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Nos Lecteurs ont la Parole - Le Liban à la Journée francophone de Dakar

I.- La démocratie entre universalité et diversité

Antoine MESSARRA
Universalité ou diversité des démocraties ? La question concerne au plus haut point des sociétés plurielles et des démocraties émergentes ou en transition, autant de cas souvent victimes de l’idéologie dominante de l’État nation et de modèles occidentalo-centristes en vogue des régimes politiques.
Dans un amphithéâtre qui a groupé « un aréopage d’éminents participants », soit plus de mille personnes, ambassadeurs, parlementaires, universitaires et étudiants, à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD II), la « Journée de réflexion sur la diversité des démocraties », organisée le 8 décembre par le Groupe des amis de la francophonie (GAF), l’ambassade de Suisse au Sénégal et l’Organisation internationale de la francophonie, débouche sur des perspectives renouvelées et opérationnelles grâce à la participation de spécialistes de huit pays : Sénégal, Burkina Faso, Canada, France, Guinée, Liban, Suisse, Tunisie.
La participation active de l’ambassadeur du Liban au Sénégal, M. Michel Haddad, doyen du corps diplomatique du Sénégal et vice-président du GAF, concrétise l’apport du Liban à la recherche comparative.
L’ambassadrice de Suisse au Sénégal et présidente du GAF, Muriel Berset Kohen, détermine les objectifs : « Promouvoir la diversité, incarner dans les faits le caractère indissociable de la démocratie et de la francophonie, et partir de la considération qu’il n’y a pas un mode unique d’organisation. ».
Il ressort des communications et des débats l’insistance sur l’universalité des principes fondamentaux de la démocratie, la diversité des aménagements, ainsi que des perspectives de recherche et d’action.
1. Universalité des principes : le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Mamadou Seck, relève : « À force de lui acculer des adjectifs, populaire, libérale, majoritaire..., la démocratie est devenue à contenu variable. Que peut apporter la francophonie à la démocratie ? L’aspiration à la liberté qui n’est pas un résidu du développement, la vigilance citoyenne et une position en première ligne. » Quand on cite la phrase de Rousseau dans le Contrat social : « Mieux vaut une liberté dangereuse qu’une servitude tranquille », c’est pour relever des principes fondateurs et l’aspiration universelle à la liberté (Mamoussé Diagne, Sénégal).
On souligne cependant que le thème de la diversité des démocraties ne peut être appréhendé aujourd’hui qu’avec la plus grande prudence. En effet, sous le couvert de la diversité, des idéologues, des académiques, des politiques, de bonne foi ou de mauvaise foi, tentent de justifier et même de légitimer des violations de droits fondamentaux en se prévalant de spécificités culturelles. Cette tendance est d’autant plus favorisée qu’un relativisme valoriel se répand aujourd’hui dans le monde par crainte du dogmatisme ou par conformisme intellectuel ou mercantile. L’universalité des droits de l’homme se trouve aujourd’hui menacée à défaut de distinction entre l’universalité des principes fondamentaux et la particularité des aménagements.
L’universalité des principes est le fruit de l’expérience historique de l’humanité, des acquis de la civilisation, du consensus international concrétisé par la Déclaration universelle des droits de l’homme et les conventions internationales, les jurisprudences constitutionnelles internationales et aussi le commerce des juges à un niveau supranational.
Les quatre principales composantes de la démocratie, lesquelles se subdivisent en sous-catégories, sont : des élections libres et équitables ; un gouvernement transparent et responsable devant le Parlement ;
des droits civils, politiques et socio-économiques ; et une société civile active.
Ce sont surtout les jeunes qui « vivent aujourd’hui dans la douleur l’apprentissage de la démocratie, où les modes d’expression ne sont pas ceux souhaités, avec une mainmise des politiques sur l’université » (Raogo Antoine Sawadogo, président de l’Association Labo citoyenneté). Il faudra d’autant plus réaffirmer l’universalité des principes « à un âge où les affirmations identitaires sont de plus en plus fortes » (Saliou Ndiaye, recteur de l’UCAD).
(À suivre)

Antoine MESSARRA
Membre du Conseil
constitutionnel. Professeur
Universalité ou diversité des démocraties ? La question concerne au plus haut point des sociétés plurielles et des démocraties émergentes ou en transition, autant de cas souvent victimes de l’idéologie dominante de l’État nation et de modèles occidentalo-centristes en vogue des régimes politiques. Dans un amphithéâtre qui a groupé « un aréopage d’éminents participants »,...

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