Le président syrien Bachar al-Assad a nié avoir donné l'ordre de tuer des manifestants dans son pays, affirmant que "seul un fou" ferait cela, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine ABC News diffusé mercredi.
"On ne tue pas sa population... aucun gouvernement dans le monde ne tue son propre peuple, à moins d'être mené par un fou", a déclaré le président syrien au cours de l'entretien.
Le président syrien a par ailleurs remis en cause le bilan de 4.000 morts dans la répression des manifestations avancé par l'ONU, affirmant que "la majorité" des personnes tuées étaient "des partisans du régime, et non l'inverse".
Des extraits de l'interview de Bachar el-Assad par la journaliste vedette de ABC, Barbara Walters, 82 ans, ont été diffusés aujourd'hui.
Peu après la diffusion de ces propos, le président Assad s’est attiré une réplique de la part des Etats-Unis. "Ce n'est tout simplement pas digne de foi", a affirmé la Maison Blanche, soulignant que les dénégations du président Assad sont contredites par les observations de la communauté internationale. "Le monde entier est témoin de ce qui s'est passé en Syrie. Les Etats-Unis et de nombreux autres pays du monde qui se sont accordés pour condamner les violences atroces perpétrées en Syrie par le régime Assad savent exactement ce qui se produit (dans le pays) et qui en porte la responsabilité », a affirmé le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney.
"Soit il a complètement perdu l'autorité qu'il avait sur la Syrie, soit il n'est plus qu'un jouet, ou alors il est complètement coupé de la réalité", a indiqué pour sa part le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.
"Il y a là soit une coupure (avec la réalité) soit du mépris ou alors, comme il l'a dit, de la folie, je ne sais pas", a ajouté M. Toner.
Le président syrien a assuré qu'il n'était pas responsable des violences commises par les forces de sécurité syriennes. "Je suis président. Je ne suis pas propriétaire du pays. Ce ne sont pas mes forces". "Toute réaction violente a été le fait d'un individu, et non pas d'une institution". "Il y a une différence entre une répression politique délibérée et quelques erreurs commises par certains responsables", a-t-il ajouté. "Il n'y a pas eu d'ordre demandant de tuer ou d'être violent", a-t-il insisté.
Interrogé sur le cas de Hamza al-Khatib, un garçon de 13 ans arrêté par les forces de sécurité et dont le corps mutilé avait été rendu à ses parents, M. Assad répond que ce sont les "terroristes" et non les forces de sécurité qui sont responsables de ces violences. "J’ai rencontré son père, le père de cet enfant, et il a dit qu’il n’avait pas été torturé comme rapporté dans les médias".
Pour Assad, des criminels, des extrémistes religieux et des terroristes proches d’el-Qaëda sont responsables des violences. Assad a uniquement concédé que des membres des forces de sécurité sont allés trop loin, ajoutant qu’ils ont été punis.
Le président syrien affirme également qu’il introduit des réformes et des élections. La présidentielle, prévue en 2014, ne peut être avancée, a-t-il ajouté. "Nous n’avons jamais dit que nous étions un pays démocratique. Nous avançons dans les réformes, surtout ces derniers neuf mois. Devenir une démocratie totale demande beaucoup de temps et de maturité".
Bachar el-Assad minimise également les conséquences des sanctions prises contre son pays. "Nous sommes la cible de sanctions depuis 30, 35 ans. Ce n’est pas quelque chose de nouveau". "Nous ne sommes pas isolés. Les gens vont et viennent, il y a des échanges commerciaux, vous avez tout ce que vous voulez", a-t-il déclaré.
Et de conclure en affirmant : "J’ai fait de mon mieux pour protéger mon peuple. Je ne peux pas me sentir coupable si j’ai fait de mon mieux. Je suis désolé pour les vies perdues. Mais vous ne pouvez pas vous sentir coupable si vous n’avez pas tué".
Visiblement pas convaincue par les déclarations de Bachar el-Assad, la Turquie a pris de nouvelles sanctions économiques à l’encontre de Damas en imposant une taxe de 30% aux marchandises venant de ce pays. Le 30 novembre, la Turquie avait annoncé une série de sanctions contre la Syrie, parmi lesquelles l'interruption des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et la Banque centrale syrienne, et le gel des avoirs du gouvernement syrien en Turquie.
C'est dans cette situation déjà tendue que la Syrie a annoncé, en début de semaine avoir repoussé une attaque de "terroristes" syriens venant de Turquie. Une information qui a été vite démentie par un responsable turc. "La Turquie n'autorise aucun groupe armé (pour des attaques) contre d'autres pays", a-t-il assuré. Damas a dit accueillir "avec satisfaction" ces déclarations.
Le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi, doit, par ailleurs, se rendre demain jeudi à Bagdad pour discuter de sanctions contre la Syrie que l'Irak refuse d'appliquer, a affirmé mercredi à l'AFP un responsable au ministère des Affaires étrangères. Le régime syrien s'est dit prêt à accepter sous conditions la venue d'observateurs de la Ligue arabe pour rendre compte de la situation sur place. Hier, la Ligue arabe avait annoncé étudier ces conditions.
La France et les Etats-Unis ont, de leur côté, annoncé le retour à Damas de leurs ambassadeurs respectifs, Eric Chevallier et Robert Ford afin de soutenir le peuple syrien.
En visite à Genève, la secrétaire d'Etat américaine a, pour sa part, plaidé mardi pour l'avènement d'un régime de tolérance et de liberté en Syrie.
"On ne tue pas sa population... aucun gouvernement dans le monde ne tue son propre peuple, à moins d'être mené par un fou", a déclaré le président...
commentaires (22)
Salut Anastase, Tu crois vraiment qu'il a attrapé le syndrome de Kuala Lampour (SKL) qui frappe les cochon?? (rires)! Bon, ça nous éloigne du Lion (assad) tout ça...
Ali Farhat
16 h 45, le 08 décembre 2011