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Cinema- - Impressions sur images

« Deer Hunter », ou pour une balle perdue ?

Christopher Walken, oscar du meilleur second rôle pour « Deer Hunter ». (DR)

S’il doit nous rester à l’esprit une scène parmi tant d’autres à l’esthétique bien élaborée de ce magnifique film tourné en 1979 par Michael Cimino, c’est bien la scène de la roulette russe. Car elle met face-à-face dans ce jeu fou deux amis, Nick et Michael (Christopher Walken et Robert de Niro), faits prisonniers par le Vietcong et obligés d’avoir à se loger une balle dans la tête. Et, d’autre part, deux grands acteurs qui passent en quelques secondes du rire aux larmes et dont l’un (Walken) repartit chez lui couronné de l’oscar du meilleur second rôle masculin.
Une scène puissante, violente, portée d’une façon épique presque wagnérienne par un réalisateur à l’immense talent. Les scènes de Cimino, parfois démesurément longues, diffusent en effet cette charge contemplative, voire mystérieuse tout en invitant à une réflexion sur un problème qui bouleversa durant des années l’Amérique et qui détermina le sort de ces guerriers revenus amoindris, fatigués et souvent mentalement déséquilibrés après cette guerre.
En effet, si Cimino a utilisé cette scène de la roulette russe, une scène qui a été très controversée et critiquée à l’époque – même les vétérans de la guerre ont nié que l’ennemi employait ce genre de torture –, ce n’est certainement pas par souci de réalisme ou pour établir une vérité historique, mais simplement à la manière allégorique pour décrire ce voyage au bout de l’enfer (le titre en français de Deer Hunter).
Voyage au bout de l’enfer a été également critiqué par certains, car le film ne montrait pas le point de vue vietnamien (ce que fit quelques années plus tard Clint Eastwood en faisant un diptyque de la bataille d’Io Jima). Mais ces critiques-là ne sont pas à propos, car le réalisateur a voulu décrire un angle allégorique de la guerre. C’est d’ailleurs pourquoi il a choisi un milieu restreint de combattants (des ouvriers sidérurgiques). Cimino a d’ailleurs affirmé (à ceux qui ont contesté l’authenticité historique de la scène de la roulette russe) qu’il a trouvé chez les gens qui sont allés au front et que l’on a souvent traités de brutes fascistes « beaucoup plus d’intelligence et de sensibilité à l’égard de ce qui se passe dans le monde que les journalistes qui ont écrit sur la guerre ». «Il s’agit (en ce qui concerne la scène), poursuit le réalisateur, d’une invention pure, afin de communiquer au public la tension, l’expérience du combat, l’attente interminable qui suit un coup de feu. »
À noter également que durant ce tournage en Asie du Sud-Est, aux conditions difficiles (douze heures par jour, six jours par semaine avec chaleur et humidité à l’appui), les acteurs ont fait preuve d’un stoïcisme inégal. John Cazale, compagnon de Meryl Streep à l’époque, souffrait d’un cancer des os – c’était d’ailleurs son dernier film - ; les claques que De Niro et Walken ont reçues des Vietnamiens étaient vraies et ce dernier a même dû se nourrir pendant plusieurs jours uniquement de bananes et de riz afin de paraître amaigri pour la scène de la roulette russe.
Par ailleurs, Robert De Niro ainsi que John Savage refusèrent d’être doublés pour la fameuse scène de fuite en hélicoptère où ils tentent d’y grimper et finissent par lâcher prise pour retomber dans le fleuve. Cette périlleuse cascade nécessita quinze prises et deux jours complets de tournage. Mais au bout du compte, Voyage au bout de l’enfer a obtenu un immense succès critique et public et cinq oscars, dont celui du meilleur film et celui de la meilleure mise en scène.
S’il doit nous rester à l’esprit une scène parmi tant d’autres à l’esthétique bien élaborée de ce magnifique film tourné en 1979 par Michael Cimino, c’est bien la scène de la roulette russe. Car elle met face-à-face dans ce jeu fou deux amis, Nick et Michael (Christopher Walken et Robert de Niro), faits prisonniers par le Vietcong et obligés d’avoir à se loger...

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