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Nos Lecteurs ont la Parole

Comment sortir du cercle vicieux salaires, prix, salaires

George SABAT
Les chefs d’entreprise ont finalement réalisé que l’enjeu des négociations qu’ils conduisent avec les syndicats est bien plus grand qu’ils ne l’avaient imaginé au départ et le problème est bien plus difficile à résoudre.
S’ils refusent une augmentation substantielle à leur personnel, ils risquent de les voir se mettre en grève comme ils avaient menacé de le faire.
D’autre part, si les patrons acceptaient toutes les demandes salariales qu’on leur présente, ils se verraient forcés, à leur tour, de grever en conséquence le prix de leurs produits ou de leurs services. En fait, les marges de prix additionnelles risquent d’excéder le montant des augmentations accordées. Et là, nous nous enfermons dans un cercle vicieux : réclamations salariales, suivies par une hausse du coût des produits et des services qui donneront lieu à de nouvelles réclamations salariales, et ainsi de suite.
Mais quel est donc la solution ? C’est bien simple. Si l’économie avait été florissante et si l’État avait fourni aux citoyens les services essentiels qu’ils sont en droit d’obtenir de lui, le problème ne se serait pas posé avec une telle acuité. Si les citoyens de la classe moyenne ou pauvre, car ce sont eux surtout qui regimbent, avaient eu accès à l’eau, l’électricité, les transports, l’éducation, la santé à des prix abordables, ils n’auraient pas menacé de se mettre en grève. Mais voilà, l’État ne remplit pas son devoir, et tous les services que je viens de mentionner s’avèrent excessivement coûteux, quand très souvent ils ne manquent. D’un autre côté, l’économie, elle, n’arrive pas à remonter la pente parce que l’État n’a pas cherché à en assurer l’équilibre. On s’est contenté de favoriser les services bancaires et financiers et le secteur de la construction, et on a totalement négligé les autres activités, telles que l’industrie, l’agriculture ou même le tourisme de masse. Les services ne peuvent fournir qu’un nombre restreint d’emplois convenablement rémunérés tandis que la construction emploie surtout de la main-d’œuvre étrangère et non qualifiée. On se retrouve ainsi, avec trente mille à quarante mille jeunes qui terminent chaque année leurs études et n’arrivent pas à trouver des emplois qui puissent les satisfaire vu le manque de perspectives locales et l’augmentation du coût de la vie. Et, pour ajouter de l’eau à la boue, comme dit le proverbe local, les troubles dans les pays de la région ont réduit les possibilités d’émigration pour ces jeunes. Tous ces facteurs combinés forment un cocktail explosif qui menace d’embraser à tout instant le pays sans que l’on soit préparé à y faire face.
À ce stade, le citoyen serait en droit de relever que ces remarques décrivent les causes et les symptômes du mal sans recommander les remèdes qui serviraient à le guérir. Nous allons donc tâcher de suggérer un nombre d’initiatives qui seraient susceptibles de résoudre ce problème, en apparence insoluble.
1) Créer de nouveaux emplois : comme le disait si bien Clinton, à l’époque où il était président, « It’s the economy, stupid ! ». Les emplois, eux, font et défont une économie. Le président Obama le réalise à présent, à son tour. Il est donc vital d’élaborer au plus vite une stratégie économique créatrice d’emplois dans le secteur public autant que dans le secteur privé, mais pas n’importe quels emplois. Ceux que nous avons en vue, ce sont des emplois qui aideraient à réduire les coûts de production et à améliorer la qualité des services rendus. Les chefs d’entreprise sont appelés à présenter les solutions et les initiatives susceptibles de favoriser la création de tels emplois. Le gouvernement, lui, devrait s’engager à leur faciliter la tâche. De même, nos leaders devraient envisager de changer les normes et les méthodes de recrutement dans les divers ministères afin d’encourager les éléments de valeur à joindre le service public. Les salaires et les conditions offerts à présent ne sont pas de nature à le faire.
2) Réduire le coût de la vie du citoyen en rendant les services plus accessibles et moins onéreux : cela ne peut être réalisé que grâce à une remise à pied de l’infrastructure du pays. Pour rendre accessibles à tous l’eau, l’électricité, les transports, l’éducation et la santé, il faudrait investir quelque vingt milliards de dollars, selon les experts. Si tel est bien le cas, faisons-le et au plus vite. Le premier pas a déjà été franchi, avec l’électricité. Les autres devraient suivre rapidement. Il n’y a pas de temps à perdre. En outre, tous ces projets, une fois démarrés, seront, par la même occasion, eux aussi générateurs d’emplois.
3) Adopter une stratégie de financement adaptée au programme économique que l’on se sera tracé et sur laquelle tous devraient être d’accord. Si nous avons besoin de vingt milliards de dollars pour être en mesure de remettre notre infrastructure en état, baisser le coût des services au citoyen, et hausser le niveau de qualité de ces services, il faudrait investir ces sommes au plus vite et surtout les obtenir aux meilleures conditions possibles. Ce n’est pas en empruntant à un taux de sept et demi pour cent que nous allons résoudre le problème. C’est toute une nouvelle politique et stratégie financières qu’il est nécessaire d’élaborer. D’autre part, au même moment où nous envisageons d’emprunter vingt nouveaux milliards de dollars, nous devrions élaborer un plan de réduction des soixante milliards que nous devons à l’heure actuelle. Nous devrions envisager au plus tôt les moyens de baisser le coût du service de cette dette qui ne cesse de nous ruiner.
4) Réviser notre stratégie fiscale afin d’éliminer les dilapidations de fonds publics qui grèvent le budget national. Une étude rationnelle et impartiale du budget permettrait de démontrer qu’il existe plusieurs moyens de réduire considérablement le déficit public. Sans vouloir entrer dans les détails, l’État pourrait économiser quelque trois milliards de dollars par an à condition d’adopter certaines mesures de réforme essentielles.
5) Élaborer tout un programme conçu en vue d’encourager la diaspora libanaise à prendre part à l’exécution du plan de réforme. Pour réaliser les réformes mentionnées ci-dessus, le gouvernement devrait faire appel, en priorité, à la participation financière de notre diaspora. Si le plan de réforme est soigneusement préparé et approuvé par toutes les parties, y compris le secteur privé, j’imagine qu’une diaspora motivée n’aurait pas d’objections à en assurer le financement.
En conclusion, il apparaît évident que rien d’utile ne peut être accompli sans l’élaboration d’un plan, économique, social et financier, qui devrait s’étendre sur une période de cinq ans et dont l’étude devrait être entreprise par tous ceux qui sont destinés à y prendre part, c’est-à-dire le gouvernement, les experts, le secteur privé, les fonctionnaires du service public et les membres de la diaspora.

George SABAT
Les chefs d’entreprise ont finalement réalisé que l’enjeu des négociations qu’ils conduisent avec les syndicats est bien plus grand qu’ils ne l’avaient imaginé au départ et le problème est bien plus difficile à résoudre.S’ils refusent une augmentation substantielle à leur personnel, ils risquent de les voir se mettre en grève comme ils avaient menacé de le...

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