. Fragile. Surréaliste. Dos droit. Parfois courbe. Ils sont là au bord du chemin. Ils marchent. Acteurs sur des chantiers. Espaces borgnes qu’ils occuperont humblement. Abris de fortune. Matelas posés à même le sol. Ampoule qui vacille. Lumière capricieuse. Pas de générateur pour eux. Deux par deux, ils dévalent les pentes avec leur paquetage. Les Misérables au pays du Levant. Regards furtifs. Honteux. Tristes. Loin de leurs familles. C’est Noël. Je suis. Tous ces enfants en attente. D’un père. D’un frère. D’un oncle. Je suis. Tous ces travailleurs privés de leurs terres. Ils sont là. À farfouiller dans les poubelles. C’est les coulisses de la grande scène. Les ailes où ils viennent se réfugier. Beyrouth. Un grand théâtre à ciel ouvert. Spectacle impitoyable. Pathétique. Frénésie d’une année qui s’achève. Fin du monde peut-être. Consommer à n’importe quel prix. Rayons débordés. Citoyens désenchantés depuis si longtemps. Fatigués. Épuisés. Mais toujours debout, ils continuent à marcher comme le bonhomme de Johnnie Walker. D’un pas décidé. Lendemains incertains. Fatalisme d’un Moyen-Orient qui ne fait que subir. Fuite de cerveaux vers un ailleurs plus probable. Exil. Solitude. Cavale d’un monde sans repères. Perdus. Échines courbées. Dictateurs résistants et suicidaires qui répriment les plus insolents. Ils n’hésitent pas à tuer. À torturer. À museler. Jusqu’à quand ?...

Tahani Khalil GHEMATI
Architecte libyenne
« L’exil (...) c’est la fissure à jamais creusée entrel’être humain et sa terre natale, entre l’individu etson vrai foyer, et la tristesse qu’il implique n’est pas surmontable. » Edward W. Said – Réflexions sur l’exilJe l’ai croisé. À Beyrouth. Une silhouette à la Giacometti. Fragile. Surréaliste. Dos droit. Parfois courbe. Ils sont là au bord du chemin....

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