Pourtant, il y a mieux à évoquer sur ce mois de novembre qui démarre en frimas légers, en flamboiements dans les platanes, en lune ronde sur le silence de la montagne. Certains sont restés là-bas, n’ayant plus rien à faire en ville. On a pris sa retraite, de l’école publique ou des postes. Les enfants ont voyagé, de temps en temps ils appellent. La pharmacie ouvre en fin de semaine. Le boucher « égorge » encore le dimanche. Il y a aussi un épicier qui n’a pas envie de plier bagages. Un docteur, pas loin. On a cueilli les noix vertes, à force d’en écaler on aura les doigts noirs jusqu’à la fin de l’hiver. On trouve déjà des marrons. On a fait le plein de charbon et de petit bois pour le poêle. Les mains s’engourdissent déjà, mais on ne porte jamais de gants, la peau est faite. On boit du thé en vrac, on laisse au fond des tasses les brins noirs ramollis entourés d’encre rousse. Tout à l’heure, on marchera jusqu’à l’église. Si le curé n’a pas pu monter, il n’y aura pas messe. On dira le chapelet dans le noir devant la statue de la Vierge, voile de plâtre ciel et couronne de loupiotes. L’électricité est déjà coupée. Les femmes portent le cardigan jeté sur l’épaule. Ça leur fait quatre bras, elles qui n’ont jamais assez de deux. Parfois elles attachent le bouton du haut, ça leur évite de rajuster. La route sent la sauge et un reste de thym. La sauge aime quand il fait humide. Les pins aussi, qui déchirent la brume à leurs aiguilles, avidement. Ça sent la terre, le soir, une odeur oubliée qui remonte quand tout est calme, ça sent un infini repos. On a déjà faim. On va rentrer. Quelqu’un viendra, un voisin résiduel, il y aura de la soupe. On parlera peu. Sur ce velours sonore, le ronronnement du chat, le crépitement des flammes, et au loin, un chien qui aboie.
Automnes
OLJ / Par Fifi ABOU DIB, le 10 novembre 2011 à 02h12
Pourtant, il y a mieux à évoquer sur ce mois de novembre qui démarre en frimas légers, en flamboiements dans les platanes, en lune ronde sur le silence de la montagne. Certains sont restés là-bas, n’ayant plus rien à faire en ville. On a pris sa retraite, de l’école publique ou des postes. Les enfants ont voyagé, de temps en temps ils appellent. La pharmacie ouvre en fin de semaine. Le boucher « égorge » encore le dimanche. Il y a aussi un épicier qui n’a pas envie de plier bagages. Un docteur, pas loin. On a cueilli les noix vertes, à force d’en écaler on aura les doigts noirs jusqu’à la fin de l’hiver. On trouve déjà des marrons. On a fait le plein de charbon et de petit bois pour le poêle. Les mains s’engourdissent déjà, mais on ne porte jamais de gants, la peau est faite. On boit du thé en vrac, on laisse au fond des tasses les brins noirs ramollis entourés d’encre rousse. Tout à l’heure, on marchera jusqu’à l’église. Si le curé n’a pas pu monter, il n’y aura pas messe. On dira le chapelet dans le noir devant la statue de la Vierge, voile de plâtre ciel et couronne de loupiotes. L’électricité est déjà coupée. Les femmes portent le cardigan jeté sur l’épaule. Ça leur fait quatre bras, elles qui n’ont jamais assez de deux. Parfois elles attachent le bouton du haut, ça leur évite de rajuster. La route sent la sauge et un reste de thym. La sauge aime quand il fait humide. Les pins aussi, qui déchirent la brume à leurs aiguilles, avidement. Ça sent la terre, le soir, une odeur oubliée qui remonte quand tout est calme, ça sent un infini repos. On a déjà faim. On va rentrer. Quelqu’un viendra, un voisin résiduel, il y aura de la soupe. On parlera peu. Sur ce velours sonore, le ronronnement du chat, le crépitement des flammes, et au loin, un chien qui aboie.
Game over...c'est fini tout çà...restent les souvenirs...et la honte de ne pas avoir su préserver ce patrimoine pour nos enfants...money honey...et ce n'est pas que de la faute des autres ...la mégalomanie des libanais a largement participé à la destruction des sites libanais...toujours plus grand,toujours plus haut ,toujours plus de béton,toujours plus de silicone...tout çà va ensemble.Nous ressemblons à la grenouille,celle qui a voulu se faire aussi grosse que le boeuf!
11 h 01, le 10 novembre 2011