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À La Une - Réseau routier

Le remplacement du pont de Jal el-Dib, une urgence qui se fait attendre

L’affaire du pont de Jal el-Dib s’éternise en raison du désaccord entre les autorités locales et le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) autour du projet du nouveau pont.

À Jal el-Dib, les bases en métal du pont montrent des signes de dégradation. (Photos Michel Sayegh)

Sur l’autoroute qui relie Beyrouth aux banlieues nord et jusqu’à Tripoli, seul un des ponts en métal érigés dans les années 80 reste en place, au niveau de Jal el-Dib. Sur cette construction à l’aspect de plus en plus délabré, qui suit le cours de la route et surplombe l’entrée de la banlieue surpeuplée de Jal el-Dib, des milliers de véhicules de toutes sortes passent tous les jours. Construit il y a plus de 28 ans pour servir de solution temporaire au problème du trafic sur cet axe principal du pays, le pont de Jal el-Dib présente de plus en plus des signes de dégradation, avec ses bases en métal rouillé, le bitume qui s’en détache, les balustrades qui tombent...
Ghassan Khaïrallah, chef du département des transports et des routes au Conseil du développement et de la reconstruction, explique que le projet de construction du nouveau pont aurait dû débuter fin 2009. «Quand la municipalité de Jal el-Dib a su que l’adjudication était sur le point de se faire, elle a protesté contre le projet, dit-il. Le restant de 2009, ainsi que l’année 2010 et les trois premiers mois de 2011 se sont écoulés en pourparlers. Pour l’instant, nous attendons une décision pour entamer les travaux interrompus.»
Le projet a également soulevé les protestations de la municipalité d’Antélias.
Celle-ci est concernée puisque le pont se trouve exactement à sa frontière avec Jal el-Dib.
Pour connaître les raisons du refus municipal de ce projet, il faut en comprendre la teneur. Ghassan Khaïrallah explique qu’il comporte deux composantes essentielles : la première est une bretelle qui servira aux automobilistes venant du nord et voulant regagner Jal el-Dib. Elle les mènera jusqu’à la rue Salhab, qui tombe en fait dans la circonscription d’Antélias. La bretelle pénètre jusque vers la route intérieure parallèle à l’autoroute, d’où l’automobiliste peut décider d’aller vers le Nord ou vers le Sud. La seconde composante est une bretelle à sens unique qui a pour point de départ la route intérieure de Jal el-Dib et se dirige vers l’autoroute, et qu’emprunteront tous ceux qui veulent sortir de cette banlieue pour se rendre à Beyrouth.

