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Cinema-

« Oscar », le nez de Cyrano en gestes

Louis de Funès, un génie du comique.

Oscar demeurera dans les annales du comique un chef-d’œuvre du genre. Et c’est sans aucun doute le génie du rire Louis de Funès qui a donné dans trois actes seulement, d’abord à la pièce, puis au film, cette incroyable générosité qui en a fait une œuvre à l’invention comique inégalée. Si Claude Magnier, l’auteur de la pièce, réussit à faire rire le spectateur une fois toutes les deux minutes, c’est avec certainement le génie créatif du Grand Louis que le texte fut réécrit sur scène et à l’écran.
Que dire de cette scène du pif ? De ce nez qui a fait couler tant d’encre et surtout celui d’Edmond Rostand ? Dans la salle de massage et sous l’œil ahuri de Mario David, en magnifique prof de gym abruti, Louis de Funès va en quelques instants passer de la colère à la folie pure. En étirant son nez, en le découpant, l’utilisant comme un avion de guerre puis en jouant dessus comme à la marelle et en sautant comme sur un explosif, le comédien s’amuse à réinventer les paramètres du comique. Deux minutes sur lesquelles pivote tout le film.
Et pourtant, bien que très bien écrite, la pièce de théâtre Oscar n’a été au début qu’un échec. La première mise en scène au théâtre, en 1957, avec Pierre Mondy, Jean-Paul Belmondo et Maria Pacôme, se révéla en effet être un flop. Pacôme l’a un jour expliqué : « Bizarrement, le succès est venu des années après, lorsque De Funès l’a reprise. » Pierre Mondy précisera également : « Louis de Funès a choisi Oscar par défaut. En effet, à l’époque, engagé pour jouer la pièce L’Avare et ne se sentant pas prêt, il décida de revenir sur son engagement. Comme il lui fallait trouver une autre pièce pour respecter le contrat qui le liait à la production Karsenty, il a retenu Oscar. Jean-Pierre Cassel a donc repris le rôle de Belmondo et De Funès celui de Mondy.
Olivier de Funès, son fils, rappelle qu’à chaque représentation au théâtre, son père improvisait et trouvait un petit truc en plus qui enthousiasmait le public. Si bien qu’au bout d’un an, par ajouts successifs, le spectacle dépassait deux heures. Oscar était devenue un événement théâtral sans précédent et la pièce sera jouée plus de sept cents fois... pendant plus de deux ans... puis sera portée à l’écran. » Pourtant Louis de Funès, modeste, se défend d’être le seul à avoir assuré le succès de la pièce.
Le pari d’adapter Oscar au cinéma fut donc relevé par Édouard Molinaro qui réalisa un petit chef-d’œuvre.
Molinaro avouera plus tard que si le film était très comique, le tournage l’était moins, à cause de l’angoisse et de l’exigence du comédien. Sur le plateau, Louis de Funès, très impliqué, collabore totalement avec le réalisateur et coadapte le texte. Grâce aux comédiens qui l’entourent (sa famille de cinéma comme Mario David, Claude Gensac ou Paul Préboist.), Louis de Funès est à l’aise, réconforté et peut se révéler ainsi brillant.
Pourtant le courant ne passe pas bien entre les deux professionnels et nombreuses frictions auront lieu entre Louis de Funès et Édouard Molinaro, sans altérer toutefois la qualité du travail final. « Tout allait bien au début du tournage, dit Molinaro. Nous avons eu quelques accrochages. Je m’amusais beaucoup, mais je n’extériorisais pas mon rire, avoue-t-il, ce qui gênait beaucoup De Funès qui quitta à de nombreuses reprises le plateau et même à la fin du tournage. Il fallait, comme l’explique le réalisateur, lui laisser autant d’espace que nécessaire afin de le diriger et de lui offrir ce dont il avait besoin. » « Toute la création extradialogues venait pourtant de lui, poursuit-il. C’est lui qui a fait toutes ces inventions. Oscar est beaucoup plus un film signé De Funès que Molinaro » conclut modestement le metteur en scène.
Oscar demeurera dans les annales du comique un chef-d’œuvre du genre. Et c’est sans aucun doute le génie du rire Louis de Funès qui a donné dans trois actes seulement, d’abord à la pièce, puis au film, cette incroyable générosité qui en a fait une œuvre à l’invention comique inégalée. Si Claude Magnier, l’auteur de la pièce, réussit à faire rire le spectateur...

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