Congestionner ou décongestionner ?
La raison du conflit autour de ce projet de pont réside justement dans le fait que celui-ci est conçu pour pénétrer jusque dans la route intérieure. Ghassan Khaïrallah défend le projet du CDR. «L’intérêt de cette conception, c’est qu’elle permet de décongestionner Antélias et Jal el-Dib en même temps, dit-il. Il n’y aura plus de croisement entre les voitures qui entrent et qui sortent de Jal el-Dib, ce qui est actuellement la principale cause d’embouteillage dans ce secteur, comme tous les habitués de cette route peuvent le confirmer. L’autre avantage est que ce projet ne provoquera aucune démolition de bâtiments. Il a été conçu en 1998-1999 par le CDR, qui avait prévu six à sept solutions. Il a retenu celle-là parce qu’elle ne prévoyait pas de démolitions et impliquait peu d’expropriations. De plus, il y aura un minimum de déviation du trafic au cours des travaux.»
Pour ce projet, le budget de 8,2 millions de dollars sera couvert par un prêt de la Banque mondiale. Selon le responsable du CDR, l’adjudication a été faite et les travaux avaient commencé quand l’entrepreneur a dû les interrompre en raison de l’intervention des municipalités.
Celles-ci, pour leur part, reprochent au CDR d’avoir conçu un projet qui aggraverait les bouchons au niveau de la route intérieure. Édouard Zard Aboujaoudé, président du conseil municipal de Jal el-Dib, nous explique son opposition, principalement dirigée contre la bretelle qui mène les automobilistes de Jal el-Dib vers l’autoroute allant à Beyrouth. «Ce projet aura pour conséquence certaine de créer des bouchons au niveau de la place intérieure de Jal el-Dib, dit-il. En effet, tous ceux qui veulent sortir de Jal el-Dib, même ceux venant d’Antélias, devront passer par cette étroite place pour regagner le pont, ce qui serait insupportable pour nous.»
L’argument de Ghassan Khaïrallah selon lequel la route intérieure sera entièrement réhabilitée afin de supporter un tel trafic ne convainc pas le responsable municipal, qui trouve une telle mesure insuffisante. Que répond-il au fait que ce projet requiert un minimum de démolitions et d’expropriations? «Le gouvernement devrait concevoir ce projet comme une solution globale pour les cinquante ou cent années à venir, dit-il. Pour cela, il ne faudrait pas lésiner sur les expropriations. Nous avons à cœur l’intérêt public.»
Édouard Zard Aboujaoudé dit être au courant de l’opposition de la municipalité d’Antélias au projet, particulièrement à l’autre bretelle, celle qui vient du nord et entre vers la route intérieure, mais il assure que les deux municipalités ne mènent pas campagne ensemble et de coordonnent pas à ce niveau, sans en préciser les raisons.
Interrogé sur sa position à l’égard du projet, Élie Farhat Aboujaoudé, président de la municipalité d’Antélias, évoque lui aussi le risque d’embouteillages. «Le CDR a déjà construit deux ponts dans la circonscription d’Antélias, l’un menant vers l’intérieur de Naccache et l’autre au niveau de l’entrée principale de la ville, dit-il. Avec ce pont de Jal el-Dib, dont une bretelle s’introduira dans notre circonscription, ça en fera trois. C’est beaucoup trop, cela augmentera le trafic qui passe par notre localité déjà embouteillée.»
Quelles seraient donc les solutions préconisées par les municipalités? Selon Ghassan Khaïrallah, qui se réfère aux discussions qui ont eu lieu entre les parties, les municipalités préféreraient un pont à plusieurs bretelles qui bifurqueraient vers l’intérieur de Jal el-Dib, un peu similaire à celui de Nahr el-Mott (quelques kilomètres plus loin à l’entrée de Beyrouth). Mais pour lui, «ce projet signifie 15 à 20 millions de dollars supplémentaires et la démolition d’un bâtiment au moins». De plus, poursuit-il, «l’entrée de Jal el-Dib est bien plus étroite que le secteur de Nahr el-Mott, ce qui rend une telle conception difficile à réaliser».
Interrogé sur ce point, Édouard Zard Aboujaoudé refuse de nous confier sa vision précise de ce que devrait être ce pont. «Nous avons exprimé nos griefs, et depuis, le CDR a l’entière liberté de concevoir un autre projet suivant les discussions que nous avons eues avec ses experts», répond-il.
Élie Aboujaoudé affirme de but en blanc qu’il préférerait que le pont soit situé plus loin, au niveau de Zalka, ou alors qu’il n’y ait pas de pont du tout, étant donné qu’il existe une bretelle au niveau de Nahr el-Mott.

Possible danger
Quoi qu’il en soit, les pourparlers entre le CDR et les deux municipalités sont aujourd’hui terminés. Celles-ci déclarent attendre une réponse. Quant à Ghassan Khaïrallah, il affirme que le CDR a adressé récemment une lettre à ce propos au Premier ministre afin que le gouvernement prenne une décision concernant ce projet. Il ajoute que si l’on accusait encore plus de retard, le financement pourrait être perdu.
Entre-temps, le vieux pont en métal se dégrade de jour en jour. Y a-t-il un réel danger d’effondrement d’une partie ou de l’ensemble de la structure sous le poids du trafic quotidien? Ghassan Khaïrallah déclare simplement que « la durée de vie de ce pont est de loin dépassée».
À la question de savoir s’il craint que le retard provoqué par son opposition au projet du CDR ne résulte en une possible catastrophe dans sa localité, le président du conseil municipal de Jal el-Dib souligne que «cela fait deux ans que l’on nous prédit des problèmes, mais le pont semble bien tenir le coup». Il répète qu’il faut un projet qui serve réellement les intérêts de sa région.
La structure grise et rouge semble effectivement tenir le coup jusqu’à nouvel ordre, mais faut-il en tester la résistance plus longtemps?
Sur l’autoroute qui relie Beyrouth aux banlieues nord et jusqu’à Tripoli, seul un des ponts en métal érigés dans les années 80 reste en place, au niveau de Jal el-Dib. Sur cette construction à l’aspect de plus en plus délabré, qui suit le cours de la route et surplombe l’entrée de la banlieue surpeuplée de Jal el-Dib, des milliers de véhicules de toutes sortes...

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